Lumières neuves au temps de la Grande Noirceur

À Québec, une exposition intitulée Photographes rebelles à l’époque de la Grande Noirceur permet de découvrir un pan méconnu de l’histoire de l’art au Québec.


QUÉBEC — La maison Hamel-Bruneau est l’hôte depuis hier d’une fascinante exposition sur des photographes rebelles de l’époque duplessiste. Tantôt abstraites, étranges, métaphoriques ou érotiques, ces oeuvres fascinent à la fois par l’audace qui les a vues naître à l’époque et par leur puissance évocatrice


Ils s’appellent Jean-Paul Mousseau, Albert Dumouchel, Gordon Webber, Omer Parent, Rodolphe de Repentigny, Jean-Pierre Beaudin, Guy Borremans, Michel Brault, Conrad Tremblay et Vittorio Fiorucci.


L’un d’eux est connu comme signataire du Refus global (Mousseau), d’autres pour leur cinéma (Brault) ou leurs photos d’art (Borremans). Ce n’était pas un groupe organisé, mais ils ont en commun d’avoir repoussé les limites de l’art photographique en dépit de la Grande Noirceur, terme qui prend vraiment ici tout son sens.


La plupart des 86 oeuvres présentées n’ont pas été exposées depuis les années 1950 et étaient tombées dans l’oubli, explique le jeune commissaire de l’exposition, Sébastien Hudon. «Longtemps, la photographie a été considérée comme une forme d’art secondaire, voire tertiaire, après la peinture, l’aquarelle, la gravure et les oeuvres sur papier. Ça ne fait pas longtemps qu’on la considère comme un art et qu’on a vu les tirages de photo dépasser le million de dollars dans les ventes aux enchères.»


Certaines ont carrément été censurées à l’époque, comme une série du photographe Guy Borremans représentant des corps de femmes dans un abattoir. Borremans réalisa aussi à l’époque, en plus de ses travaux à l’ONF, un film d’inspiration surréaliste aux forts accents érotiques.


«C’étaient des contestataires», explique Sébastien Hudon en parlant de Borremans, Fiorucci et Mousseau. «Ces photographies devaient être exposées en 1960, mais l’escouade de la moralité est débarquée le matin de l’exposition et a demandé qu’on décroche les oeuvres.»


Pour bien nous situer, on nous montre, dans la première salle, le genre de photographies produites à l’époque par le régime de Duplesssis: la représentation de jeunes étudiants exemplaires, de petits chiens qui ont figuré dans une exposition officielle. «Tout est idéalisé, construit, très proche du réalisme socialiste européen», poursuit le commissaire. «Des voiliers, des hommes qui fument la pipe, des sujets gentils, des photos tellement construites qu’elles n’ont plus aucune force expressive. Tout est figé.»


À l’inverse, ces photographes rebelles se fascinent pour les jeux d’ombre, l’abstraction, l’étrange. Chez Dumouchel, des ombres d’enfants servent de métaphores de l’emprisonnement ou de la célèbre allégorie de la caverne de Platon.



Un regard neuf


Sébastien Hudon a publié en 2007 un petit essai sur Guy Borremans, qui a servi de point de départ à cette exposition. Il s’étonne encore de tout ce qu’il a découvert dans les nombreux fonds d’archives qu’il a fouillés depuis. Comme cette photo de baiser prise par Michel Brault. «Pour moi, c’est un peu notre équivalent du Baiser de l’hôtel de ville [de Robert Doisneau]. C’est Gilles Groulx [le cinéaste] qui embrasse sa femme. En raison du mouvement, on a l’impression que le monde tourne autour d’eux.»


Les visiteurs découvriront également avec intérêt les expérimentations techniques de Jauran (le nom d’artiste de Rodolphe de Repentigny), qui produisait des abstractions en jouant en chambre noire avec son liquide révélateur. «C’est comme s’il peignait dans la chambre noire avec de l’encre invisible [le révélateur] sur le papier. […] Ce qui est intéressant, c’est qu’on est en plein moment de rupture entre l’automatisme et le plasticisme.»


Comme les automatistes conduits par Paul-Émile Borduas, ce groupe de photographes est très influencé par l’expérience du surréalisme européen. On sent ici la marque d’une liberté expérimentée par le mouvement développé par André Breton. D’autres expériences sensibles entrent aussi en compte dans l’affirmation de ces photographes, peut-être plus politisés au fond que les célèbres photographes humanistes tels Doisneau, Cartier-Bresson ou Ronis, tous de la même époque. Ici, l’expérience d’une nouvelle musique et de nouvelles formes de cinéma compte pour beaucoup dans la formation d’un regard neuf.


On a la bonne idée de faire entendre pour cette exposition un enregistrement de Charlie Parker jouant à Montréal en 1953. On nous montre en outre des extraits de courts métrages. On y trouve le second court métrage de Michel Brault et Claude Jutra, un exercice onirique qui avait été primé à l’époque au niveau canadien. Un autre film plus ancien, La vie d’Émile Lazo, d’Omer Parent, dénonce la censure en montrant un pauvre créateur, personnifié par Robert LaPalme, ancien caricaturiste au Devoir, qui cherche en vain à faire exposer ses toiles modernes dans la ville de Québec. La totalité de ces films seront d’ailleurs présentés lors de deux soirées spéciales organisées par le diffuseur Antitube. En attendant, il faut découvrir cette exposition consacrée aux oeuvres de quelques-uns des meilleurs de nos photographes de l’après-guerre.


Photographes rebelles à l’époque de la Grande Noirceur (1937-1961)
Du 9 mars au 22 mai à la Maison Hamel-Bruneau, 2608, chemin Saint-Louis, Québec.



Isabelle Porter (Avec la collaboration de Jean-François Nadeau)
Le Devoir

RÉMINISCENCE APOCRYPHE / Projection sur le Clocher de l’Église Saint-Jacques, Mtl, P.Q

Mercredi des Cendres – Pour les catholiques, le mercredi des Cendres est un jour de pénitence qui marque le début du carême.


RÉMINISCENCE APOCRYPHE
onf.ca/reminiscence


Une errance photographique sur les lieux sacrés et la foi catholique au Québec de Annie-Ève Dumontier, Gil Nault et Étienne Dionne, produite par l’ONF.


Du 28 février au 5 mars 2011, Réminiscence apocryphe était projetée – tous les soirs, du coucher du soleil à minuit – sur le clocher de l’église Saint-Jacques de l’Uqam, Mtl, P.Q.



Le maire Jean Tremblay persiste… et prie

Suite du billet du 16 février :


En dépit d’un récent jugement du Tribunal des droits de la personne l’interdisant de le faire, le maire Jean Tremblay a récité sa traditionnelle prière avant le début de la séance du Conseil municipal de Saguenay, lundi soir.


M. Tremblay s’est exécuté devant une salle comble où s’étaient réunies quelque 150 personnes, dont certaines lui étaient favorables.


Une cinquantaine d’autres personnes se sont vu refuser l’accès à la salle des délibérations, et des policiers étaient présents dans le secteur pour assurer la sécurité.


Quelques huées se sont fait entendre pendant le récit de la prière.


Selon ce qu’a rapporté Radio-Canada lundi soir, Jean Tremblay a confirmé après la séance qu’il avait des devis de ses avocats lui permettant, sans aucune réprimande du tribunal, d’aller de l’avant avec sa prière.


Le collectif «Citoyens pour la démocratie» entendait se manifester et protester contre la décision de M. Tremblay de contester le jugement du Tribunal des droits de la personne.


Dans un communiqué, «Citoyens pour la démocratie» a dit refuser que le maire Tremblay prétende parler au nom de l’ensemble des citoyens dans sa croisade pour la prière. Le collectif avait invité la population à aller manifester son désaccord lors de l’assemblée du conseil de lundi.


Le Mouvement laïque québécois (MLQ) avait aussi donné instruction à son avocat d’entreprendre des procédures d’outrage au tribunal si le maire ne respectait pas l’ordonnance de cesser la récitation de la prière et de retirer les symboles religieux dans la salle du conseil.


S’il refuse de soumettre au jugement du Tribunal des droits de la personne, Jean Tremblay s’expose à des accusations d’outrage au tribunal et il est passible d’une amende allant jusqu’à 50 000$, a indiqué Me Luc Alarie, l’avocat du MLQ.


Le maire met aussi son poste en jeu puisqu’une disposition de la Loi sur les élections et les référendums permet au procureur général, à la municipalité ou à un électeur de le faire déclarer inhabile en cas d’inconduite.



La Presse Canadienne
Cyberpresse

Notre patrimoine

Les Québécois savent faire le bilan de leur passé. L’ont-ils assez prouvé lors de la Révolution tranquille? Dans le patrimoine d’une culture, il faut comprendre que certains éléments ont sans doute eu leur utilité dans un contexte bien précis. Ce n’est nullement une raison pour s’y accrocher. La revanche des berceaux a contribué à bâtir le peuple québécois. Oui, j’en conviens. Mais serait-ce une raison valable pour exiger que chaque femme de notre pays s’astreigne encore à procréer dix ou douze enfants?


Une chose fait partie de notre patrimoine, et on la passe trop souvent sous silence. Le Québécois possède, au plus profond de son être, le goût du changement. Le goût de l’adaptation à la nouveauté, sans lequel aucune société ne peut espérer survivre. Ce principe fondamental se compose de deux réalités inséparables. Premièrement, la capacité de renoncer sans regret à tout principe périmé. Deuxièmement, l’ouverture à toute nouvelle attitude sociale qui viendra remplacer avantageusement celles, désuètes, qu’on a eu le bon sens de laisser tomber.


Chaque progrès social se distingue, à son tour, par deux tendances. La première, nostalgique, passéiste et timorée, se caractérise par un accrochement inconditionnel au patrimoine. L’autre, audacieuse, n’hésite pas à secouer ses vieilles poussières pour faire bon accueil à la nouveauté. Les deux s’équilibrent, ce qui nous met à l’abri des outrances, mais la première devra, tôt ou tard, céder la place.


On cite souvent la Révolution française comme exemple de changement social. Excellent exemple, car cette révolution, la seule à ma connaissance, a tout remis en question. Tout, y compris la révolution elle-même! Et qu’a-t-elle fait de la religion, la Révolution? Elle l’a simplement remise à sa place. La place de l’Église catholique est… dans les églises. La religion est-elle morte en France? Pas du tout. Elle s’occupe de ses affaires dans un état laïc qui ne lui permet aucune ingérence dans la vie publique. Et l’état Laïc ne se permet aucun droit de regard dans la religion. Chacun chez soi, et l’harmonie règne.


La malhonnêteté fondamentale des religions en général est de confondre intentionnellement culture et foi. Si l’on veut adopter le judaïsme, il faut commencer par apprendre assez d’hébreu pour comprendre les offices, manger casher et aller s’établir dans un quartier juif. Pour devenir musulman, il faut apprendre l’arabe, car le saint Coran ne peut se traduire. Dans le tiers-monde d’hier, les missionnaires chrétiens maniaient outrageusement le chantage colonial: je t’apporte des soins de santé, des écoles, et la religion. À prendre globalement ou à laisser.


Franchement, ne pourrait-on pas évoluer un peu? On s’oppose, scandalisés, au port d’un voile ou d’un kirpan (lequel, soit dit en passant, ne coupe pas plus que les médailles pieuses que certains portent en sautoir) et on défend bec et ongles le crucifix dans les lieux aussi publics que le Parlement.


Moi, l’athée honnête et convaincu, savez-vous l’impression que me font vos crucifix? Si c’était une simple croix, ça ne me dérangerait pas. Mais le réalisme horrible de certains de ces symboles me donne le frisson. L’image d’un homme torturé et cloué sur deux bouts de bois me donne l’impression de voir l’emblème d’un gigantesque mouvement masochiste.


Et ça me dérange. Parce que moi, je n’en ai pas tellement l’habitude. Alors, essayez de comprendre la surprise d’un musulman ou d’un sikh qui se fait préférer cette image des plus violentes à un bout de voile ou à un inoffensif kirpan.


On veut combattre les symboles religieux? D’accord. Mais qu’on les supprime tous!



Yves Steinmetz
La Voix de l’Est

Culture populaire : ‘Atheism Campaign’ p.VII


Living Without Religion
A new campaign by the Center for Inquiry


‘To hope, to care, to love. We have all experienced these powerful, fundamental feelings. They help define what it is to be human. These important elements of a fulfilling human life are experienced by religious and nonreligious people alike.’



livingwithoutreligion.org