Un cri de révolte

‘Pierre Gauvreau (né le 23 août 1922 à Montréal et mort le 7 avril 2011) est un artiste peintre et auteur québécois, aussi scénariste, réalisateur de télévision et producteur de cinéma. Peintre automatiste, il est l’un des signataires du Refus global


'Popcorn et gomme baloune' (1960) par Pierre Gauvreau

En 1998, à l’occasion des 50 ans de Refus global, Le Devoir a rencontré Pierre Gauvreau, l’un des signataires, dans son atelier-résidence de Saint-Armand. Nous publions aujourd’hui des extraits de cette entrevue.


Il avait 25 ans le jour où il a décidé d’endosser Refus global. Cinquante ans après cette bouffée de rage envoyée à la face d’une société étouffant les écarts de conduite tapageurs, Pierre Gauvreau évoque le brûlant texte avec des pointes de déception dans la voix. Il s’agissait d’un cri de révolte en 1948; malgré un contexte différent, ça l’est encore aujourd’hui. Parce que la société persiste à faire la sourde oreille.


«La société dans laquelle on était obligés de vivre était néfaste parce qu’elle nous empêchait de vivre les aventures de notre époque. Nous considérions que les religions, comme systèmes d’explication de l’univers, étaient largement dépassées et qu’elles servaient à maintenir les gens dans l’ignorance. Quand on sort d’une guerre qui a duré cinq ans et qu’on retombe dans une société dirigée par Maurice Duplessis, avec la Loi du cadenas, les évêques, les dénonciations, la censure et tout ce que vous voulez, c’est inacceptable, ça révolte! Refus global est arrivé au moment où on a dit: « On ne peut plus endurer ça sans protester. »»


[…] «Au point de vue fondamental, rien n’a changé. Absolument rien. Refus global, c’était un refus généralisé d’aborder la question de la religion, et on ne l’aborde toujours pas. Les questions posées par Gauguin: « D’où venons-nous? Que sommes-nous? Où allons-nous? », on n’y a pas répondu. La société dans laquelle nous vivons actuellement base sa prospérité sur le fait qu’elle nous garantit que nous n’avons aucune question à nous poser.»



Société de consommation


Pierre Gauvreau a transféré sa rébellion, jadis portée sur le pouvoir de la religion, sur cette «société de consommation» qui a pris le relais comme «occultrice» d’idéaux.


Cette même société commande une célébration autour de la parution du manifeste «alors qu’il n’y a rien à célébrer. Voilà une des absurdités de la société de consommation: décider de célébrer quelque chose tout simplement à cause d’une date. C’est une attitude primaire, pour ne pas dire primitive, que de célébrer quelque chose uniquement sur la base d’une date anniversaire. Mais tout ça ne dénote absolument aucun intérêt pour le contenu du manifeste, ni même son histoire. Je suis d’ailleurs toujours assez surpris de rencontrer des gens qui ont des opinions très arrêtées sur Refus global mais qui — et on s’en rend compte en grattant un peu — ne l’ont même jamais lu.»



Les mythes de Refus global


[…] Pierre Gauvreau se rappelle le long silence qui a suivi la publication du manifeste, un mutisme d’autant plus difficile pour ceux des signataires, comme lui, qui sont restés au pays, n’optant pas pour la voie de l’exil. «Bien sûr, on ne s’attendait pas à ce que tous les gens qui fréquentaient nos expositions, les journalistes qui avaient des positions assez critiques sur Duplessis, nous emboîtent le pas. Mais un silence tel que celui qu’on a observé, pendant près de 20 ans? Non, on n’aurait pas pu prévoir cela.»


Dans Le Devoir du 25 septembre 1948, Gérard Pelletier livre sa position sur le manifeste. «Nos amis nous pressent de formuler notre opinion sur cette profession de foi d’un groupe de jeunes. J’accepte même et trouve normal que ces jeunes automatisent avec férocité. Il est vrai que notre pays manque de maîtres, il est vrai qu’une grande inquiétude travaille la jeunesse et qu’elle cherche toute seule des voies qui débouchent sur la lumière.»


Pierre Gauvreau rigole: «C’est l’une des seules défenses que nous avons eues à l’époque. Il a fait un appel à l’indulgence en disant: « Pardonnez-leur, ces jeunes-là sont à la recherche de Dieu. » Un groupe d’entre nous a réagi en disant: « Ce n’est pas du tout cela. Et si Dieu existe, de toute façon, on est du bord du diable! »»


[…] Cinquante ans plus tard, les mythes circulent toujours autour de Refus global et s’enracinent. «On parle toujours de Borduas et de ses disciples, et l’image que ça charrie, c’est celle du maître et d’une dizaine de petits gars autour qui écoutent. Ce n’était pas la réalité! On était adultes. Moi, je revenais d’un séjour outre-mer où j’avais servi comme officier: est-ce que ça ne faisait pas de moi un adulte, ou juste un petit gars qui suivait Borduas?»



Un cri à entendre


Manifeste nationaliste, Refus global? «Jamais! Borduas a déjà dit qu’il haïssait les nationalistes!» Manifeste né de la pensée d’un groupe structuré? «Nous ne formions pas une association ou un club sélect, contrairement à ce que croient les gens. C’était disparate, très lâche comme structure. Tout ce qui nous regroupait, c’était la voie de l’automatisme, chercher à s’exprimer le plus librement possible en tant qu’individus.» Manifeste, oeuvre des peintres automatistes? «On oublie tous les autres! Il y avait ce psychiatre, très connu de par le monde, Bruno Cormier, et puis les femmes, qu’on a eu tendance à oublier.»


Dans son atelier de Saint-Armand, oasis de lumière et de fleurs propices à la création sous toutes ses formes, Pierre Gauvreau hausse le ton et lève le poing lorsqu’on lui demande s’il garde espoir que le cri soit entendu. «Garder espoir? Bien sûr que je garde espoir! Dieu n’existe pas, merde! Dieu n’existe pas! On ne va pas continuer à dire le contraire parce que quelqu’un va nous taper sur les doigts ou parce que ça fait pleurer maman! Il faut devenir adultes à un moment donné, non? La société n’a pas le choix. Elle peut bien retarder et repousser l’échéance, mais la question la rattrapera bien un jour.»



Marie-Andrée Chouinard
Le Devoir


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Salut! Pierre Gauvreau
Catherine Perreault, Le Blogue ONF.ca, le 8 avril 2011


Un très grand Québécois vient de nous quitter. Tour à tour artiste peintre, auteur, réalisateur et cinéaste, Pierre Gauvreau laisse derrière lui une œuvre colossale et un héritage artistique qui a su marquer la scène culturelle et médiatique québécoise. Il est décédé hier soir d’insuffisance cardiaque à l’âge de 88 ans. Lire.


'Quand le miroir répond / Les crevasses incantatoires' (1955) par Pierre Gauvreau

Les évangélistes appuient les conservateurs

On l’ajoute à la liste :


OTTAWA – Les groupes évangélistes s’invitent dans la campagne électorale. Un regroupement d’associations ultra-religieuses du pays a lancé un site Internet invitant les croyants à s’impliquer dans l’élection pour donner un coup de main aux candidats ayant endossé les projets de loi pro-vie à la Chambre des communes. Un seul québécois se qualifie à leurs yeux: le candidat conservateur dans Brome-Missisquoi, Nolan Leblanc Bauerle.


Le groupe «On it! Vote, pray serve» (On s’y attaque: votons, prions, servons) a été révélé au grand jour aujourd’hui par Radio-Canada. Le mouvement rassemble les groupes tels que REAL Women et 4MyCanada, qui prônent le retour aux valeurs traditionnelles, ou encore le groupe pro-vie Campaign Life Coalition. L’avortement, l’euthanasie, le mariage homosexuel et la reconnaissance des droits des personnes transgenres sont dans leur mire.


Sur le site, chaque député fédéral sortant est évalué selon son vote sur neuf initiatives: le mariage homosexuel (2005 et 2006), le rehaussement de l’âge du consentement sexuel de 14 à 16 ans, la reconnaissance d’une deuxième victime lorsqu’une femme enceinte est attaquée, l’imposition de peines minimales pour le trafic d’enfants, l’euthanasie, le financement des avortements à l’étranger dans le cadre du sommet du G8, la criminalisation du fait de contraindre une femme à se faire avorter et la reconnaissance du changement de sexe comme motif interdit de discrimination.



Les bloquistes, ces impies


Au total, les élus conservateurs sortent triomphants de cette analyse: 82 d’entre eux obtiennent une note parfaite et 53 autres obtiennent une note de passage. Seuls Lawrence Cannon et Josée Verner obtiennent un «F».


À l’autre extrémité, le Bloc québécois ne trouve jamais grâce aux yeux de On it! Les 45 députés évalués obtiennent tous un échec, sans exception. Les libéraux ont 54 échecs, trois notes parfaites (John McKay, Dan McTeague et Alan Tonks) et 18 notes de passage. Le NPD obtient 33 échecs et deux notes de passages, mais aucun «A».


Le site, qui se dit non-partisan, poursuit en fournissant une longue liste de candidats à l’élection méritant l’aide des électeurs mettant Dieu au sommet de leurs priorités politiques. La presque totalité sont conservateurs. Un seul candidat se qualifie au Québec. Il s’agit du conservateur Nolan Leblanc Bauerle. Le site mentionne qu’il a manifesté de «fortes valeurs familiales». M. Leblanc Bauerle tente de déloger le Bloc québécois dans Brome-Missisquoi.


Le site invite les militants religieux à s’impliquer dans le processus démocratique. Il suggère de devenir bénévole pour les députés ayant voté de la bonne manière sur les questions morales. Il propose de s’impliquer dans les circonscriptions où le résultat risque d’être serré afin d’aider le candidat moral à l’emporter. Il recommande aussi de contacter Élections Canada pour travailler le jour de l’élection ou encore de devenir scrutateur pour un des candidats.


Le site, enfin, dresse une liste de lieux de prière à caractère politique. Il suggère aussi aux gens de consulter le site électoral du réseau CTV, le seul média grand public cité sur le site.



Hélène Buzzetti
Le Devoir

La polémique sur la prière à Saguenay rattrape la campagne du Bloc

MÉTABETCHOUAN-LAC-À-LA-CROIX – Le maire de Saguenay Jean Tremblay a parfaitement le droit de se battre pour réciter la prière à l’Hôtel de ville, a soutenu Gilles Duceppe, aujourd’hui


La croisade du maire Tremblay en faveur de la prière catholique a rattrapé la caravane électorale du Bloc québécois, de passage cette fin de semaine au Saguenay-Lac-Saint-Jean.


Alors que des candidats conservateurs affichent ouvertement leur sympathie pour la cause du maire de Saguenay, les candidats bloquistes préfèrent la discrétion, refusant d’alimenter la polémique.


Le député sortant de Chicoutimi-Le Fjord, Robert Bouchard, et les candidats Pierre Forest (Jonquière-Alma) et Claude Pilote (Roberval-Lac-Saint-Jean) ont choisi des ne pas étaler leur opinion sur la question, a indiqué le chef du Bloc, Gilles Duceppe, en point de presse à Métabetchouan-Lac-à-la-Croix.


«C’est leur choix, je leur ai demandé ce matin. Il y a un cas devant la cour et la cour jugera. En société démocratique, on doit vivre avec les jugements de cour, c’est comme ça que se passe et nos députés respecteront ce jugement», a dit M. Duceppe, entouré de ses candidats, sur les terres d’une vaste entreprise familiale agricole.



Un dossier épineux


Sous le couvert de l’anonymat cependant, des bloquistes bien en vue dans la région ont confié «marcher sur des œufs» dans ce dossier épineux qui suscite des réactions partagées et émotives au Saguenay-Lac-Saint-Jean.


Même M. Duceppe, un défenseur convaincu de la laïcité et de la séparation de l’Église et de l’État, semblait ce matin vouloir ménager la susceptibilité du maire. Ainsi, loin de critiquer la croisade de M. Tremblay pour la récitation du Notre Père au conseil de ville, le chef du Bloc a défendu son droit inaliénable de faire appel aux tribunaux pour défendre ses vues.


«C’est une question de droit, il a le droit d’utiliser les recours juridiques à sa disposition. Nous ne sommes pas dans une société où certains auraient le droit d’utiliser des recours et d’autres pas. C’est peut-être la volonté de M. Harper dans bien des cas mais ce n’est pas la mienne», a insisté le leader du Bloc.


Le maire de Saguenay conteste une ordonnance du Tribunal des droits de la personne de retirer le crucifix et de mettre fin à la prière dans la salle du conseil.


Parmi les conservateurs qui voient d’un bon oeil la cause du maire Tremblay figure le député sortant de Jonquière-Alma et ministre de l’Agriculture et des Anciens Combattants, Jean-Pierre Blackburn. Le premier magistrat de Saguenay a exercé un «leadership important» dans un débat qui, aux yeux de M. Blackburn, met en relief les valeurs collectives issues de la religion catholique.


Après avoir refusé une première fois de se prononcer sur la question, le candidat bloquiste Claude Pilote a finalement déclaré aux journalistes qu’il partageait la position de son chef sur la laïcité et la nécessaire séparation des affaires de la foi et de la Cité.


Selon lui, cette affaire de prière à l’Hôtel de ville de Saguenay préoccupe fort peu les électeurs de la région. «Il n’y a aucun enjeu sensible de ce coté-là, je fais du porte-à-porte, (je visite ) des usines, des industries et je n’ai eu aucune question sur ce dossier», a-t-il dit.



Agriculture


Les électeurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean ont certes d’autres chats à fouetter, comme les effets du déclin de l’industrie forestière et le manque de relève agricole. À cet égard, le chef du Bloc a proposé une série de mesures totalisant 100 millions de dollars pour favoriser la relève en agriculture.


M. Duceppe suggère en outre d’accroître la déduction pour gains en capital de façon à encourager le maintien des activités agricoles, d’aplanir les obstacles au transfert et à l’acquisition des fermes et de constituer un régime d’épargne-transfert agricole avec contribution de l’État.


Aussi, le Bloc demande au gouvernement fédéral de transférer au Québec une enveloppe récurrente pour favoriser la relève dans le secteur agricole.



La Presse canadienne
Le Devoir

http://www.ledevoir.com/politique/elections-2011/320797/la-polemique-sur-la-priere-a-saguenay-rattrape-la-campagne-du-bloc

À la droite de Harper


Reportage de l’émission Enquête présenté sur les ondes de Radio-Canada, jeudi le 10 février 2011


‘Ils mènent une lutte à finir contre l’avortement et le mariage gai. Ils sont persuadés que nous vivons dans un univers décadent sous l’emprise du péché. Ils croient que la fin du monde approche et que le Canada est prédestiné à jouer un rôle de premier plan dans le retour du Christ sur terre.


Ces chrétiens évangéliques ont un accès privilégié à Ottawa. En outre, plusieurs députés conservateurs, eux-mêmes très religieux, s’affichent publiquement dans des manifestations de ces chrétiens born again, qui tentent d’influencer des décisions du gouvernement Harper.’


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Des fous de Dieu chez les conservateurs
Hélène Buzzetti, Le Devoir, 7 avril 2011


OTTAWA — Taïwan, janvier 2011. Christine Smith (nom fictif) est à bord d’un avion quand soudainement elle se sent mal. La députée libérale fédérale est allergique aux fruits de mer et elle a mangé plus tôt dans un restaurant où flottait une forte odeur de fumet de poisson. Pourtant, ce n’est pas tant le choc anaphylactique de leur collègue qui ébranle les autres députés présents que la réaction des trois élus conservateurs. Non, Mark Warawa, Jeffrey Watson et Blaine Calkins n’ont pas prodigué des soins médicaux. Ils se sont plutôt approchés de la malade, se sont agenouillés, ont apposé leurs mains sur sa tête et ont… entamé des incantations et des prières.


Cette anecdote est peu connue sur la colline parlementaire, et pour cause. Ceux qui ont été témoins de la scène ont été choqués de ce réflexe religieux contre-productif (l’attroupement nuisait à la respiration de la députée), mais ils hésitent à le dénoncer de peur d’être taxés d’intolérance. La principale intéressée a demandé à ce que son nom ne soit pas utilisé afin de préserver la confidentialité de son dossier médical.


«Pour être honnête, j’ai eu beaucoup de difficulté à garder mon sérieux, raconte au Devoir un des témoins. C’était tellement aberrant, envahissant et franchement irrespectueux. […] On n’est pas habitués de voir cela dans notre pays.»


Il n’en reste pas moins que les députés de l’opposition sont de plus en plus mal à l’aise devant les manifestations de l’influence religieuse sur certains élus conservateurs dans le cadre des travaux parlementaires. Autre exemple: avant le déclenchement de la campagne électorale, le Comité permanent des ressources humaines menait une étude sur le soutien offert par Ottawa aux parents adoptifs. Le 17 février, quatre jeunes adultes adoptés comparaissent pour raconter leur expérience. Le député Maurice Vellacott prend alors la parole pour révéler qu’il a lui aussi été adopté.


«J’ai aussi une famille biologique affectueuse avec laquelle j’ai vécu toute ma vie. Quand je dis que j’ai été adopté, je veux dire que je l’ai été par un père céleste. Ainsi, même quand je suis loin de mes parents terrestres, dans d’autres régions du monde ou du pays, ma famille indéfectible veille toujours sur moi.»


M. Vellacott a ensuite évoqué le «lien de la foi». «Il est beaucoup question de l’adoption dans la Bible, un ouvrage que vous aurez peut-être l’occasion de consulter un jour. C’est pour cette raison que je suis très favorable à l’adoption et que je l’appuie entièrement. Dieu le père adopte les humains depuis des milliers d’années, bien avant… Qu’est-ce qui vient en premier, l’oeuf ou la poule, l’humain ou l’adoption divine? Je crois que c’est cette dernière qui précède tout. Pour cette raison, je crois que les membres du comité devraient favoriser l’adoption pour les principes fondamentaux sur lesquels elle repose.»


Au moins un député siégeant au comité s’est dit «estomaqué» et «choqué». «Nous n’avons pas à mêler religion et État», fait-il valoir.



Opus Dei


Alors que l’élection fédérale bat son plein, la question se pose toujours. Par exemple, Nicole Charbonneau Barron, une ancienne porte-parole du mouvement catholique ultraradical Opus Dei, est encore une fois candidate pour le Parti conservateur dans Saint-Hubert-Saint-Bruno.


La Twittosphère s’est enflammée la semaine dernière lorsque des usagers ont retrouvé un article de 2009 du Globe and Mail racontant que le ministre des Sciences et de la Technologie, Gary Goodyear, refuse de dire s’il adhère ou non à la théorie de l’évolution parce que cela relève de sa «religion».


La candidate conservatrice dans Compton-Stanstead, Sandrine Gressard Bélanger, fait parler d’elle sur la blogosphère à cause de sa façon d’invoquer «l’univers» pour régler ses problèmes d’argent. «On fait une demande à l’univers, on essaye d’être le plus précis possible dans notre demande et on dit merci à l’univers comme si c’était réglé.»


Récemment, l’émission Enquête de Radio-Canada a révélé que la militante religieuse Faytene Kryskow a obtenu du député conservateur Rob Bruinooge un laissez-passer de la Chambre des communes lui permettant de circuler librement dans l’édifice du parlement. Seulement 25 laissez-passer du genre sont en circulation. Mme Kryskow dirige 4MyCanada, un organisme prônant le retour aux valeurs traditionnelles au Canada, mais le tout enrobé dans une sauce mystique. Elle organise des prêches publics au cours desquels elle parle en «langues», une succession de sons insensés par lesquels l’Esprit Saint est censé se manifester. L’imposition des mains est fréquente. Mme Kryskow était présente au parlement le 13 mai 2010 pour filmer la conférence de presse de M. Bruinooge lançant la grande manifestation annuelle pro-vie.



Jason Kenney, l’avortement et le Klu Klux Klan


D’autres faits émergent à propos de l’actuel ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Jason Kenney. À titre de président du tribunal étudiant de l’University of San Francisco, il a été en 1989-1990 au coeur d’une controverse si grande qu’elle a eu des échos dans la presse régionale.


Au nom de ses principes catholiques, l’université avait tenté d’empêcher un groupe d’étudiantes en droit de distribuer des dépliants parlant d’avortement. Quand les jeunes femmes ont menacé d’intenter une poursuite judiciaire, l’université a reculé et adopté un code clarifiant les paramètres de la liberté d’expression sur le campus. Jason Kenney attaque sans relâche cette décision parce qu’elle mine les principes catholiques censés animer l’université. Dans un des textes d’opinion qu’il signe dans le journal de l’université, le Foghorn, le futur ministre explique sa position.


«On doit demander à ces valeureux défenseurs de la « liberté d’expression » s’ils seraient si actifs si c’était le Klu Klux Klan à qui l’université refusait l’accès. Si USF devait accepter ou appuyer les activités d’un groupe dont l’objectif est de légaliser le meurtre prénatal, sur quelle base pourrait-elle refuser une aide similaire à des groupes faisant la promotion du racisme? Sur quelle base refuserait-elle l’implantation d’une cellule Man-Boy Love Association qui demande la légalisation de la pédophilie? Sur quelle base pourrait-elle refuser l’accès à un club fasciste ou une cellule de l’Église de Satan? Seul un relativisme radical qui accorde plus d’importance aux règles qu’à la vérité pourrait justifier d’accepter de telles causes. Une telle approche n’a pas sa place dans une université catholique.»


Jason Kenney avait lancé une pétition demandant à l’Église de retirer son statut catholique à l’université. Au San Francisco Chronicle qui l’interrogeait sur ses motifs, M. Kenney avait répondu: «Si l’université n’est pas prête à offrir un environnement éducatif cohérent avec la foi catholique, elle devrait cesser de s’appeler « catholique ».» Au réseau CNN, M. Kenney avait dit que le groupe «détruit la mission de l’université». L’année précédente, M. Kenney avait tenté d’imposer la prière catholique au début de chaque rencontre du Sénat étudiant, mais l’initiative avait été défaite.


Au sein même de la direction de l’université, les activités du jeune Kenney et consorts étaient critiquées. Le San Francisco Bay Guardian avait publié en avril 1990 un article détaillant «le siège de la droite à USF». Un ancien professeur, Joseph Soehee, décrivait cette jeunesse illuminée ainsi: «Ils veulent le retour des années 50. Et par années 50, je ne veux pas dire les années 1950, je veux dire les années 1550: obédience, obédience, obédience.»


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Is the Christian right changing Canada?
Stephen Harper & The Armagedon Factor, The National