Un regroupement de citoyens demande au premier ministre Jean Charest d’agir d’urgence pour empêcher la perte d’une part importante du patrimoine religieux québécois.


Ce regroupement a présenté, aujourd’hui, un manifeste signé par 55 personnes, dont le ténor Marc Hervieux, l’ancien maire de Québec Jean-Paul L’Allier et, surtout, de nombreux organistes, musicologues et facteurs d’orgues.


Ils réclament notamment un moratoire sur la vente, le changement de vocation ou toute autre disposition des lieux de culte pour une période d’un an et la réalisation d’un inventaire complet du patrimoine religieux bâti et des orgues qu’il contient afin d’identifier ce qui doit être préservé.


«Ça s’impose, a indiqué l’un des signataires, l’ex-député Daniel Turp. Il ne suffit pas de déposer une loi sur le patrimoine culturel (…) nous voulons une politique parce qu’une loi sans politique qui l’accompagne ou plan d’action ou une stratégie d’action, ça ne va pas loin. Là, il y a une urgence.»


Le manifeste demande aux Églises des différentes confessions de privilégier les plus beaux monuments pour le culte, et au gouvernement du Québec de nationaliser ceux dont elles ne peuvent plus assumer l’entretien.


Les signataires font valoir que ce sont les citoyens québécois qui ont financé ce patrimoine par la dîme, par des campagnes de financement et par des avantages fiscaux consentis par les gouvernements.



Les citoyens ont leur mot à dire


L’un des initiateurs du manifeste, l’organiste et ancien secrétaire de la Fédération québécoise des amis de l’orgue, Antoine Leduc, a soutenu que l’Église ne devrait pas pouvoir vendre ce patrimoine sans que les citoyens aient leur mot à dire.


«Je ne pense pas que les autorités religieuses devraient avoir ce droit, a-t-il fait valoir. Je parle d’un détournement de patrimoine si les autorités religieuses font cela. Ce n’est pas pour isoler l’Église, mais l’Église a des comptes à rendre. Elle a des responsabilités envers la collectivité et on lui demande de les assumer aujourd’hui.»


Ils ont lancé cet appel pressant devant l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, dans l’est de Montréal, fermée et laissée à l’abandon. En plus de sa valeur architecturale, cette église contient un orgue Casavant datant du début du XXe siècle qui a pu être restauré grâce notamment à une collecte de fonds de 50 000 $ amassés auprès des citoyens du quartier Hochelaga-Maisonneuve.


«L’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus et son orgue, restauré à grand frais avec des fonds publics doivent être sauvés. S’ils ne le sont pas, aucune église et aucun orgue n’échappera plus aux menaces de fermeture et au pic des démolisseurs», a lancé Gaston Arel, président et fondateur de la Fédération québécoise des amis de l’orgue et des Amis de l’orgue de Montréal.



La Presse canadienne
Le Devoir



À lire aussi sur le sujet : ‘Église du Très-Saint-Nom-de-Jésus – Le symptôme d’un manque de vision‘, Le Devoir, 2 juin 2010.