VATICAN – Les cardinaux réunis au Vatican veulent prendre le temps d’analyser les problèmes rencontrés par l’Église et la Curie romaine, son « gouvernement », avant la convocation d’un conclave destiné à élire le successeur de Benoît XVI.


Mercredi, au troisième jour des « congrégations générales », la date du Conclave n’avait pas encore été votée. Deux cardinaux polonais et vietnamien sont attendus d’ici jeudi pour que le collège de 115 électeurs soit au complet.


Pour donner aux nouveaux venus le temps de se familiariser avec ces réunions inédites, il n’est pas sûr que le vote sur la date survienne jeudi, même si c’est une possibilité.


Dans la soirée de mercredi, quelque 140 cardinaux sont sortis de leurs discussions pour aller prier ensemble dans la basilique Saint-Pierre, récitant le chapelet avant de célébrer les Vêpres.


L’impression dominante est que les cardinaux ne veulent pas de précipitation et que ceux venus des cinq continents veulent être entendus, sans « passage en force » d’une candidature ou d’une autre, qui serait imposée par ceux plus familiarisés avec les rouages du Vatican.



Le profil du futur pape


Le père Federico Lombardi a confirmé par ailleurs que, dans les 18 interventions de mercredi, a commencé à s’esquisser le profil du futur pape.


« Le successeur devra prendre les choses de l’Église en main, avec une volonté de gouverner, de mettre de l’ordre, de continuer la purification que Benoît XVI a commencée sérieusement », a dit à Radio-Canada le cardinal québécois Marc Ouellet, qui figure parmi les papabili.


« Nous avons besoin d’une nouvelle façon de gouverner l’Église. Un gouvernement plus horizontal. La Curie doit être révolutionnée », a renchéri le cardinal allemand Walter Kasper, dans une interview à Repubblica.


Un des retardataires, le cardinal égyptien Antonios Naguib, a estimé mardi que le prochain pape pourrait ne pas être européen : « L’essentiel est qu’il soit pieux et saint, qu’il connaisse la doctrine, mais aussi qu’il sache gérer les relations internationales. »


Autant que la réforme d’une Curie, l’actualisation dans le monde d’aujourd’hui de Vatican II et la « nouvelle évangélisation » requièrent un débat de fond, selon les évêques : comment faire face à une vague de fond de « sécularisation » quand le message chrétien rencontre hostilité ou indifférence dans les pays où il a pris son essor jadis.


Par ailleurs, « l’anneau du pêcheur » que portait Benoît XVI au doigt a été rayé, pour être rendu inutilisable, comme prévu par le règlement du « Siège vacant ».


Et les premiers clichés de Benoît XVI depuis qu’il a démissionné jeudi ont été pris par un paparazzi de l’hebdomadaire italien Chi. On le voit marcher appuyé sur un bâton dans le parc de la résidence de Castel Gandolfo avec ses collaborateurs. Le « pape émérite » porte un blouson blanc sur une soutane blanche et une casquette de même couleur, sous laquelle son maigre visage semble disparaître.


***


« Le pire est à venir » au sujet des prêtres pédophiles


Une association américaine de victimes de prêtres pédophiles vient de publier une liste de « douze salopards » parmi les cardinaux pouvant être élus pape, qui ont selon elle minimisé ou couvert le scandale. « Nous voulons dire aux prélats qu’ils arrêtent de prétendre que le pire est passé » concernant le scandale des prêtres pédophiles, car « malheureusement le pire est sûrement à venir », affirme SNAP (Survivors Network of those Abused by Priests), pour qui « le scandale n’a pas encore été dévoilé dans la plupart des pays ». L’association a publié la liste de cardinaux surnommés « les douze salopards », en référence à un film célèbre, en expliquant s’être fondée « sur les actions et déclarations » de ces derniers et en estimant qu’ils seraient « le pire choix pour les enfants ». Sur cette liste figurent notamment Marc Ouellet, cardinal de Québec, et Angelo Scola, de Milan, qui sont très souvent cités parmi les papabili. Le SNAP estime que de très nombreux scandales n’ont pas encore été révélés en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, parce qu’il y a moins d’enquêtes et des justices moins efficaces dans ces régions.



Agence France-Presse
Le Devoir