Pornographie juvénile : un prêtre de Sorel-Tracy accusé

Le prêtre arrêté jeudi au presbytère de l’église Saint-Gabriel-Lalemant à Sorel-Tracy, en Montérégie, restera en prison jusqu’à sa prochaine comparution.


Daniel Moreau, âgé de 55 ans, fait face à des accusations de possession et de distribution de matériel pornographique juvénile. La cour a accédé à la demande de la Couronne qui s’opposait à sa remise en liberté au palais de justice de Sorel-Tracy vendredi.


Après avoir saisi le matériel informatique de l’accusé jeudi, sept chefs d’accusation ont été déposés. L’ancien prêtre sera de retour en cour le lundi 11 mars.


Son avocat, Me Gilles B. Thibault, a indiqué que son client semblait résigné à faire face aux procédures, sans être démoli ni complètement serein quant aux gestes qui lui sont reprochés.


Au diocèse de Saint-Hyacinthe, la réaction ne s’est pas fait attendre. Par voie de communiqué, les gestes allégués de Daniel Moreau ont été condamnés et les autorités religieuses ont affirmé qu’il avait été relevé de ses fonctions et ne pourra plus exercer son ministère.


L’ancien prêtre s’impliquait par ailleurs auprès d’un groupe scout de Beloeil. L’Association des scouts du Canada a précisé qu’il ne faisait plus partie du mouvement depuis une trentaine d’années, en raison d’une divergence de vision. Il avait néanmoins fondé sa propre organisation, non reconnue toutefois par l’Organisation mondiale du mouvement scout.


La Sûreté du Québec a procédé à une perquisition dans les quartiers personnels du père Moreau, à la demande d’un corps policier d’une autre province du Canada. Des preuves de possession de matériel de pornographie juvénile auraient été détectées dans l’ordinateur du religieux.



La Presse canadienne
Radio-Canada

Congrégations générales – Les problèmes de l’Église sur la table

VATICAN – Les cardinaux réunis au Vatican veulent prendre le temps d’analyser les problèmes rencontrés par l’Église et la Curie romaine, son « gouvernement », avant la convocation d’un conclave destiné à élire le successeur de Benoît XVI.


Mercredi, au troisième jour des « congrégations générales », la date du Conclave n’avait pas encore été votée. Deux cardinaux polonais et vietnamien sont attendus d’ici jeudi pour que le collège de 115 électeurs soit au complet.


Pour donner aux nouveaux venus le temps de se familiariser avec ces réunions inédites, il n’est pas sûr que le vote sur la date survienne jeudi, même si c’est une possibilité.


Dans la soirée de mercredi, quelque 140 cardinaux sont sortis de leurs discussions pour aller prier ensemble dans la basilique Saint-Pierre, récitant le chapelet avant de célébrer les Vêpres.


L’impression dominante est que les cardinaux ne veulent pas de précipitation et que ceux venus des cinq continents veulent être entendus, sans « passage en force » d’une candidature ou d’une autre, qui serait imposée par ceux plus familiarisés avec les rouages du Vatican.



Le profil du futur pape


Le père Federico Lombardi a confirmé par ailleurs que, dans les 18 interventions de mercredi, a commencé à s’esquisser le profil du futur pape.


« Le successeur devra prendre les choses de l’Église en main, avec une volonté de gouverner, de mettre de l’ordre, de continuer la purification que Benoît XVI a commencée sérieusement », a dit à Radio-Canada le cardinal québécois Marc Ouellet, qui figure parmi les papabili.


« Nous avons besoin d’une nouvelle façon de gouverner l’Église. Un gouvernement plus horizontal. La Curie doit être révolutionnée », a renchéri le cardinal allemand Walter Kasper, dans une interview à Repubblica.


Un des retardataires, le cardinal égyptien Antonios Naguib, a estimé mardi que le prochain pape pourrait ne pas être européen : « L’essentiel est qu’il soit pieux et saint, qu’il connaisse la doctrine, mais aussi qu’il sache gérer les relations internationales. »


Autant que la réforme d’une Curie, l’actualisation dans le monde d’aujourd’hui de Vatican II et la « nouvelle évangélisation » requièrent un débat de fond, selon les évêques : comment faire face à une vague de fond de « sécularisation » quand le message chrétien rencontre hostilité ou indifférence dans les pays où il a pris son essor jadis.


Par ailleurs, « l’anneau du pêcheur » que portait Benoît XVI au doigt a été rayé, pour être rendu inutilisable, comme prévu par le règlement du « Siège vacant ».


Et les premiers clichés de Benoît XVI depuis qu’il a démissionné jeudi ont été pris par un paparazzi de l’hebdomadaire italien Chi. On le voit marcher appuyé sur un bâton dans le parc de la résidence de Castel Gandolfo avec ses collaborateurs. Le « pape émérite » porte un blouson blanc sur une soutane blanche et une casquette de même couleur, sous laquelle son maigre visage semble disparaître.


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« Le pire est à venir » au sujet des prêtres pédophiles


Une association américaine de victimes de prêtres pédophiles vient de publier une liste de « douze salopards » parmi les cardinaux pouvant être élus pape, qui ont selon elle minimisé ou couvert le scandale. « Nous voulons dire aux prélats qu’ils arrêtent de prétendre que le pire est passé » concernant le scandale des prêtres pédophiles, car « malheureusement le pire est sûrement à venir », affirme SNAP (Survivors Network of those Abused by Priests), pour qui « le scandale n’a pas encore été dévoilé dans la plupart des pays ». L’association a publié la liste de cardinaux surnommés « les douze salopards », en référence à un film célèbre, en expliquant s’être fondée « sur les actions et déclarations » de ces derniers et en estimant qu’ils seraient « le pire choix pour les enfants ». Sur cette liste figurent notamment Marc Ouellet, cardinal de Québec, et Angelo Scola, de Milan, qui sont très souvent cités parmi les papabili. Le SNAP estime que de très nombreux scandales n’ont pas encore été révélés en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, parce qu’il y a moins d’enquêtes et des justices moins efficaces dans ces régions.



Agence France-Presse
Le Devoir

Le cardinal Ouellet aurait négocié la démission du cardinal O’Brien

Le cardinal québécois Marc Ouellet aurait aidé à négocier la démission du cardinal britannique Keith O’Brien, qui a récemment admis certaines inconduites sexuelles, selon ce que rapporte la presse anglaise.


Le cardinal O’Brien est le plus important dirigeant de l’Église catholique au Royaume-Uni. Il a annoncé sa démission la semaine dernière, après que cinq hommes l’aient accusé de leur avoir fait des avances sexuelles.


Le Vatican prétend que le cardinal O’Brien a remis sa démission en novembre dernier, en anticipation de son 75e anniversaire. Mais des informations ont fait surface selon lesquelles un homme s’était plaint au Vatican de son comportement en octobre, soit un mois plus tôt.


Le cardinal Ouellet aurait ensuite aidé le Vatican à négocier avec le cardinal O’Brien une entente en vertu de laquelle il prendrait docilement sa retraite pour éviter de plonger l’Église catholique dans l’embarras.


Le cardinal Ouellet est le préfet de la Congrégation pour les évêques et un des candidats les plus en vue pour succéder à Benoît XVI.


Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, a refusé de répondre à toute question à ce sujet.



La Presse canadienne
Le Devoir

Benoît XVI acclamé par la foule pour son ultime audience

À la veille de sa démission historique, Benoît XVI a été acclamé par une foule chaleureuse, mercredi au Vatican, lors d’adieux émouvants au cours desquels il a évoqué « les eaux agitées » de son pontificat et assuré que « Dieu ne laisse pas couler la barque » de l’Église.


Devant quelque 150 000 personnes qui l’applaudissaient à tout rompre, en brandissant des drapeaux et des banderoles disant « merci » dans toutes les langues, Joseph Ratzinger a évoqué « les eaux agitées » de ses huit ans de pontificat.


Auparavant, par un temps frais mais avec un grand soleil, il avait fait un long tour de la majestueuse place en papamobile décapotée. Voûté et frêle, mais souriant et ému, à l’approche de ses 86 ans, il s’est arrêté à plusieurs reprises pour embrasser des bébés et des enfants.


Lors de son ultime audience publique, la 348e, il a aussi exprimé sa confiance dans l’Église et les simples fidèles rencontrés sur les cinq continents qu’il a remerciés longuement dans plusieurs langues, du portugais à l’arabe, de l’italien au polonais.


« Je suis vraiment ému et je vois l’Église vivante », a-t-il lancé à plusieurs reprises, en réponse aux acclamations de la foule qui scandait son nom en italien, « Benedetto, Benedetto ! »


L’accent était mis sur la confiance dans l’avenir. Mais, durant le pontificat, a-t-il reconnu, « il y a eu aussi des moments pas faciles, dans lesquels les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans toute l’histoire de l’Église ».



Des controverses


Le pontificat de Benoît XVI a été ponctué de controverses, notamment sur la levée de l’excommunication d’un évêque révisionniste, mais surtout sur la gestion d’un vieux scandale sordide dans l’Église, celui des centaines de prêtres pédophiles que la hiérarchie a parfois protégés. Plus récemment, le scandale Vatileaks a révélé de nouvelles intrigues au Vatican, tandis que la presse évoquait la présence d’un « lobby gai ».


« Le Seigneur semblait dormir, mais j’ai toujours su que la barque de l’Église n’est pas mienne, n’est pas nôtre, mais qu’elle est Sa barque et qu’Il ne la laisse pas couler », a souligné Benoît XVI, en référence à un célèbre passage de l’Évangile où les apôtres s’affolent dans la tempête sur le lac de Tibériade, le Christ endormi à côté d’eux dans la barque.


« Dieu guide son Église, la soutient toujours et aussi dans les moments difficiles », a-t-il affirmé dans une dernière recommandation, en demandant à 1,2 milliard de catholiques de prier pour les cardinaux qui devront élire son successeur en conclave le mois prochain.


Benoît XVI a envoyé simultanément à ses 2,5 millions de « followers » ce qui pourrait être le dernier twitt de son pontificat, leur demandant de redécouvrir « la joie d’être chrétien ».


Le pape est longuement revenu sur sa décision de démissionner, qui n’a pas été toujours bien comprise, y compris par les catholiques : « Aimer l’Église signifie aussi avoir le courage de faire des choix difficiles », a-t-il dit, se déclarant « conscient de la gravité et de la nouveauté » de sa décision.


« Je ne reviens pas à la vie privée, à une vie de voyages, de rencontres, de réceptions, de conférences, etc. Je n’abandonne pas la croix, mais je reste d’une façon nouvelle près du Seigneur crucifié. Je n’assume plus le pouvoir de la charge du gouvernement de l’Église, mais je demeure dans le service de la prière », a-t-il dit.


Dans la foule, de nombreux laïcs, mais aussi des religieux, dont une soixantaine de cardinaux. « C’est vraiment une joie pour nous d’être là aujourd’hui pour ce moment historique », confiait Alban, qui étudie au séminaire français de Rome.


Anna Santamaria, retraitée d’Orte, qui voulait « le voir une dernière fois », dit « comprendre sa décision ». « À son âge, c’est trop difficile », a-t-il dit. Alors que Leonardo Rossi, un jeune de l’Opus Dei, n’est pas du même avis : « Ce n’était pas le moment, avec tous les problèmes que traverse l’Église. »



Grands moments


Des paraboles de télévision et des écrans géants étaient installés, comme à tous les grands moments, des funérailles de Jean-Paul II en 2005 à sa béatification en 2011.


Si l’audience a respecté le même déroulé que les autres, il n’y a en revanche pas eu de baciamano, ce défilé de personnes qui ont le privilège de baiser l’anneau du pape et d’échanger quelques mots avec lui. Le pape ne voulait marquer aucune différence en ce moment de départ, entre les gens importants et les anonymes.


Le pape allemand, qui a pris la décision historique de démissionner, est le premier pontife à le décider librement en sept siècles.


Il avait annoncé le 11 février qu’il n’avait plus les forces d’assumer ses fonctions face aux défis d’un monde en pleine mutation.


Jeudi, Joseph Ratzinger quittera le Vatican, sans cérémonie, pour se retirer sous le titre de « Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite » dans sa résidence d’été de Castel Gandolfo. Puis il s’installera dans un monastère, caché aux yeux du monde, sur la colline du Vatican.


Avec une simplicité correspondant à son tempérament, le pape mettra fin à ses fonctions jeudi à 19 h GMT. Rien ne marquera cet instant.



Agence France-Presse
Le Devoir