Lucia Ferretti: «Le Québec est bel et bien une société distincte au Canada»

Historienne, professeure à l’université du Québec à Trois-Rivières, Lucia Ferretti a notamment publié une très remarqué Brève histoire de l’Église catholique au Québec (1999).



1)  Considérons d’abord l’influence sociale et politique de la religion. Le Québec est-il devenu une société quasi postreligieuse?


Je ne dirais pas cela. En effet, alors que la normativité chrétienne n’est pratiquement plus présente dans les lois, certains groupes radicaux au sein de plusieurs confessions tentent de prendre (ou de reprendre) la place laissée vide, et de faire pénétrer leurs propres normativités religieuses au sein de l’appareil législatif et des structures de l’État.


Certains groupes au sein des minorités confessionnelles refusent de respecter des lois, qu’ils présentent ostensiblement comme chrétiennes, alors qu’en réalité celles-ci expriment tout simplement la culture nationale, fondée sur un héritage pluriséculaire désormais entièrement sécularisé. C’est le cas par exemple de la Loi sur le mariage, qui ne reconnaît que les unions monogames, pourtant la Cour suprême est en train de se demander si la polygamie devrait être permise. C’est le cas aussi du calendrier scolaire, et pourtant la ministre Courchesne était prête à le modifier pour légaliser la situation d’écoles qui refusent le dimanche comme jour commun (et si peu religieux) de repos.


Par ailleurs, des groupes évangélistes, auxquels le cardinal Ouellet a choisi de s’associer récemment à titre personnel, multiplient de leur côté les tentatives pour faire criminaliser l’avortement de nouveau.


Certes, tous les essais ne sont pas couronnés de succès. Cependant, bien des décisions de la Cour suprême ont donné raison aux groupes religieux les plus radicaux; par ailleurs, les pressions politiques s’accentuent sur les différents gouvernements. Il semble donc qu’on assiste depuis une trentaine d’années à un réaménagement, voire à un renforcement, du régime d’association qui caractérise les relations entre l’État et les confessions au Québec et au Canada.



2) Comment se démarque le Québec dans ses rapports à la religion? La société québécoise se distingue-t-elle de ce point de vue du reste du Canada?


Plusieurs études, de Reginald Bibby ou de E-Martin Meunier par exemple, montrent que les Québécois catholiques de tous âges sont moins attachés au culte et participent moins aux activités paroissiales que les Canadiens de cette confession. Les études de Nancy Rosenfeld révèlent que Montréal se classe au premier rang en Amérique du Nord, bien loin devant Toronto ou même New-York, pour l’intensité sociale et religieuse de la vie juive, notamment à cause de la très forte présence ici des courants les plus orthodoxes du judaïsme.


En outre, il semble qu’il y ait proportionnellement plus de chiites au Québec qu’au Canada parmi les musulmans. Quant à la mouvance évangéliste au sein des Églises protestantes, qui a tant d’influence dans l’Ouest du Canada et sur le gouvernement Harper, c’est une réalité au Québec aussi, mais très marginale. Vous avez donc raison: le Québec est bel et bien une société distincte au Canada, y compris sous le rapport de la religion.



3) Considérons la religion catholique en particulier, celle de la majorité. Une rupture fondamentale semble s’être opérée dans les années 1960. Est-ce le cas selon vous?


À partir du milieu des années 1960, on constate une chute brutale de l’assistance à la messe et un net refus des jeunes générations de Québécois de suivre les prescriptions de la morale sexuelle catholique.


Par contre, même de nos jours, les Québécois restent largement attachés à la morale sociale catholique, sous sa forme sécularisée. Celle-ci s’exprime d’une part dans leur opposition assez généralisée à la guerre, et aussi dans leur volonté de conserver l’essentiel de l’État providence (redistribution de la richesse, maintien d’un réel filet social et réhabilitation plutôt que répression de la jeunesse en difficulté).



4) Comment se perpétue la tradition, l’héritage chrétien dans notre société?


Dans les bibliothèques, les musées des congrégations, le Musée des religions de Nicolet, la culture religieuse du passé est généralement assez bien conservée et est très accessible. Le patrimoine matériel est davantage menacé.


Par ailleurs, au présent, une multitude d’ouvrages de spiritualité ou de doctrine paraissent chaque année. Les paroisses organisent la catéchèse des jeunes et des adultes. Des communautés chrétiennes se réunissent sur d’autres bases que la paroisse (regroupement d’intellectuels croyants autour des Dominicains, d’hommes gais autour des Oblats à Saint-Pierre-Apôtre, de féministes catholiques dans certains mouvements et revues, de militants sociaux autour des jésuites de Relations, etc.). Des médias religieux de grande qualité existent aussi, je pense par exemple au réseau communautaire en constante expansion de radio Ville-Marie et à tant de sites internet. Les nouvelles congrégations religieuses formées de jeunes ouvrent en plein centre-ville leurs célébrations liturgiques au tout venant. Des centres de spiritualités proposent des sessions de ressourcement sur mesure.


Il y a donc une offre variée et créative, et qui répond à une demande en croissance par rapport à ce qu’on pouvait constater il y a quelques années. La principale faiblesse actuelle de ce système est qu’il n’est pas en mesure de précéder cette demande. Il peut simplement y répondre.




5) Le religieux revient en force dans l’actualité mondiale, souvent de manière spectaculaire et négative, voire sur le plan local avec la question des accommodements raisonnables. Croyez-vous que cette tendance accentue la réaction anti-religieuse au Québec?


Au Québec, on n’accepte ni la remise en question de la pleine égalité juridique des femmes et des hommes; ni les accommodements qui ont pour conséquence soit de dresser de nouveaux obstacles dans la marche des femmes vers leur complète égalité sociale et professionnelle, soit d’entourer certains groupes religieux des murs qu’ils souhaitent eux-mêmes ériger.


Respectueux de la liberté personnelle de religion, les Québécois en revanche ne trouvent pas raisonnables les accommodements que leur imposent les jugements de la Cour suprême ou les décisions prises en catimini par le gouvernement du Québec pour satisfaire certaines groupes radicaux au sein des différentes confessions. Cela peut en effet provoquer à l’occasion une réaction antireligieuse.



6) Parlons pluralisme, finalement. La diversité religieuse, avec une forte prédominance chrétienne, caractérise le Québec depuis très longtemps. Le Québec est-il une société tolérante et ouverte?


Sauf au Nouveau-Brunwick et c’est de très peu, aucune confession n’atteint la moitié de la population du Canada ou d’une province. Au contraire, le catholicisme est l’origine religieuse identifiée par plus de 83% des Québécois au dernier recensement. En outre, Montréal est beaucoup moins diversifiée religieusement que Toronto ou Vancouver. Il ne s’agit donc pas de minimiser le pluralisme religieux du Québec, mais simplement de constater les faits.


Cela dit, à aucun moment de son histoire quatre fois centenaire, le Québec n’a été complètement homogène sous le rapport religieux. Et c’est vrai qu’il est particulièrement ouvert. La minorité protestante du Québec, par exemple, n’a jamais été bafouée dans ses droits constitutionnels; on ne peut en dire autant des minorités catholiques au Canada. Par ailleurs, l’État québécois finance plus généreusement les écoles privées des minorités confessionnelles que toute autre juridiction au Canada.



Stéphane Baillargeon
Le Devoir

Clôture de l’année sacerdotale – Benoît XVI souligne l’apport décisif des prêtres

Cité du Vatican, 14 juin 2010 — Le pape Benoît XVI a souligné l’«apport décisif» des prêtres dans l’histoire, hier, peu après la conclusion d’une année sacerdotale entachée par une série de scandales pédophiles au sein de l’Église catholique.


«Si on regarde l’histoire, on peut voir combien de pages d’authentique renouveau spirituel et social ont été écrites grâce à l’apport décisif de prêtres catholiques, uniquement animés par la passion pour l’Évangile et pour l’homme, pour sa vraie liberté religieuse et civile», a déclaré le pape au cours de la prière de l’angélus depuis sa fenêtre donnant place Saint-Pierre au Vatican.


Le pape a particulièrement rappelé les figures du curé d’Ars, Jean-Marie Vianney, et du prêtre polonais Jerzy Popieluszko, béatifié le 6 juin à Varsovie.


L’année sacerdotale, censée raviver les vocations, avait été décrétée le 16 juin 2009 par le pape à l’occasion du 150e anniversaire de la mort du curé d’Ars, Jean-Marie Vianney.


Le père Jerzy Popieluszko, âgé de 37 ans, a été enlevé par trois officiers de la police politique (SB) le 19 octobre 1984, et torturé à mort.


Benoît XVI a également évoqué deux autres béatifiés récents: le journaliste espagnol Manuel Lozano Garrido et le résistant slovène Lojze Grozde (1923-1943).


«Les journalistes pourraient trouver» chez Manuel Lozano Garrido «un témoin éloquent du bien qui peut être fait quand la plume reflète la grandeur d’âme et se met au service de la vérité et des causes nobles», a-t-il affirmé en espagnol.


Vendredi, en clôturant l’année sacerdotale, Benoît XVI avait pour la première fois explicitement «demandé pardon» pour les sévices sexuels commis par des prêtres «à l’égard des petits».


Depuis la publication en novembre d’un rapport en Irlande faisant état de centaines d’abus sexuels commis sur des enfants par des prêtres couverts par leur hiérarchie, les révélations sur des affaires de ce type se sont multipliées dans plusieurs pays d’Europe, y compris en Allemagne, pays natal du pape, d’Amérique du Nord et d’Amérique latine. Le pape a lui-même été accusé d’avoir gardé le silence sur les cas de prêtres pédophiles.



Agence France-Presse
Le Devoir

L’avenir du monastère des Ursulines suscite de vives inquiétudes

Québec — Même si le monastère des Ursulines sera bientôt classé monument historique par le ministère de la Culture, le problème de sa vocation future reste entier. Avec le vieillissement des religieuses qui y résident et l’augmentation des coûts de son entretien, son avenir suscite des inquiétudes grandissantes.


Le professeur Luc Noppen commence à trouver que le temps presse. Si le Québec doit avoir une priorité en patrimoine religieux, dit-il, c’est celle-là. «C’est l’ensemble patrimonial le plus important non seulement de Québec, mais aussi du Québec, du Canada et de l’Amérique du Nord», explique cet expert en patrimoine religieux.


Tapi en plein coeur du Vieux-Québec, ce monastère abrite une soixantaine de religieuses dont la majorité sont très âgées et dont plusieurs nécessitent des soins constants. Les visiteurs peuvent visiter le Musée des Ursulines (qui est actuellement en rénovation) et la chapelle, mais il ne s’agit que d’une partie de l’ensemble architectural fondé aux débuts de la colonie par Marie de l’Incarnation. Bref, le couvent est un joyau connu de peu de gens.


«C’est normal, c’est leur maison», explique M. Noppen, qui se décrit lui-même comme un ami des Ursulines pour avoir été leur voisin. «C’est comme si on parlait d’une vieille dame qui habite dans le Vieux-Québec. Elle ne va pas ouvrir sa porte à n’importe qui.»


Lors d’une visite spéciale la semaine dernière, Le Devoir a pu constater à quel point le couvent avait été bien entretenu par les religieuses. Le soleil d’après-midi plombait à travers les fenêtres de l’ancienne chapelle des soeurs cloîtrées lors de notre arrivée. Chacun de nos pas faisait craquer le vieux plancher de bois tandis qu’au deuxième étage, une soeur jouait sur un immense orgue. «Elle doit s’exercer pour la messe de dimanche», a chuchoté notre guide, soeur Rita Michaud, qui dirige le conseil d’administration du monastère.


Pointant le doigt vers le sol, soeur Michaud nous explique que «les missionnaires Jésuites ont marché là» et que Monseigneur de Laval et les martyrs canadiens comme Jean-de-Brébeuf «passaient par là pour aller à la messe».


Plus loin, le vieil escalier Saint-Augustin construit en 1686 tient encore sur des chevilles de bois. À l’époque, une poulie placée au centre permettait de monter au grenier le grain avec lequel certaines familles payaient les religieuses. Dans un grand âtre de l’aile nord, les soeurs ont même conservé des boulets de canon envoyés par les bateaux de l’amiral Phipps et du général Wolfe.


Aucune pièce n’est banale, comme nous le constatons à la buanderie. «C’est dans cette pièce que le gouverneur James Murray a signé le décret de la condamnation de la Corriveau.» Plus loin, la soeur nous montre l’âtre «où on nourrissait les Indiens». «Marie de l’Incarnation disait qu’il fallait d’abord les faire manger. Après, on pouvait leur parler du Seigneur…»



Monument classé


Le 27 mai, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a annoncé le classement du couvent comme monument historique. Cette démarche n’est pas une fin en soi, mais elle empêcherait par exemple les religieuses de vendre des sections du monastère sans l’appui du ministère de la Culture. Le classement permet en outre aux religieuses d’avoir accès au Fonds du patrimoine religieux. Or lors de notre visite du monastère, il y a quelques jours, soeur Michaud nous disait qu’il y avait apparemment peu d’argent disponible.


D’après nos renseignements, les Ursulines ne roulent pas sur l’or. En plus d’entretenir le monastère, elles doivent payer les frais d’une infirmerie privée qui compte de plus en plus de pensionnaires — les religieuses ayant fait le voeu de ne pas aller à l’hôpital. En 2003, il leur a notamment fallu faire construire un ascenseur pour transporter les civières. À cela s’ajoutent les salaires du personnel de l’infirmerie, mais aussi ceux de la soixantaine d’employés que compte le monastère.


Originaire du Nouveau-Brunswick, soeur Michaud est entrée au couvent comme novice en 1949 et a connu l’époque où certaines religieuses étaient cloîtrées. Cette tradition s’est éteinte vers Expo 67, mais on en trouve les vestiges partout dans le couvent: immenses grillages qui ceinturent l’église, installations pour recevoir les dépôts de l’extérieur, immense porte en bois qui ne s’ouvre que de l’intérieur, etc.


Or, lors de notre visite le 16 juin dernier, le couvent débordait d’activité alors que les élèves de l’école primaire s’amusaient dans la cour intérieure du couvent qui sert de cour de récréation.


Il y a quelques mois, l’école primaire a accepté de briser une tradition vieille de centaines d’années en accueillant des garçons, ce qui lui permettra, espère-t-elle, de garder l’école ouverte encore longtemps.


Or même dans ce cas de figure idéal, il leur faudra bien régler la question du monastère. Interrogée à ce propos, Soeur Michaud nous dit que les Ursulines ne savent pas de quoi sera fait leur avenir, contrairement aux Soeurs Augustines qui, elles, «sont en avance».


En effet, cette communauté qui a longtemps eu pour mission le soin des malades a décidé de transformer son couvent en centre de ressourcement pour les travailleurs de la santé et pour les proches des patients de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, juste à côté. Lancé il y a plus de dix ans, le projet devrait aboutir en 2014. Les gouvernements ont promis d’y investir 36 millions de dollars.


Soeur Michaud souhaite que les Ursulines trouvent, elles aussi, une vocation au couvent en lien avec «leur mission», l’enseignement, mais elle ignore quelle avenue pourrait être explorée. Le professeur Luc Noppen estime quant à lui que la solution doit passer par l’Université Laval. «On pourrait relocaliser de petites facultés qui ne requièrent pas trop d’aménagements comme celles de philosophie ou d’histoire ou encore en faire un centre de conférences haut de gamme», propose-t-il en citant en exemple le transfert au Petit Séminaire de Québec de la faculté d’architecture. «On ne peut quand même pas faire un musée de l’ensemble du site.»


Or l’Université a ses difficultés financières et ne voudra sûrement pas s’engager dans un tel projet sans un soutien financier substantiel du gouvernement, fait-il remarquer. Un engagement qui risque toutefois d’être difficile à faire accepter au public qui n’est pas au fait de l’existence du trésor… «Il va falloir convaincre l’ensemble des Québécois et des Canadiens que c’est un site important pour que les gouvernements puissent y investir des fonds publics.» En attendant, on peut lire sur le mur de l’aile ouest du couvent cette phrase à laquelle le contexte donne aujourd’hui un sens bien particulier… «Ce que vous voudrez avoir fait à l’heure de la mort, faites-le maintenant.»



Isabelle Porter
Le Devoir

Giant Jesus of Solid Rock church Monroe Ohio Burns

Giant Jesus statue burns to the ground. Only a few wire frames are still standing.

MONROE, Ohio (WDTN) – A large statue of Jesus that has been seen by millions across the country was destroyed by a fire late Monday night.

The King of Kings statue that stood outside the Solid Rock Church located on Union Road just off Interstate 75 is now in ruins. Only a few wire frames are still standing.

Officials are still investigating, but lightning likely sparked the blaze. The fire also damaged the attic of the church’s amphitheater.

Word of the fire spread quickly. Many church members couldn’t believe what had happened and came to see for themselves.

« This is not right, » said church member Gifty. « We just all have to go on our faith and ask God. This cannot be a coincidence. »

« I was pretty upset, » Andy Caudill said. « Seeing a big thing of our Lord and Savior gone. It’s pretty sad. »

The statue was built in 2004. The 42-foot span between its outstretched arms grabbed the attention of motorists driving by.

No word from church officials about whether they plan to rebuild the statue.

 

Jordan Burgess
Wane – News Channel 15