L’initiative vient de l’archêveché de Madrid. En échange du pardon, les femmes devront faire pénitence.


L’initiative, rappelle le quotidien espagnol El mundo, vient de l’archêveché de Madrid qui, dans un communiqué publié sur son site, explique que «cette (concession) a pour but de faciliter l’obtention de la grâce divine pour les fidèles qui participent aux Journées mondiales de la Jeunesse».


Cette décision va à l’encontre de la tradition catholique, où il existait des péchés qu’un prêtre ne pouvait pas pardonner, et qui aboutissaient automatiquement à l’excommunication: l’adultère, l’apostasie, l’hérésie et l’assassinat, rappelle El País. «La décision de Rouco (archevêque de Madrid) est d’autant plus frappante que la hiérarchie du Vatican considère l’avortement comme un meurtre, bien qu’il soit autorisé par la loi dans de nombreux pays», estime le journal.


«Normalement, seulement certains prêtres ont le pouvoir de lever ce genre d’excommunication, mais le diocèse local a décidé d’attribuer ce pouvoir à tous les prêtres qui donnent la confessions lors de cette célébration» explique le porte-parole du Pape, Federico Lombardi, cité par le Guardian.


Extraordinairement, entre le 15 et le 21 août à Madrid, les prêtres du monde entier pourront donc lever l’excommunication des femmes qui confessent avoir pratiqué un avortement et qui se sont repenties, explique El País. Près de 2 000 prêtres donneront le sacrement de la réconciliation dans près de 200 confessionnaux installés dans le parc du Retiro pour un «Festival du pardon», et Benoît XVI lui-même confessera un groupe de jeunes samedi 20 août rappelle La Croix.


Avec le pardon, les femmes se verront imposer une «pénitence convenable». Et comme il n’y a pas de mode d’emploi, chaque prêtre imposera la pénitence qu’il estime adéquate. «Un catalogue qui va de réciter son chapelet, à faire une donation, partir en pélerinage dans un sanctuaire marial, ou avoir des enfants», raconte le quotidien espagnol qui a interrogé quelques prêtres. Père Roberto par exemple explique qu’il préfère «voir en fonction de la personne» la pénitence à imposer. Miguel García, de Pampelune, privilégie les peines comme «aller voir le saint père, assister à une messe, ou réciter le chapelet». «Ce n’est pas comme au Moyen Age», répond-il à ceux qui s’attendent à des punitions extrêmes.



«Morale à la carte»


Le Vatican s’aventure sur un terrain particulièrement sensible, rappelle le journal britannique. «L’avortement est une question délicate en Espagne, mais avec 112 000 avortements légaux en effectués en 2009, c’est un choix que beaucoup d’Espagnoles sont prêtes à assumer».


L’initiative prête à débat: des voix s’élèvent pour dénoncer le relativisme de cette «morale à la carte», pour reprendre les termes de Juan José Tamayo, de l’Association de théologiens Juan XXIII, cité par El País: «C’est le meilleur exemple d’absolutisme papal, qui n’est même pas capable de se tenir à ses propres principes moraux, qu’il transgresse quand ça l’arrange, comme les pharaons égyptiens, les seigneurs du Moyen Age, et les dictateurs qui imposent leur propre morale».



Margherita Nasi
Libération.fr