Black & White footage of the Museum Of Witchcraft in the late 1960`s whilst it was under the ownership of CECIL WILLIAMSON.
Black & White footage of the Museum Of Witchcraft in the late 1960`s whilst it was under the ownership of CECIL WILLIAMSON.
June 21, 2010 on ABC Nightline: A prominent Catholic priest, praised by Pope John Paul II as « an efficacious guide to youth, » Father Marcial Maciel, sexually abused not only young seminarians under his control but also abused his own children, according to a lawsuit filed today in Connecticut by a man who claims to be Maciel’s son.
In an interview to be broadcast Monday evening on ABC News Nightline, the priest’s son, Raul Gonzalez, 30, says he thought his father worked for the CIA or an international oil company, until he saw the priest’s picture in a 1997 magazine article detailing allegations of sexual abuse.
« My mom said, ‘Is that you?’ and my dad said, ‘No, it’s not me’ and my mom said, ‘Yeah, it’s you,' » recalled Gonzalez in the interview, conducted by Jason Berry, an investigative journalist who first reported on widespread sexual abuse by Maciel at the Legion of Christ and writes for the National Catholic Reporter.
The Legion of Christ has acknowledged that Father Maciel fathered at least one child as a priest.
Anna Schecter & Brian Ross
ABC News
June 22, 2010 on NewsChannel 36
‘Godless’ Billboards Appear in North Carolina.
July 2, 2010 on Fox News
Professeur de la faculté de théologie et de sciences religieuse de l’université Laval, Robert Mager a publié en février (avec Serge Cantin) Modernité et religion au Québec. Où en sommes-nous? (PUL).
1) Considérons d’abord l’influence sociale et politique de la religion. Étant données la sécularisation de la culture et la laïcisation de l’État, le Québec est-il devenu une société quasi postreligieuse?
Permettez-moi deux remarques initiales. D’abord, qu’entend-on par «religion»? Ceux qui en parlent visent tantôt des croyances, tantôt des prescriptions morales, tantôt des organisations. La religion comporte encore bien d’autres aspects : des représentations du monde, des traditions, des pratiques rituelles, des utopies, des temps, lieux et objets sacrés, des héros, des théologies. En outre, non seulement «la religion» n’existe-t-elle qu’à travers des religions particulières, mais chacune d’entre elles réfère, en fait, à plusieurs réalités socioculturelles concrètes très différentes les unes des autres. Le terme «religion» renvoie ainsi à un ensemble de réalités complexes. Il faudrait faire les mêmes remarques concernant «le Québec», qui comprend à la fois un territoire, un État, une société, une culture, une histoire, etc.
Ensuite, quand on considère l’histoire humaine dans sa globalité et l’humanité actuelle en sa diversité, on constate que la religion est un fait massif, puissant, structurant la société et la culture. Quoi que l’on pense de ce phénomène (est-il indépassable ? doit-il au contraire être dépassé ? n’est-ce pas ce qui se produit en Occident ?), il faut d’abord en reconnaître l’ampleur et la portée d’ensemble. La religion n’est pas une simple affaire de croyances et d’affiliation personnelles, comme plusieurs tendent à l’imaginer. Elle ne l’a jamais été.
Ces remarques invitent à donner une réponse nuancée à votre question. En ce qui concerne une «laïcisation de l’État», je n’ai pas l’espace ici pour traiter de ce sujet sérieusement ; il faudrait d’abord indiquer que l’État québécois n’a jamais été religieux, ni inféodé au pouvoir religieux, quelle qu’ait été l’influence du clergé catholique pendant une certaine période.
Ceci dit, il est clair que quelque chose est derrière nous, à savoir l’encadrement social exercé par l’Église catholique et son influence sur les consciences qui ont été prédominants durant, grosso modo, une centaine d’années. En ce sens, une sécularisation de la culture et de la société s’est bel et bien produite. Définit-elle pour autant un Québec «postreligieux» ? Le phénomène religieux continue de se manifester de toutes sortes de manières, et à toutes sortes de niveaux. À certains égards, le Québec demeure profondément religieux ; à d’autres, il présente une inventivité religieuse empruntant des voies typiquement modernes (subjectives, individualistes, etc.).
2) Comment se démarque le Québec dans ses rapports à la religion? La société québécoise se distingue-t-elle de ce point de vue du reste du Canada?
Le cas québécois me paraît très particulier. Nous avons connu la prédominance d’une religion, le catholicisme, dans un continent plutôt caractérisé par le côtoiement pacifique de nombreuses minorités religieuses. En cela, notre situation s’apparente davantage à celle de l’Irlande, de l’Espagne et de la Pologne qu’à celle des autres provinces canadiennes et des États-Unis. Nous sommes également une «société distincte» par le lien particulier, historique, qui s’est créé entre le catholicisme et la nation canadienne-française et ce, de deux manières correspondant à deux périodes : au moment de la fondation, alors qu’une visée mystique présidait à l’action de plusieurs fondateurs, et après la Rébellion de 1837-1838, alors que l’Église s’est retrouvée à l’avant-plan de la lutte pour la « survivance ». Cette histoire spécifique a entremêlé le politique et le religieux chez nous, d’une manière différente de la situation générale dans le reste du Canada et aux États-Unis, où ces deux dimensions ont plus nettement séparées et où la perception de la religion est nettement plus positive.
3) Considérons la religion catholique en particulier, celle de la majorité. Une rupture fondamentale semble s’être opérée dans les années 1960. Est-ce le cas selon vous?
La rupture me semble indéniable. Tous les indicateurs vont en ce sens : laïcisation de nombreuses institutions (associations, syndicats, hôpitaux), baisse de la pratique rituelle, départ de nombreux clercs et religieux, procès culturel de la religion. Ce qui est plutôt débattu, ce sont le moment de cette rupture, ses différents aspects, leur portée et leur signification. Ces débats ne sont ni innocents ni simplement scolaires : ils font partie intégrante d’un débat politique fondamental, qui concerne l’avenir du Québec.
Ce débat est à l’arrière-scène de toute relecture de la dynamique religieuse, et il le parasite largement. Tout se passe comme si l’émergence d’une auto-conscience proprement québécoise, en contraste avec l’identité canadienne-française qui existait jusqu’alors, procédait en partie d’une rupture avec l’idéologie de la survivance, dont l’attachement au catholicisme constituait l’un des fondements. Mais il y a d’autres facteurs à considérer : transformations socioéconomiques, explosion démographique, hausse du niveau d’éducation, etc. On peut parler d’une «modernisation» du Québec mais il s’agit là, ici encore, d’un phénomène complexe, irréductible à un seul facteur.
4) Alors comment se perpétue la tradition, l’héritage chrétien dans notre société?
Comme la religion travaille la culture et la société à plusieurs niveaux, il y a plusieurs phénomènes à considérer. Le plus déterminant à mon sens, mais aussi le plus invisible, est l’influence profonde et durable des structures de pensée chrétiennes sur la culture, pour le meilleur et pour le pire. Je pense ici à la conception linéaire de l’histoire et du progrès, à l’importance de la liberté individuelle et de la responsabilité personnelle, à la désacralisation de la nature, au souci de la solidarité sociale, mais aussi à l’accent sur la faute, sur l’autorité et sur l’ordre, comme au sentiment que tout arrive «pour une raison». Ces éléments déterminent profondément notre culture et notre société, comme partout en Occident, et la modernité s’inscrit dans leur sillage, quelles que soient par ailleurs les lignes de démarcation. La transmission des doctrines et des règles morales chrétiennes, plus liées à l’institution ecclésiale, souffre davantage du déclin de celle-ci, de la rupture des liens qu’elle entretenait avec le système d’éducation et de la désertion des lieux de culte.
5) Le religieux revient en force dans l’actualité mondiale, souvent de manière spectaculaire et négative, voire sur le plan local avec la question des accommodements raisonnables. Croyez-vous que cette tendance accentue la réaction antireligieuse au Québec?
Je suis très frappé par deux phénomènes. Il y a d’abord l’importance qu’ont acquise les médias de masse dans la dynamique de toutes les sociétés occidentales depuis un demi-siècle. Ce qu’on appelle «l’actualité», c’est ce dont traitent les médias. L’espace public lui-même tend à se confondre avec l’espace médiatique. La politique et la culture en général sont profondément transformées par cette nouvelle situation. Un événement comme la Fête nationale, par exemple, n’a plus guère de racines culturelles locales ni de réelle portée politique; il met simplement en scène l’industrie culturelle et l’industrie brassicole… Et comme l’actualité médiatique se nourrit au mieux d’événements, au pire de faits insolites ou spectaculaires, la vie religieuse s’y voit caricaturée au jour le jour, réduite à des autorités, des personnages et des déclarations, alors qu’elle se poursuit tranquillement, sur le terrain, en des formes beaucoup plus ordinaires, bien intégrées aux milieux locaux et à la vie quotidienne d’un nombre impressionnant de gens qui se déclarent encore catholiques ou d’une autre confession.
L’autre phénomène est spécifique au Québec : l’impasse politique actuelle maintient notre société dans une sorte de murmure antireligieux permanent, à plusieurs voix. Murmure, d’abord, contre un passé érigé en Grande noirceur, d’où ne proviendrait plus aucune lumière. Dénonciation, ensuite, de l’autoritarisme et des abus perpétrés par les prêtres et les religieux, amplifiée jusqu’à finir par caricaturer la vie religieuse et l’état clérical eux-mêmes comme des formes de vie perverses et maléfiques. Ridiculisation systématique, enfin, des croyances et des personnages religieux dans les médias, notamment ceux de l’élite socioculturelle.
Ce murmure antireligieux, qui éclate parfois en crises épisodiques, comme celle des accommodements raisonnables et celle du voile intégral, me paraît être immédiatement lié au malaise identitaire et à l’impasse politique, formant avec eux un complexe inextricable. Il humilie au jour le jour ceux et celles qui vivent leur religion avec sincérité et dévouement. Dans ses formes les plus déplaisantes, il déferle contre des boucs émissaires : les prêtres, les religieuses, les musulmanes voilées… comme on s’en prenait autrefois aux Juifs et aux sorcières, avec les tragédies que l’on sait. Non pas que la religion doive échapper à la critique. Mais la fureur contre un autre fantasmé et les appels au lynchage public ne règlent jamais les problèmes de fond, qui sont ailleurs.
6) Parlons pluralisme, finalement. La diversité religieuse, avec une forte prédominance chrétienne, caractérise le Québec depuis très longtemps. Le Québec est-il une société tolérante et ouverte?
Tolérance et ouverture : ces termes ont fait couler beaucoup d’encre récemment. Ils tendent à devenir des symboles que l’on brandit pour une cause : le multiculturalisme, l’interculturalisme, la laïcité ouverte ou stricte…
Une fois encore, le nœud du problème me paraît être politique plutôt que religieux. Tolérance et ouverture, certes, mais pour quel projet de société? Dans quel cadre constitutionnel? Autour de quelles valeurs communes? À ce sujet, Fernand Dumont en appelait à «la libre confrontation et la libre discussion avec, comme horizon, des valeurs patiemment élucidées et farouchement respectées» (Raisons communes, p. 215). Ceci suppose un respect foncier de la diversité des points de vue et de véritables lieux de débat, qui ne soient pas grevés par les intérêts des partis et les chapelles idéologiques. Il est tentant de vouloir court-circuiter cette réflexion en brandissant ses propres convictions comme des évidences ou des conditions au débat. À cet égard, le Québec, si pacifique soit-il, n’est pas vacciné contre l’intolérance.
Je crois que les balises les plus essentielles de notre avenir politique, et notre projet de société lui-même, doivent faire l’objet de la meilleure discussion possible, ouverte à une pluralité de voix et de perspectives, y compris des points de vue religieux, pour autant que ceux-ci s’inscrivent dans une logique de contribution et non d’abord de revendication.
Stéphane Baillargeon
Le Devoir
Le passé d’une illusion, l’avenir d’une désillusion.
En 1774, dans l’espoir d’apaiser ses colonies mouvementées, l’Empire britannique signe l’Acte de Québec. Il concède aux Canadiens français le droit de pratiquer la religion catholique, d’appliquer le droit civil français et celui de faire le tout en français. À l’occasion de la Fête nationale, Le Devoir jette un regard en bleu, blanc et rouge sur chacun de ces trois éléments pour voir en quoi cet héritage français a modelé l’esprit québécois. Aujourd’hui, rouge pour religion.
Dans le film La Neuvaine (2005) de Bernard Émond, une urgentologue québécoise suicidaire retrouve foi en la vie au contact d’un jeune catholique pratiquant. Dans une des scènes les plus fortes de l’oeuvre, la femme médecin visite la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré et ne comprend absolument rien aux rites et aux symboles de piété populaire qui s’y déploient. Son monde à elle existe après l’euthanasie de Dieu, après ses clinquantes manifestations rituelles ou esthétiques.
«Il aura fallu près de cinquante ans après le début de la mise à mort du catholicisme québécois pour que l’on commence à prendre conscience de ce qui s’est éteint avec lui», écrit le professeur de philosophie Daniel Tanguay dans un article partiellement inspiré de ce film publié dans Globe, la revue internationale d’études québécoises (2007-2008). «Pleine de bruit et de fureur, la foule s’est acharnée à piétiner ce qu’elle avait auparavant adoré. […] Le catholicisme est aujourd’hui spirituellement mort au Québec. Il a été vaincu par le rire et la dérision. […] Nous vivons la fin d’une époque: la Révolution tranquille est bel et bien terminée au Québec et la société québécoise est pleinement devenue une société « postcatholique ».»
Avec la langue, le catholicisme fut dans le passé le liant de l’identité culturelle canadienne-française. Dès après la Conquête, Londres reconnut aux habitants de l’ancienne Nouvelle-France le droit d’«avoir, de conserver et de jouir du libre exercice de la religion de l’Église de Rome» et au clergé de «tenir, de recevoir et de jouir de ses dus et droits accoutumés». La concession des conquérants anglicans cherchait à s’assurer de la loyauté des nouveaux sujets francophones et catholiques alors que grondait la rébellion des turbulentes colonies américaines.
Les États-Unis d’Amérique ont choisi la laïcité de l’État tout en permettant à la religion de jouer un rôle déterminant dans toute la société encore aujourd’hui. Le Québec se laïcise à sa façon. Le gouvernement Charest ira en appel du jugement de cette semaine de la Cour supérieure sur le cours d’éthique et de culture religieuse imposant des limites constitutionnelles à cette volonté. Le tir de barrage contre la sortie pro-vie du cardinal Ouellet renforce l’impression que l’influence sociale et politique de la religion est ici quasiment réduite à néant. Plus qu’une société postcatholique, le Québec semble être devenu une société postreligieuse.
«Je ne dirais pas cela, réplique Lucia Ferretti, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQAT), spécialiste de l’histoire du catholicisme québécois. En effet, alors que la normativité chrétienne n’est pratiquement plus présente dans les lois, certains groupes radicaux au sein de plusieurs confessions tentent de prendre (ou de reprendre) la place laissée vide et de faire pénétrer leurs propres normativités religieuses au sein de l’appareil législatif et des structures de l’État. […] Il semble donc qu’on assiste depuis une trentaine d’années à un réaménagement, voire à un renforcement, du régime d’association qui caractérise les relations entre l’État et les confessions au Québec et au Canada.»
Son collègue Robert Mager de l’Université Laval poursuit autour de cette idée de la société sortie du religieux. Une fois soumises les nuances concernant la permanence du sacré, il ajoute: «Cela dit, il est clair que quelque chose est derrière nous, à savoir l’encadrement social exercé par l’Église catholique et son influence sur les consciences qui ont été prédominants durant, grosso modo, une centaine d’années. En ce sens, une sécularisation de la culture et de la société s’est bel et bien produite. Définit-elle pour autant un Québec postreligieux? Le phénomène religieux continue de se manifester de toutes sortes de manières, et à toutes sortes de niveaux. À certains égards, le Québec demeure profondément religieux; à d’autres, il présente une inventivité religieuse empruntant des voies typiquement modernes [subjectives, individualistes, etc.].»
Le professeur de théologie vient de publier un ouvrage collectif réexaminant le couple Modernité et religion au Québec (PUL). La rupture opérée dans les années 1960 lui semble «indéniable», tous les indicateurs allant dans ce sens, de la laïcisation des institutions au procès culturel de la religion. «Ce qui est plutôt débattu, ce sont le moment de cette rupture, ses différents aspects, leur portée et leur signification, ajoute-t-il. Ces débats ne sont ni innocents ni simplement scolaires: ils font partie intégrante d’un débat politique fondamental qui concerne l’avenir du Québec. Ce débat est à l’arrière-scène de toute relecture de la dynamique religieuse, et il le parasite largement. Tout se passe comme si l’émergence d’une autoconscience proprement québécoise, en contraste avec l’identité canadienne-française qui existait jusqu’alors, procédait en partie d’une rupture avec l’idéologie de la survivance, dont l’attachement au catholicisme constituait l’un des fondements.»
Ce qui n’empêche pas le religieux expulsé par la porte de se réintroduire vite fait bien fait par la fenêtre, souvent pour accentuer la réaction sévère et critique de l’ancienne «priest ridden province». Le professeur Mager parle d’«une sorte de murmure antireligieux permanent, à plusieurs voix», avec ses «crises épisodiques» bien connues. «Ce murmure antireligieux, qui éclate parfois en crises épisodiques, comme celle des accommodements raisonnables et celle du voile intégral, me paraît être immédiatement lié au malaise identitaire et à l’impasse politique, formant avec eux un complexe inextricable, écrit-il au Devoir. Il humilie au jour le jour ceux et celles qui vivent leur religion avec sincérité et dévouement. Dans ses formes les plus déplaisantes, il déferle contre des boucs émissaires: les prêtres, les religieuses, les musulmanes voilées… comme on s’en prenait autrefois aux Juifs et aux sorcières, avec les tragédies que l’on sait. Non pas que la religion doive échapper à la critique. Mais la fureur contre un autre fantasmé et les appels au lynchage public ne règlent jamais les problèmes de fond, qui sont ailleurs.»
La professeure Ferretti enchaîne en s’interrogeant sur ce qu’il reste de cet héritage dans le Québec actuel. «Même de nos jours, les Québécois restent largement attachés à la morale sociale catholique, sous sa forme sécularisée, note-t-elle. Celle-ci s’exprime d’une part dans leur opposition assez généralisée à la guerre, et aussi dans leur volonté de conserver l’essentiel de l’État-providence [redistribution de la richesse, maintien d’un réel filet social et réhabilitation plutôt que répression de la jeunesse en difficulté].»
Dans son analyse de La Neuvaine, Daniel Tanguay note que le vide créé par la disparition sociale et culturelle du catholicisme est en partie comblé par une sorte de «religion thérapeutique» qui tend à confondre quête spirituelle et confort psychologique. C’est le réconfort apporté à la doctoresse en mal d’espérance.
«J’aimerais croire que cet héritage se perpétue en quelque manière, mais j’aurais du mal à sortir des lieux communs qui réconfortent plusieurs catholiques de bonne foi que je connais ou que je lis», écrit finalement en entrevue le professeur Tanguay. «L’héritage chrétien est agissant selon eux dans la poursuite du projet humaniste de justice, d’égalité et de liberté, projet qui est encore sensible dans la société québécoise. C’est vrai, mais alors on ne sait plus très bien distinguer la foi de l’humaniste de celle du chrétien. Cette confusion est permanente par exemple chez l’un des penseurs les plus respectés et respectables du Québec contemporain: Charles Taylor. Pour ma part, j’aimerais que l’héritage chrétien soit plus dérangeant au Québec. Je me méfie par tempérament d’un christianisme qui prend trop ses aises avec le monde moderne. Je veux qu’il m’inquiète, qu’il me fasse sortir de ma torpeur et de ma paresse intellectuelles. Si l’héritage chrétien a encore un sens au Québec, c’est dans la mesure où il peut remettre en question notre conformisme moral.»
Stéphane Baillargeon
Le Devoir