Jacques Godbout – De la révolution au déclin

Le Québec est-il toujours cette société post-Révolution tranquille surfant sur les acquis des années soixante sans savoir les renouveler? Cinquante ans plus tard, à l’heure des remises en question du modèle québécois, on a posé la question au cinéaste, romancier et intellectuel Jacques Godbout.


C’est la Cinémathèque québécoise qui nous inspire cette grande question. Pour souligner les 50 ans de l’entrée du Québec dans la « modernité », comme le dit l’expression consacrée, on y propose une série de projections de films relatifs à cette période. Au programme, entre autres: Patricia et Jean-Baptiste (1966) de Jean Pierre Lefebvre, Ti-Coeur (1969) de Fernand Bélanger, La Beauté même (1964) de Monique Fortier, De mère en fille (1967) d’Anne Claire Poirier, Trouble-fête (1964) de Pierre Patry et Kid sentiment (1967) de Jacques Godbout. Autant d’occasions de réinterroger l’héritage de cette période charnière.


En 1967, Jacques Godbout braquait sa caméra sur une jeunesse yé-yé, très américanisée, déjà fortement désensibilisée aux enjeux sociaux pour lesquels avaient lutté ses parents. Présage d’un avenir encore plus sombre? Aujourd’hui, du moins, Godbout ne se fait pas d’illusions sur les prétendus acquis de la Révolution tranquille. « Je pense que, bien souvent, les Québécois ne veulent pas regarder les choses en face. La Révolution tranquille s’est épuisée au début des années 80. On fait pour l’instant du surf sur une mer étale, mais nous ne vivons plus les soubresauts de la Révolution tranquille depuis au moins 30 ans. Pour moi, le « modèle québécois » est aussi mort et enterré. Il y a eu un enrichissement global de la société dont nous jouissons toujours, mais ce n’est même pas dû à la Révolution tranquille; c’est dû à l’après-guerre et à l’industrie nord-américaine en plein essor dans cette période. L’héritage intellectuel qu’on a pu laisser, lui, me semble s’être dispersé, et même presque éteint, pour être remplacé par un tout-au-divertissement qu’encourage aujourd’hui même la télévision d’État. La génération de la Révolution tranquille s’est installée avec beaucoup de bonheur dans le spectacle qu’elle se donne d’elle-même. »


Porter son regard sur la Révolution tranquille ne nous mène-t-il donc qu’à constater notre échec à en sauvegarder les acquis? « Pas sur tous les plans, dit Godbout, mais il faut bien se rendre compte que même l’interventionnisme étatique, une mesure salutaire que j’applaudis toujours, a pris chez nous des proportions dérangeantes. Ça fait de nous des assistés culturels et des assistés sociaux, on finit toujours par accuser le gouvernement quand survient un problème collectif. Je pense que c’est une mauvaise habitue qu’on a prise. »



Culture inc.


Scénariste et réalisateur permanent à l’Office national du film pendant plusieurs années, le cinéaste Godbout en a aussi long à dire sur les institutions culturelles créées pendant la Révolution tranquille, qui embrassent aujourd’hui des objectifs plus commerciaux qu’artistiques. « Il est évident que l’ONF n’est plus au service du cinéma québécois ou canadien, mais au service des compagnies de télécommunications. Quand on produit des films d’abord pour les téléphones intelligents, il est clair qu’on a perdu de vue une grande partie des objectifs artistiques et intellectuels du cinéma. Dans ce cas précis, on peut lancer la pierre au gouvernement Harper, qui joue franchement la carte du commerce, mais de toute façon, le mouvement nord-américain est tellement puissant dans ce sens que je ne vois pas comment on peut y résister. »


Nous voici donc de retour à la case départ? La culture québécoise serait hautement menacée, non pas seulement par le voisin anglophone, mais par les imperturbables lois du marché? « Oui, dit Godbout, mais ne soyons pas fatalistes. La culture québécoise est vouée à une sorte de spécialisation. Il y en aura de moins en moins, et de moins en moins d’occasions de la rencontrer, mais il y aura toujours des gens pour la faire vivre et la déguster. »


Il y a du moins là « un défi de taille pour la génération des moins de 40 ans », qui a la tâche de redynamiser les institutions québécoises et de réunir à nouveau les Québécois autour d’enjeux collectifs. « Cette génération n’a pas l’avantage du nombre, dit Godbout, mais j’ai plutôt confiance en elle. Ces hommes et femmes sont plus instruits que ceux qui les ont précédés, ils sont plus exigeants, ils ont mieux voyagé, ils ont plus d’instruments qu’autrefois, et il leur revient de changer la société. Je ne sais pas si on doit faire une nouvelle révolution, mais je sais que ce que la Révolution tranquille peut encore suggérer, c’est qu’il y a des périodes où l’espoir, quand il est partagé par tout le monde, peut bouleverser pas mal de choses. »


Il y a 50 ans… la Révolution tranquille
Encore trois soirées de projection, les 21, 28 septembre et 5 octobre
Détails sur la programmation: cinematheque.qc.ca



Philippe Couture
Voir.ca

Pope’s Visit Marked by Lower Attendance

September 14, 2010 on C4 News

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En visite en Grande-Bretagne à compter de jeudi – Le pape fait l’éloge du cardinal Newman

Agence France-Presse, Le Devoir, 13 septembre 2010

‘Par ailleurs, selon un sondage de la BBC publié hier, les catholiques britanniques sont persuadés que la visite du pape Benoît XVI au Royaume-Uni cette semaine va renforcer l’Église dans le pays, même si leur foi a été ébranlée par les scandales sur des sévices sexuels’ …

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Vatican : The Hidden World

 
Aired September 15, 2010 on BBC HD

To mark the Papal visit to the UK, a camera crew have spent a year filming a world that few have ever seen. With unprecedented access to the Vatican and the people who live and work there, this is a unique profile of the heart of the Catholic Church and the world’s smallest Sovereign State.

Archivists reveal the Vatican’s secrets, including the signed testimony of Galileo recorded by the Inquisition. A Cardinal journeys deep below St Peter’s Basilica to inspect the site claimed to be tomb of the Saint himself, and curators share a private viewing of Michelangelo’s extraordinary decoration of the Sistine Chapel.

An intriguing behind-the-scenes look at the workings of one of the world’s most powerful and mysterious institutions.

Brûler le Coran, «un geste idiot et dangereux»


WASHINGTON – Le fait de brûler le Coran, comme prévoit de le faire un groupe évangélique américain pour marquer l’anniversaire des attentats du 11-Septembre, serait «idiot et dangereux», a affirmé mardi le ministre de la Justice américain Eric Holder.


Le ministre de la Justice américain s’adressait à des responsables religieux à Washington au cours d’une rencontre organisée pour étudier les pistes permettant de mettre fin aux violences contre les personnes ou les institutions perpétrées pour des motifs religieux.


Le «Dove World Outreach Center» («Centre colombe pour aider le monde»), groupe fondamentaliste chrétien basé en Floride, prévoit de brûler en public un exemplaire du Coran samedi à Gainesville à l’occasion du neuvième anniversaire des attentats du 11-Septembre.


Le projet a suscité mardi de fermes mises en garde de par le monde, les États-Unis disant craindre pour la vie de leurs soldats en Afghanistan et craignant une montée du sentiment anti-islam en sol américain.



Agence France-Presse
Cyberpresse


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Aussi à lire sur le sujet :


Far From Ground Zero, Obscure Pastor Is Ignored No Longer
Damien Cave, The New York Times, 25 août 2010


3 Reasons the « Ground Zero Mosque » Debate Makes No Sense
Craked.com, 20 août 2010


MAJ : Le pasteur américain Terry Jones renonce à son projet de brûler le Coran
Le Monde, 9 septembre 2010