J’ai presque envie de dire que c’est une histoire fabuleuse. Fascinante. C’est l’histoire d’une rupture qui a laissé une sacrée cicatrice au cœur de la grande famille chrétienne. Cette rupture s’est produite en 1054. Il y a presque 1000 ans. Elle a été le produit d’âpres débats théologiques et politiques.


À l’époque déjà, les orthodoxes trouvaient que la personne du pape avait terriblement tendance à vouloir occuper tout l’espace. Avec obéissance en prime!


À l’époque, il faut le dire, parler de l’Église, c’était parler d’empires, de vastes territoires et de luttes de pouvoir.


Mille ans plus tard, cette papauté semble toujours irriter les orthodoxes de Moscou et de toute la Russie qui représentent près de 150 millions de fidèles. Ce n’est pas négligeable.


On raconte que cette rencontre historique, à Cuba, est le fruit de deux ans de négociations ultrasecrètes. À mon avis, c’est oublier tous les efforts consacrés à ce dossier depuis très longtemps.


Jean-Paul II en avait fait une quasi-obsession. Il avait même offert de redéfinir la papauté si ça permettait de dénouer l’impasse et de réunir la grande famille chrétienne!


Jean-Paul II aurait vendu ses chaussures et sa capine pour marcher dans les rues de Moscou. Mais… niet! C’est un des échecs retentissants de son pontificat.



Mais alors, aujourd’hui?


Bien des choses ont changé. Commençons par Rome.


Ce pape François n’est pas comme les autres. Il ne se dit jamais pape, justement. Il se dit d’abord pécheur et puis évêque de Rome. Touche d’humilité ou trait révélateur?


Par ailleurs, François veut réformer son immense institution. Il voudrait que l’Église retrouve sa mission première, plus proche des pauvres, plus humble, plus missionnaire et plus collégiale!


Ça doit faire plaisir aux orthodoxes de Moscou et de toute la Russie, non? Est-ce suffisant pour ouvrir toute grande la porte de Moscou à François? Niet!


Parlons des orthodoxes de Russie. Leur histoire est tragique, notamment au 20e siècle. Staline avait promis d’éliminer la religion du paysage soviétique. Il avait même concocté un plan quinquennal pour y arriver. Il a réduit en miettes les plus grandes et les plus belles cathédrales du pays. Mais Staline a échoué. Qui a reconstruit ces grands bâtiments à la gloire de l’Église orthodoxe? Poutine!


Je ne dis pas que tous les Russes sont de retour à la messe. Mais ça saute aux yeux : l’Église orthodoxe de Russie n’est plus menacée. Elle est stable. Elle a même développé de forts liens d’amitié avec le Kremlin, ou du moins avec Poutine.


Qu’est-ce que ça change? Le patriarche, après sept ans en place, est peut-être plus en mesure d’assumer une rencontre historique avec l’évêque de Rome. D’autant plus que Kirill doit bien voir comment les orthodoxes de Turquie se sont rapprochés du Vatican. Il doit bien voir aussi que ceux d’Ukraine pourraient être tentés par une grande accolade avec François. Kirill se dit peut-être que, s’il n’y prend garde, l’Église russe pourrait bien se retrouver seule dans son coin de planète?



Pourquoi Cuba?


Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais – quelle coïncidence! – voici donc que le patriarche de Moscou et de toute la Russie ainsi que François se retrouvent en même temps en Amérique du Sud.


Après d’intenses négociations, il fallait trouver un terrain neutre. C’est ici qu’entre en scène le nouvel ami de François, Raoul Castro, qui leur offre les portes de l’aéroport de La Havane. Que de belles coïncidences, non?



Et puis après?


Ces deux hommes ont une cause en commun. C’est la tragédie des chrétiens du Moyen-Orient qui sont ciblés, assassinés, pourchassés et en fuite. La Terre sainte qui fut jadis chrétienne ne l’est plus.


Une déclaration commune n’arrêtera pas la guerre. Mais c’est le symbole le plus puissant qu’ils peuvent offrir au monde.


Maintenant, attendons la déclaration des deux hommes.



Alain Crevier
Radio-Canada


***


Pope Francis and Russian Patriarch Kirill

MAJ : Full text of Pope Francis and Russian Patriarch Kirill’s Cuba joint statement


***

The Pope and head of the Russian Orthodox Church release statement against gay marriage

JOSEPH PATRICK McCORMICK, Pink News, 13th February 2016


The Pope and Patriarch Kirill of Moscow, the head of the Russian Orthodox Church have released a joint statement condemning same-sex marriage.


The statement, consisting of 30 points, holds wide-reaching significance for Catholics and followers of the Orthodox Church.


The main message of the statement seems to be the reconciliation of the Orthodox and Catholic churches.


However, as well as a coming together of the two denominations, the statement condemns war in the middle east and the persecution of Christians.


Going on, the statement says Pope Francis and Kirill are “concerned” about Christians being “confronted by restrictions to religious freedom”.


Secular societies are next on the list, saying that Christians face “outright discrimination”, and that they are faced by an “often very aggressive secularist society”.


The pair urge Europe to “remain faithful to its Christian roots”, and calls on European Christians to be more outspoken about their faith.


In a similar vein to many statements made by the churches, the “family” was high on the agenda.


One point calls family the “natural center of human life and society”, but they say they are “concerned about the crisis in the family in many countries”.


They then say that “the family is based on marriage, an act of freely given and faithful love between a man and a woman.”


The Pope and the Patriarch are apparently worried that the “biblical tradition, of paternity and maternity as the distinct vocation of man and woman in marriage is being banished from the public conscience.”


Patriarch Kirill in 2013 condemned the advance of marriage equality in the West, calling it a symptom of the apocalypse.


The Russian Orthodox Church has been a key supporter of Russia’s anti-gay law, and Patriarch Kirill maintained the Church’s view that homosexuality is a sin – although he has cautioned against punishing people for their sexuality.


In 2009 he told an interviewer: “We respect the person’s free choice, including in sex relations.”


Pope Francis last month attacked same-sex marriage and civil unions, ahead of a debate in the Italian Senate at introducing civil unions for same-sex couples.


He said: “There can be no confusion between the family God wants and any other type of union.”


“The family, founded on indissoluble matrimony that unites and allows procreation, is part of God’s dream and that of his Church for the salvation of humanity,” he added.