CITÉ DU VATICAN — Le Vatican prépare une lettre pour les évêques du monde entier contenant des directives contre la pédophilie dans le clergé, a annoncé hier le Saint-Siège après une réunion de cardinaux qui a déjà suscité la vive déception d’une association de victimes. L’ensemble des cardinaux de la planète avaient été conviés par le pape à une «réunion de prière et de réflexion» sur plusieurs thèmes, dont, pour pour la première fois, celui des abus sexuels commis par des religieux.


À l’issue de cette rencontre, le Vatican a indiqué qu’il préparait une «circulaire» aux évêques du monde entier avec des directives pour «un programme coordonné et efficace» contre la pédophilie dans le clergé. En exposant le sujet devant ses pairs, le cardinal William Levada a pris l’exemple du pape pour «l’écoute et l’accueil des victimes» et mis l’accent sur «la collaboration avec les autorités civiles» et «l’attention dans la sélection et la formation des futurs prêtres et religieux».


Au cours des débats, des cardinaux ont suggéré d’«aller voir ce qui se passait» dans les pays du Sud, selon les termes du cardinal français Jean Vingt-Trois, alors que les scandales révélés ces douze derniers mois ont éclaté en Europe et aux États-Unis.


«Malheureusement, nous sommes toujours dans l’attente [de nouvelles mesures] et les enfants sont encore vulnérables», a aussitôt réagi l’Association américaine de victimes SNAP.


«Nous n’avions pas beaucoup d’espoir sur cette rencontre car ces hommes d’église sont les mêmes qui ont ignoré et caché, et continuent d’ignorer et cacher, les crimes horribles contre les enfants», a ajouté l’association, qui espérait toutefois que «la hiérarchie catholique […] «prenne de véritables mesures», comme la remise à la justice de tous les prêtres coupables. Dans la journée, une poignée de victimes avaient protesté devant la presse place Navone à Rome en brandissant leurs photos d’enfance.


Au cours de cette réunion à laquelle participaient quelque 150 cardinaux, parmi lesquels les 24 nouveaux qui ne recevront leur «barrette» (toque) pourpre qu’aujourd’hui, le thème de la liberté religieuse a occupé une large place. Un thème d’une brûlante actualité après le massacre de 44 fidèles et de deux prêtres, commis en pleine messe le 31 octobre dans la cathédrale syriaque catholique de Bagdad par un commando d’Al-Qaïda qui a décrété les chrétiens «cibles légitimes».



AFP
Le Devoir