Le Vatican durcit les règles contre la pédophilie

CITE DU VATICAN – Le Vatican a durci jeudi les règles contre la pédophilie au sein du clergé, introduisant des procédures accélérées pour les cas les plus urgents, augmentant de 10 ans la durée de la prescription et assimilant les abus sexuels sur des handicapés mentaux à la pédophilie.


Ces nouvelles normes prévoient en particulier «des procédures accélérées pour régler les cas les plus urgents et graves», a précisé le Vatican dans un document baptisé «normes sur les délits les plus graves» et présenté par le porte-parole, le père Federico Lombardi.


La procédure accélérée permet de remplacer la procédure judiciaire normale par un «décret extra judiciaire» ou de présenter au pape les cas les plus graves en vue de la réduction du prêtre à l’état laïc, a précisé le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi, lors d’un point de presse.


Les règles portent par ailleurs la prescription des faits de dix à vingt ans après l’accession à la majorité de la victime. En outre, la possibilité de dérogation, pour allonger encore cette prescription, qui était déjà prévue, est maintenu, a souligné le père Lombardi.


Le texte «assimile l’abus sexuel sur des handicapés mentaux à celui sur mineurs», et «introduit le délit de pédopornographie», pour possession de matériel concernant des jeunes jusqu’à 14 ans.


Il prévoit aussi la possibilité de faire appel à des laïcs comme membres des tribunaux ecclésiastiques.


Toutefois, les nouvelles procédures ne comprennent pas un «ordre explicite», pour les Églises locales concernées de s’adresser à la justice civile.


«S’en tenir à ce qui est prévu par les lois civiles fait partie des indications fournies par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dès les phases préliminaires de l’enquête canonique, comme cela est expliqué dans le Guide publié il y a quelques temps», rappelle simplement jeudi le Vatican.


Cette publication «offre un texte juridique officiel mis à jour et valable pour toute l’Église», a relevé le père Lombardi, soulignant que «l’Église est aujourd’hui fortement engagée à agir avec rigueur et transparence» en ce qui concerne la pédophilie de ses membres, une «douloureuse expérience».


L’Église catholique est secouée depuis plusieurs mois par une avalanche de scandales pédophiles commis en son sein, tant en Amérique du Nord et du Sud qu’en Europe.


Les nouvelles règles, élaborées par la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), présidée par le cardinal américain William Levada, et contresignées par le pape Benoît XVI, actualisent un motu proprio (décret) de Jean Paul II d’avril 2001, complété par un texte du pape actuel, à l’époque responsable de la CDF. Le motu proprio de Jean Paul II de 2001 vise à la « protection de la sainteté des sacrements » et charge la CDF des «délits les plus graves commis contre les moeurs ou dans la célébration des sacrements».


Le texte de la CDF complétant le motu proprio les énumère: pédophilie par un homme d’Église et atteinte aux sacrements de l’eucharistie et de la pénitence.


Le Vatican a aussi actualisé dans le même texte ses règles vis à vis des sacrements et a ainsi inscrit la tentative d’ordination de femmes, qui entraîne déjà l’excommunication automatique, parmi les délits les plus «graves». Il aborde aussi les «délits contre la foi» que sont, à ses yeux, «l’hérésie, l’apostasie et le schisme».



Agence France-Presse
Canoe Infos



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MAJ 19 juillet 2010 :


Google: «Vatican» mène vers un site pédophile


Une recherche effectuée sur le moteur de recherche Google avec le mot clé «Vatican» renvoie sur un site intitulé www.pedofilo.com, a constaté samedi l’AFP.


Selon l’agence italienne Ansa, ce phénomène a été relevé quelques heures plus tôt dans la journée. Interrogée par l’agence, une porte-parole de Google n’a pas pu confirmer s’il s’agissait d’une attaque informatique contre le site du Vatican. Le Vatican a publié jeudi de nouvelles règles plus dures contre les prêtres pédophiles, mais les victimes les jugent encore insuffisantes.



Agence France-Presse
Le Devoir

Tranquillement, pas vite (1972) de GUY L. CÔTÉ

Tranquillement, pas vite
Guy L. Coté, Canada, 1972, 148 min 11 s

 

Long métrage documentaire en deux parties sur l’évolution de la religion au début des années 1970, Tranquillement, pas vite (1re partie) – Que s’est-il donc passé? retrace la désagrégation et la mutation rapides de la religion catholique au Québec. Des paroissiens se réunissent et discutent de l’avenir de leur église, de sa chapelle et de ses services. Le manque de financement est au centre de la discussion, de même que la place accordée aux rassemblements communautaires payants, telles les parties de bingo, et le nombre croissant de prêtres se retrouvant sans emploi.

Tranquillement, pas vite (2e partie) – Communauté de base présente huit mois d’une expérience originale de reconstruction religieuse : celle de la communauté chrétienne de base, sise à Montréal.

 

Tranquillement, pas vite (1972) de Guy L. Côté

 

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Robert Mager: «l’État québécois n’a jamais été religieux» (June 23, 2010)

Vouloir sauver des églises sans se faire d’illusions

Les églises du Québec sont désertées. La grande majorité des couvents sont à vendre. Ici et là, des voix se font entendre pour sauver de la démolition ces monuments témoins de tout un pan de l’histoire du Québec. Historien de l’architecture, directeur de l’Institut du patrimoine, professeur, Luc Noppen est désormais l’heureux propriétaire, avec un groupe d’investisseurs, de l’église de Sainte-Brigide de Kildare, en voie d’être transformée en centre communautaire. À tous ceux qui s’élèvent contre la vente des églises par les fabriques ou, pire encore, contre leur démolition, il dit: «Organisez-vous en groupe et achetez-les.»


D’entrée de jeu, il précise cependant en entrevue: «Si vous avez un ami, ne lui donnez pas une église, vous allez le mettre en faillite.» Car une église ne vaut rien de plus que la valeur du terrain où elle est, précise-t-il. Et en plus, elle coûte cher. Pour les fabriques, les églises entraînent en moyenne des frais de 300 000 $ par année, divisés plus ou moins en parts égales entre le personnel et l’entretien du bâtiment. À cause de leur taille, les églises sont difficilement convertibles en condominiums, leurs murs n’étant pas conçus pour soutenir de nombreux étages.


Cela n’empêche pas Luc Noppen, belge d’origine, de souhaiter préserver les églises du Québec. Dans la jeune Amérique, plusieurs régions n’ont que l’église comme monument, faisait-il valoir avec des confrères en introduction du livre Quel avenir pour quelles églises?, publié aux presses de l’Université du Québec. Il propose que soient préservées 40 % des églises québécoises choisies. Choisies par qui? La question demeure. Car il faudra alors décider quelles églises sauver. Il y a présentement environ 3000 églises en difficulté au Québec, dont l’immense majorité ne sont évidemment pas classées comme monuments historiques. Et M. Noppen ne croit pas qu’il faille sauver toutes les églises à n’importe quel prix.


Il faut d’abord préciser à qui appartiennent les églises. Car elles sont bien privées, précise l’historien de l’architecture. En fait, les églises appartiennent aux fabriques, qui sont elles-mêmes souvent endettées envers le diocèse. Selon M. Noppen, il est par ailleurs complètement irréaliste de penser que l’État peut prendre en charge la totalité des églises du Québec. Croit-on vraiment que toutes les églises, déjà pratiquement vides, se rempliront spontanément de touristes sous le simple prétexte que l’on en a ouvert les portes?


Car il ne faut pas se faire d’illusions, ajoute-t-il. À moyen terme, on peut déjà prévoir que la presque totalité des églises du Québec n’auront plus ni budget, ni fidèles, ni même de prêtres pour y célébrer la messe. Si les citoyens sont attachés à leur église, il faudra que ce soient eux qui leur trouvent une vocation. «Nul besoin de quelque sentiment religieux pour ressentir de l’attachement à « son » église», précise-t-on encore dans Quel avenir pour quelles églises? Dans le cas de l’église du Très-Saint-Nom-de-Jésus, et de l’orgue magnifique qu’elle abrite, Luc Noppen avait proposé que l’on en fasse une sorte de «maison de l’orgue», où l’on dispenserait de la formation, par exemple. À ce jour, sa proposition n’a pas été retenue. L’expert est par ailleurs régulièrement sollicité par des municipalités ou par des citoyens soucieux de l’avenir de leur patrimoine religieux. Alors que le Conseil du patrimoine religieux du Québec, un organisme financé par le gouvernement du Québec peut offrir jusqu’à 70 % du budget de restauration de l’immeuble, la plupart des fabriques n’ont même pas les 30 % supplémentaires nécessaires à la réalisation des travaux…



L’église doit redevenir communautaire


Or, «l’église peut et doit redevenir communautaire», poursuivaient Luc Noppen et son équipe, dans Quel avenir pour quelles églises? Dans l’église Sainte-Brigide, on devrait donner sous peu des cours de cirque, la hauteur des murs favorisant les parcours de trapèze… Le projet, qui inclut le presbytère, compte également la construction de logements destinés à des familles haïtiennes.


Quant aux couvents québécois, dont la majorité sont également à vendre, ils appartiennent aux communautés religieuses, qui sont également en déclin. Celles-ci, qui regroupent pratiquement toujours des femmes, ont en effet fait faire des prévisions démographiques alarmantes prévoyant leur disparition à moyen terme. Les communautés doivent également assurer le soutien infirmier et hospitalier de leur population vieillissante. Ces frais peuvent équivaloir à 65 000 $ par personne par année, pour un groupe dont les placements ont souvent fondu au cours des dernières années comme neige au soleil. Les communautés religieuses masculines ont pour leur part déjà largement procédé au transfert de la plupart de leurs membres, et la gestion des couvents demeure essentiellement un problème féminin, dit M. Noppen.


Il faut sans doute ici tenir compte de la sensibilité des Québécois par rapport à la gestion de leur patrimoine religieux. On fait moins de cas, à Toronto, par exemple, de la démolition d’une église ou de sa conversion en condos, dit M. Noppen. Le Québec ne remporterait cependant pas, contrairement à la croyance populaire, le championnat du nombre d’églises par habitant. On n’y compte en effet qu’une église pour 1250 habitants, alors que l’Ontario en compterait une pour 850 habitants, et l’île du Prince-Édouard une pour 450 habitants, ajoute-t-il.


Reste que pour convertir une église en centre communautaire, il faut procéder à sa désacralisation. Encore là, des aménagements avec l’église, si certains cultes sont encore pratiqués, peuvent toujours être possibles.


«L’angélisme n’est plus de mise», comme l’indiquait Luc Noppen toujours en introduction de son livre. «Si l’on veut sauver le patrimoine ecclésial, il va falloir convertir les églises, leur trouver un nouvel usage qui permette d’équilibrer revenus et dépenses. Et on devra toutes les convertir: celles qui sont ou seront désaffectées par le culte — à terme elles le seront presque toutes — et les quelques autres qui resteront ouvertes au culte.»


Les églises devront donc, pour survivre, se trouver un autre destin.



Caroline Montpetit
Le Devoir