D’autres mondes (2004) de JAN KOUNEN

D’autres mondes
Jan Kounen, France, 2004, 76 Min

 
 

Alors qu’il tourne Blueberry, l’expérience secrète, Jan Kounen rencontre les guérisseurs Shipibo d’Amazonie péruvienne et découvre leur plante sacrée : l’Ayahuasca, la liane des esprits.

Extrêmement marqué par cette expérience, il décide de revenir au Pérou afin de tourner un documentaire sur la plante et les rites médicinaux des chamans. Pour cela il filme les autochtone mais va aussi rencontrer des neurologues, philosophes, artistes, chimistes, etc. travaillant sur ce sujet. Il interroge notamment le dessinateur Jean Giraud ou Kary Mullis, prix Nobel de chimie 1993.

Plus qu’un documentaire traditionnel, le film se veut une invitation à un voyage, une porte entrouverte sur un autre monde : une autre perception du réel. – WIKI

 

D'autres mondes (2004) de JAN KOUNEN

 

***

 

Altered States (1980) by KEN RUSSELL (ici)
High Society: A History of Mind-Altering Drugs (ici)
Le cerveau mystique (2006) par ISABELLE RAYNAULD (ici)
The Gardener of Eden (1981) by JAMES BROUGHTON (ici)
ALEX GREY

Visitor of a Museum (1989) by KONSTANTIN LOPUSHANSKY

Visitor of a Museum (Posetitel Muzeya)
Konstantin Lopushansky, Switzerland & West Germany & Soviet Union, 1989, 136 Min

 

In a post-apocalyptic world, in which a large part of the population consists of demented and deformed mutants being kept in reservations, a man embarks upon visiting the ruins of a museum buried under the sea which can only be accessed during low tide. – IMDb

 

Visitor of a Museum (1989) by KONSTANTIN LOPUSHANSKY

Pornographie juvénile – Sitôt condamné, l’ex-évêque Lahey est libéré

OTTAWA — Condamné à 15 mois d’emprisonnement et à une probation de deux ans pour possession de pornographie juvénile, l’ex-évêque catholique Raymond Lahey est sorti de prison aussitôt sa peine prononcée hier au palais de justice d’Ottawa.


Comme le juge Kent Kirkland a accepté de compter en double les huit mois déjà passés derrière les barreaux, la peine de prison de l’ancien évêque de 71 ans est donc purgée, et il a entamé sa période de probation. L’ancien évêque du diocèse d’Antigonish, en Nouvelle-Écosse, ne s’est pas adressé à la horde de journalistes qui l’attendaient à sa sortie du palais de justice hier.


Le juge lui a toutefois imposé de sévères conditions de probation. Il devra notamment fournir un échantillon d’ADN et s’inscrire au registre des délinquants sexuels. Il devra aussi se soumettre à une fouille de ses ordinateurs lorsque la police le décidera. M. Lahey devra aussi se tenir loin des piscines, des garderies et des écoles.


«La tâche la plus difficile pour un juge lorsque l’on tente de déterminer une peine appropriée, c’est de trouver l’équilibre entre les valeurs fondamentales […] tout en prenant en compte la nature de l’accusé, a expliqué le juge Kirkland. Cette tâche est particulièrement exigeante dans ce cas-ci. D’un côté, l’exploitation sexuelle des enfants est un crime qui commande des représailles sévères. De l’autre côté, les circonstances personnelles de l’accusé, qui a assumé la responsabilité de ses actes répréhensibles, réduisent l’urgence d’une incarcération.»


Lahey avait plaidé coupable en mai dernier à une accusation d’importation de matériel de pornographie juvénile. Le septuagénaire avait alors décidé d’être emprisonné avant même que le juge ne décide de la peine. Il avait été épinglé à l’aéroport d’Ottawa. Des douaniers avaient découvert des milliers d’images sur son ordinateur portable et sur un appareil électronique de poche. Parmi les 155 000 images découvertes, 588 photographies et 63 vidéos montraient de jeunes garçons se livrant à divers actes sexuels, dont certains étaient torturés ou ligotés.


La Couronne a révélé à la cour que la collection de photos pornographiques de Lahey comprenait notamment des clichés montrant de jeunes garçons portant des crucifix et des chapelets en train d’accomplir des actes sexuels, et celle d’un homme déguisé en moine qui donnait la fessée à un garçon. En cour, un psychiatre a expliqué que Lahey n’est pas un pédophile.


Le procureur de la Couronne, David Elhadad, a estimé que la décision envoie le message que des peines sévères attendent ceux qui commettent des crimes liés à la pornographie juvénile.



La Presse canadienne
Le Devoir

Minorités vulnérables – Le Canada et la liberté de religion dans le monde

Si l’économie est fort susceptible de rester la priorité du cabinet Harper, 2012 sera peut-être aussi à Ottawa une année de la religion. Le Bureau de la liberté de religion promis avant l’élection du 2 mai n’était pas qu’une manœuvre pour se gagner les suffrages de minorités religieuses. Un tel service, apprend-on de la Presse canadienne, doit être officiellement annoncé bientôt. Les préparatifs laissent croire, toutefois, que l’initiative est encore loin d’apporter «la paix», même au Canada, «aux hommes de bonne volonté».


Jason Kenney, ministre fédéral de l’Immigration, a confié au Globe and Mail que l’assassinat de Shahbaz Bhatti, seul membre catholique du cabinet du Pakistan, avait déterminé Stephen Harper à faire du Canada un promoteur de la liberté de religion. Peu de semaines auparavant, lors d’une visite à Ottawa, Bhatti avait décliné une offre d’asile, tout en sachant que ses jours étaient comptés là-bas. L’homme voulait y faire abolir la loi sur le «blasphème».


Le Pakistan n’est pas le seul pays où des minorités religieuses sont persécutées. Selon une étude du Pew Forum on Religion and Public Life, une maison réputée des États-Unis, les chrétiens sont victimes de harcèlement de la part des autorités ou de la société dans 130 pays; c’est le cas des musulmans dans 117 pays; et aussi des juifs dans 75. Ces dernières années, le tiers des habitants de la planète ont vu reculer leur liberté religieuse. La tendance est même à de plus graves restrictions et à une dangereuse polarisation.


Le Canada donne l’image d’un pays pluraliste et respectueux des droits. Pourtant, la consultation que John Baird, ministre des Affaires étrangères, a tenue à Ottawa le 3 octobre aura laissé à l’écart d’importantes minorités et fait fi du droit des citoyens de savoir ce que pensent ces experts et chefs religieux alors invités par le ministère. Que des personnalités religieuses aient accepté une discussion à huis clos excluant, par surcroît, d’autres minorités ne témoignait pas, non plus, d’une grande ouverture.


D’après les quotidiens de la chaîne Postmedia News, non seulement cette rencontre aura été dominée par des représentants de confessions judéo-chrétiennes, mais surtout, si quelques minorités musulmanes étaient présentes, chiites et sunnites ne l’étaient pas ni, non plus, les sikhs, les hindous et les bouddhistes. «Si vous ne tenez pas compte de vos propres minorités chez vous, qu’allez-vous essayer de promouvoir dans le monde?», se demande Wahida Valiante, présidente du Congrès islamique canadien.


Le cabinet Harper aura fort à faire pour dissiper l’impression qu’il favorise les minorités qu’il convoite, mais aussi quelques confessions judéo-chrétiennes. Seul un bureau totalement «transparent», lui ont dit ses propres experts, et, pourrait-on ajouter, plus représentatif, convaincra le public d’ici qu’on ne s’en servira pas à des fins politiques. Et, après la crise à Droits et démocratie, comment ne pas s’inquiéter également du noyautage pratiqué par quelque lobby ethnoculturel?


Pour l’heure, soulignent des critiques, le Canada s’est élevé contre le sort fait aux coptes en Égypte, mais il n’a guère protesté dans le cas des musulmans chiites en Arabie saoudite. Certaines minorités, ajoutent d’autres observateurs, crient à la persécution, mais elles-mêmes tiennent encore un discours qui bafoue les droits d’autres minorités. À quand un bureau contre ces religions qui vouent les gens d’orientation sexuelle — ou même religieuse — différente à l’exclusion sociale, voire à la peine de mort?


Ottawa n’a pas encore précisé si cette promotion de la liberté de religion sera confiée en même temps à un ambassadeur attitré. Quelle que soit la formule retenue, l’expérience des États-Unis en ce domaine confirme qu’il n’est pas facile pour un gouvernement, quel qu’il soit, de se faire le gendarme de la liberté de religion. Ou bien, en effet, une agence qu’il crée en sera indépendante et risque de n’avoir guère de poids. Ou bien elle jouit de l’appui de son gouvernement, mais alors elle n’en est plus indépendante.


Dans le cas du Canada, le gouvernement a déjà fait savoir que le bureau en question pourra compter sur le ministère des Affaires étrangères, dont il sera un service, mais aussi sur le ministère de l’Immigration ainsi que sur l’Agence canadienne du développement international (ACDI). L’un va faciliter l’accueil des gens persécutés à cause de leur religion. L’autre va contribuer à des projets de promotion de la liberté religieuse. Or comment cela pourrait-il se faire sans d’abord un profond nettoyage au ministère de l’Immigration et à l’ACDI?


Au ministère de l’Immigration, bon nombre des demi-juges qui tranchent les cas de refuge ont longtemps fait preuve d’inculture politique. Le ministère a entrepris — officiellement pour s’assurer de leur compétence — de les soumettre à un examen, auquel plusieurs ont échoué. Sont-ils victimes de leur propre nomination partisane? De l’ineptie du ministère? Peu importe. Si ces arbitres peinaient à comprendre une persécution politique, on les voit mal trancher des cas de persécution religieuse.


À l’ACDI, on a longtemps subventionné Haïti, par exemple, avec des résultats souvent lamentables, qu’on déplorait déjà au temps des gouvernements libéraux. Sous les conservateurs, les droits de l’homme — et de la femme — furent davantage à l’honneur. Mieux encore, les entreprises canadiennes ont creusé des puits en Afrique. Ainsi, SNC-Lavalin, ce fleuron du génie humanitaire, a bâti en Libye un pénitencier dernier cri où étaient rééduqués les ennemis du président Kadhafi.


Bref, les religieux canadiens et les politiciens conservateurs qui veulent défendre la liberté de religion dans le monde seraient bien avisés de vérifier aussi quelle liberté ils pratiquent eux-mêmes au Canada.



Jean-Claude Leclerc
Le Devoir