Le maire de Saguenay, Jean Tremblay, a décidé de porter en appel la décision du Tribunal des droits de la personne qui lui ordonnait de cesser la récitation de la prière lors des séances du conseil municipal.


Les frais liés à ces procédures ne seront plus assumés par la Ville de Saguenay mais plutôt par des dons que le maire a sollicités auprès de la population québécoise et des sympathisants à sa cause.


«Je suis certain que la majorité de mes citoyens sont favorables à ce qu’on se tienne debout, à ce que les Canadiens français — ça ne se ferait pas dans une province anglaise — aient des valeurs, qu’on les reconnaisse et qu’on les respecte», a expliqué Jean Tremblay lors d’une conférence de presse ce matin à Saguenay.


Le maire Tremblay ne digère pas le jugement du Tribunal qui, vendredi dernier, a ordonné que la récitation de la prière soit abolie et que les objets religieux exposés dans les salles où se tiennent les assemblées du conseil municipal soient retirés. Cette décision faisait suite à une plainte déposée conjointement pas un citoyen, Alain Simoneau, et par le Mouvement laïque québécois qui accusaient la Ville et son maire de porter atteinte, de façon discriminatoire, à la liberté de conscience et de religion de M. Simoneau.


La juge Michèle Pauzé a également condamné la Ville et le maire à verser 30 000 $ à M. Simoneau pour dommages moraux et punitifs.



Des répercussions


«On ne peut pas laisser aller ces choses-là car ç’a des répercussions partout au Québec. Imaginez-vous si on cédait. Ces gens-là vont faire la loi partout: “enlève-moi le crucifix, enlève-moi ci, change-moi tel nom”», a fait valoir le maire.


Les avocats de la Ville estiment qu’une victoire en appel est possible, a précisé le maire Tremblay. Jusqu’à maintenant, le dossier de la prière a coûté près de 60 000 $ aux contribuables de Saguenay, mais désormais, les procédures devant la Cour d’appel seront financées par une collecte de fonds que le maire a lancée ce matin. S’il y a surplus, ceux-ci seront versés aux soupes populaires de la région, a-t-il assuré.



Accomodements raisonnables


Le maire Tremblay a profité de la conférence de presse pour formuler quelques remarques sur les accomodements raisonnables et l’importance qu’ont les valeurs québécoises et les traditions à ses yeux. «Il faut apprendre la tolérance, mais surtout, avant de tolérer les autres, il faut exiger que les autres nous tolèrent. Là, on est rendus que c’est juste d’un bord: Il faut tolérer les autres, mais on ne demande pas aux autres de nous tolérer», a-t-il dit.


«Je considère que nos gouvernements ont été — et je ne parle pas particulièrement de celui qui est là présentement — particulièrement mous comme je trouve que les Québécois, on s’en vient particulièrement mous devant nos convictions, devant ce qui fait notre identité et devant ce qui nous unit: la langue, nos croyances et notre religion. On est mous et c’est comme ça qu’un peuple s’effrite avec le temps et perd de la force», croit le maire Tremblay.



Jeanne Corriveau
Le Devoir


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Le maire de Saguenay reçoit l’appui de l’archidiocèse de Québec
Ian Bussières, Le Soleil, 18 février 2011


(Québec) L’archidiocèse de Québec a qualifié de stimulante la démarche du maire de Saguenay, Jean Tremblay, qui porte en appel le jugement du Tribunal des droits de la personne interdisant la récitation de la prière avant les séances du conseil municipal. Lire.


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Une nation et son crucifix
Louise Mailloux – Professeure de philosophie, Le Devoir, 19 février 2011


Avec la décision du maire de Saguenay, Jean Tremblay, d’en appeler du jugement du Tribunal des droits de la personne lui ordonnant de mettre fin à la récitation de la prière lors des assemblées publiques du conseil municipal ainsi que de devoir retirer tout symbole religieux de la salle du conseil, un bras de fer vient de s’engager entre lui et le Mouvement laïque québécois (MLQ).


Mais plus importante encore est sa décision de lancer une campagne de souscription à l’échelle du Québec pour financer cet appel, espérant ainsi y impliquer l’ensemble des Québécois et relancer le débat des accommodements raisonnables non pas sur le terrain de la laïcité, mais plutôt sur celui de l’identité, un thème que le MLQ a toujours craint comme la peste. Si depuis ce jugement, les canons du MLQ étaient pointés en direction du Parlement, le château fort du crucifix, il leur faudra maintenant attendre avant d’allumer la mèche parce que, pour l’instant, c’est tout le Québec qui risque de s’enflammer. Pour devinez quoi? Le crucifix du Parlement! Lire.