Victime de vandalisme, une statue de Jésus a une nouvelle tête temporaire

La statue de Marie et de l'Enfant-Jésus, dressée devant l'église Sainte-Anne des Pins, à Sudbury

Le prêtre Lajeunesse désolé qu’on ait décapité le bébé Jésus, à l’église Ste Anne des Pins. Une artiste s’offre à sa reconstruction.
Photo NATACHA LAVIGNE


La statue de Marie et de l’Enfant-Jésus, dressée devant l’église Sainte-Anne des Pins, à Sudbury, est souvent victime d’actes de vandalisme. L’Enfant-Jésus a maintes fois été décapité, au grand malheur des paroissiens. Une artiste de la région s’est proposée de la reconstruire.


Le 30 octobre 2015, des fidèles ont constaté que des casseurs avaient endommagé la statue, mais cette fois-ci la tête est demeurée introuvable.


Ça déchire le cœur. Pourquoi faire une chose pareille? Que vont-ils faire avec la tête?
– Le prêtre Gérard Lajeunesse

« C’est un manque de respect. Toute la symbolique de ce que c’est aussi », a confié le prêtre Gérard Lajeunesse, en entrevue avec Radio-Canada. Suzanne Martel est une fidèle de la paroisse. Elle ne comprend pas pourquoi certains ont pu vouloir endommager l’œuvre d’art.


« J’ai de la peine qu’on vienne faire des choses comme ça ici. On ne va pas dans les autres places faire du mal comme ça. Ce n’est pas bien », déplore-t-elle.



Reconstruction prochaine


L’artiste locale Heather Wise se promenait près de l’église avec une amie l’hiver dernier, lorsqu’elle s’est aperçue que l’œuvre d’art avait été mutilée. Elle a rencontré les responsables de l’église et a offert de la reproduire gratuitement.


Le prêtre Lajeunesse se dit reconnaissant du geste de Mme Wise, puisqu’il aurait coûté 10 000 dollars pour remplacer la statue.


« C’est elle qui s’est présentée. Elle a fait ça en quelques heures. Ce qui est là maintenant est très visible, comme ce sont des couleurs différentes, mais tout de même. Ça montre son talent et son bon cœur », de dire Gérard Lajeunesse.



Natacha Lavigne
Radio-Canada


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En Espagne, la restauration d’une peinture du Christ fait hurler (August 22, 2012)

Aide à mourir: des évêques prônent le refus à des funérailles religieuses

Une directive des évêques de l’Ouest canadien pressant les prêtres de refuser l’accès aux rites et funérailles religieux aux personnes ayant demandé l’aide à mourir soulève la colère des organismes qui protègent les droits des personnes malades. Cette position, qualifiée de « rétrograde » par certains, sème aussi la division chez les évêques canadiens réunis cette semaine en assemblée annuelle.


Le vade-mecum controversé des évêques de six diocèses de l’Alberta et des Territoires du Nord-Ouest de l’Ouest, émis le 14 septembre dernier, survient alors que la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a fait de l’aide à mourir l’un des thèmes centraux de sa rencontre annuelle qui se déroule cette semaine à Cornwall.


La position radicale des évêques de l’Ouest constitue une réponse à la nouvelle loi fédérale autorisant le recours à l’aide à mourir et au suicide assisté. Même si l’Église s’est toujours clairement prononcée contre toute forme d’aide à mourir, aucune directive n’avait encore été édictée par les autorités religieuses sur l’impact de cette nouvelle réalité sur la pastorale et les pratiques religieuses.


« Si l’Église refuse d’accorder des funérailles à quelqu’un, ce n’est pas en guise de punition mais en guise de reconnaissance de sa décision — une décision qui amène cette personne à poser un geste contraire à la foi chrétienne », tranche le document, transmis cette semaine à tous les évêques canadiens.


Le document souligne qu’il serait « scandaleux » que la cérémonie religieuse donne l’impression de cautionner ce « péché mortel » et « soit interprété comme un encouragement pour d’autres à commettre ce mal ».


Cette orientation divise grandement les évêques du pays, car aucun consensus n’a encore été arrêté sur cette question délicate, assure l’évêque de Valleyfield, Mgr Noël Simard. « Dans mon atelier, dit-il, les avis étaient partagés. »



Dissimuler l’aide à mourir


Selon ce dernier, il n’y a « pas encore de lignes directrices sur l’approche à avoir ». Mais il est urgent de réfléchir à cette question puisque l’accès à l’aide à mourir au Québec a déjà poussé certains citoyens à dissimuler à des prêtres le fait que leur proche ait requis ce soin de fin de vie, par crainte de se voir refuser des obsèques à l’église.


« J’ai connaissance d’un cas ou le prêtre a eu connaissance après les funérailles de personnes qui ont caché la cause réelle du décès. Les gens connaissent la position de l’Église à ce sujet », soutient Mgr Noël.


Selon ce dernier, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ) devra tôt ou tard se positionner elle aussi sur le sujet, car la réalité de l’aide à mourir soulève de nombreuses questions. « Qu’est ce qu’on fait avec les préarrangements funéraires ? Avec l’extrême-onction, et que faire quand un geste devient public ? », soulève Mgr Noël.


À l’image de l’AECQ, qui a jusqu’ici prôné une pastorale « d’accompagnement » sans dicter de ligne à suivre en ce qui à trait aux rites de fin de vie, Mgr Noël estime que la décision doit être jugée « au cas par cas ». « Avant d’arriver à une norme et de dire non, il faut recevoir, accompagner et accueillir. Ces situations sont complexes et la pastorale essaie de comprendre cette nouvelle réalité », a-t-il dit.


Chose certaine, la position adoptée dans l’Ouest canadien trouve des émules, notamment à Ottawa, où l’archevêque Terrence Prendergast a déjà affirmé que ceux qui ont demandé l’aide à mourir ne devraient pas recevoir les derniers sacrements ou des funérailles religieuses. Les évêques de l’Ouest font valoir que l’aide à mourir diffère du cas des personnes ayant commis le suicide — auxquelles l’Église accorde aujourd’hui le droit à des funérailles — puisqu’on reconnaît aujourd’hui que ce geste irréparable découle d’une détresse psychologique ou d’une maladie mentale. « Le problème avec l’aide à mourir, nuance Mgr Noël, c’est que c’est prémédité. »



Colère chez les patients


Cette attitude jugée « rétrograde » a soulevé mercredi la colère d’organismes oeuvrant pour la protection des droits des personnes malades. « C’est inacceptable, on retourne 50 ans, 100 ans en arrière. Refuser l’accès aux derniers sacrements, je trouve ça d’une barbarie sans nom », s’est offusqué Pierre Blain, président du Regroupement provincial des comités des usagers (RCPU), un organisme favorable à l’aide à mourir. À son avis, si la position des évêques albertains venait à être adoptée au Québec, ce serait clairement discriminatoire.


La réaction est tout aussi vive au Comité pour la protection des malades, dont le président, Paul Brunet, se dit croyant, tout comme son frère aujourd’hui décédé, Claude Brunet, qui a fondé l’organisme en 1974. « On a permis aux divorcés de fréquenter l’église, alors je ne vois pas en quoi cette position est inclusive, soulève-t-il. J’aurais beaucoup de difficulté à ce qu’un prêtre ne prenne pas en considération la demande venant d’une personne qui a requis l’aide à mourir. Qui sont-ils pour juger ? »


Chose certaine, le sujet risque de faire surface au Québec et ailleurs, d’autant plus que les lignes édictées par les assemblées épiscopales constituent davantage des orientations que des obligations, selon les informations obtenues de l’Assemblée des évêques québécois. Ni l’AECQ ni la CECC ne peuvent dicter la conduite des évêques, puisque ces assemblées constituent davantage des lieux de réflexion sur la liturgie et la justice sociale. Chaque évêque est en effet libre d’adopter sa propre « approche pastorale. »



Isabelle Paré
Le Devoir

Une vie sexuelle pour les prêtres ?

Illustration GÉRARD DUBOIS pour L'actualité

Illustration GÉRARD DUBOIS



Quatre Québécois sur cinq adhèrent à cette idée. Et des observateurs croient que bien des scandales à caractère sexuel auraient été évités si l’obligation du célibat des prêtres avait été levée.


«N’allez pas croire que les gens d’Église n’ont pas de sexualité. De la naissance à la mort, nous avons tous des fantasmes. Moi autant que vous», déclare l’abbé François Sarrazin, chancelier de l’évêché de Montréal, le plus grand diocèse du Québec avec son million d’âmes. Il précise que la chasteté, «un effort quotidien», impose une maîtrise de soi où la raison est appelée à dominer les pulsions.


C’est à cet homme vêtu de noir de pied en cap à l’exception du petit rectangle blanc au cou — le col romain — que j’ai présenté les résultats du sondage Banc public-CROP-L’actualité sur la sexualité et la religion catholique. Celui-ci révèle que 7 Québécois sur 10 croient que les prêtres et les religieuses ont une  vie sexuelle active. Et 8 sur 10 accepteraient que les gens d’Église puissent la vivre «ouvertement». «Un résultat auquel il fallait s’attendre dans une société hédoniste comme la nôtre», soupirait l’abbé au téléphone en insistant sur le terme « hédoniste » avant de me donner rendez-vous à l’évêché.


Âgé de 67 ans, ce spécialiste du droit canonique, ferré en grec et en latin, accepte volontiers de parler sexe avec le journaliste de L’actualité. Sous ses dehors austères, il se montre ouvert d’esprit, affable et chaleureux. La chasteté, il la pratique depuis son ordination, en 1976. Jamais le moindre échange sexuel? «Jamais!» lance-t-il en précisant que cette abstinence, qui comprend aussi la masturbation, génère en lui une grande joie. Il confie, un peu gêné, qu’il a trouvé plus difficile d’appliquer la règle de l’obéissance.


Le vœu de chasteté est l’une des trois conditions d’entrée en religion des moines et religieuses, avec la pauvreté et l’obéissance. Chez les prêtres, il n’est pas question de chasteté (absence de pensées sexuelles), mais de «continence parfaite et perpétuelle» (privation permanente des plaisirs sexuels). Le droit canonique précise dans son article 277 que le célibat est ce «don particulier de Dieu par lequel les ministres sacrés peuvent s’unir plus facilement au Christ avec un cœur sans partage». Le célibat des prêtres n’a pas toujours été imposé par l’Église. Jusqu’au XIIe siècle, ils pouvaient prendre épouse. Encore aujourd’hui, les Églises catholiques orientales comptent dans leurs rangs de nombreux prêtres mariés. Ceux-ci assistent aux synodes et élisent les papes tout autant que nos chastes cardinaux.


Le chancelier est conscient que l’image de l’Église a été ternie par des scandales de pédophilie, mais il soutient que cette maladie a longtemps été mal connue et donc mal traitée par les autorités ecclésiales. C’est désormais «tolérance zéro» sur ces questions. Reconnu coupable d’agressions sexuelles, un prêtre perd ses pouvoirs et, exceptionnellement, peut être renvoyé de l’Église.


C’est pour des raisons pratiques que le concile de Latran a imposé en 1123 le célibat sacerdotal des prêtres, souligne Luc Phaneuf, chargé du cours d’éthique et culture religieuse au collège secondaire privé Stanislas de Montréal. Libérés de leurs devoirs familiaux et matrimoniaux, les hommes d’Église pouvaient se consacrer entièrement à leurs paroissiens. «Le prêtre est alter Christi [l’autre Jésus], dit-il. Comme le Christ n’était pas marié, il ne doit pas l’être davantage. Il est dans un état de disponibilité totale à l’égard de tous.»


L’enseignant de 51 ans a lui-même pratiqué l’abstinence pendant plusieurs mois avant d’épouser sa compagne. Ils ont aujourd’hui quatre enfants et fréquentent l’église en famille. «L’abstinence permet de regarder notre communauté avec un regard pur. Je comprends très bien l’intérêt d’acquérir cette maîtrise de soi lorsqu’on s’occupe de questions religieuses», affirme-t-il.


L’auteur de la chronique «Éthique et religion» du Devoir, Jean-Claude Leclerc, croit qu’«un certain nombre de scandales à caractère sexuel auraient été évités si l’institution avait renoncé au célibat des prêtres». Il estime que cette règle est l’une des plus explosives du sacerdoce. «Sauter la clôture», pour un homme d’Église, «c’est comme un policier qui tient des prêts usuraires; c’est violer un serment». D’où la culture du secret qui a cours.


Mais dans une société comme la nôtre, certains secrets finissent par éclater au grand jour. «Il existe, en France comme au Canada, des associations de conjointes de prêtres qui font des pressions pour que les choses changent», souligne le chroniqueur.


Le temps n’est-il pas venu pour l’Église catholique de renoncer au célibat de ses ministres du culte? «Le problème est à mon agenda», a lancé le pape François quand un ancien prêtre lui a posé la question dans le cadre d’un entretien privé, en février 2015, dont quelques extraits ont été rendus publics. «Nous ne verrons pas de changements de ce côté-là de mon vivant. Peut-être nos enfants, mais je gagerais plutôt sur nos petits-enfants», commente avec un sourire dans la voix Jean-Claude Leclerc.



Mathieu-Robert Sauvé
L’actualité


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La névrose chrétienne (1976) par le Docteur PIERRE SOLIGNAC (May 25, 2012)


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Des prêtres de Montréal se verront interdire d’être seuls avec des enfants (June 23, 2016)
Le pape crée une instance pour juger les évêques couvrant des abus sexuels (June 10, 2015)
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Pornographie juvénile : un prêtre de Sorel-Tracy accusé (March 8, 2013)
Congrégations générales – Les problèmes de l’Église sur la table (March 7, 2013)
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Symposium sur la pédophilie – Le pape appelle au «renouveau de l’Église» (February 15, 2012)
Pornographie juvénile – Sitôt condamné, l’ex-évêque Lahey est libéré (January 5, 2012)
Église néerlandaise: des «dizaines de milliers» de mineurs abusés sexuellement (December 16, 2011)
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Pédophilie – Le Vatican va envoyer une «circulaire» aux évêques (November 20, 2010)
Le Vatican durcit les règles contre la pédophilie (July 15, 2010)
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Pope addresses priest abuse scandal (June 11, 2010)
Vatican Sex Abuse Prosecutor: Guilty Priests Are Going To Hell (June 4, 2010)
Priest Accused Of Abusing Boy, Turning Home Into ‘Erotic Dungeon’ Surrenders To Police
(May 26, 2010)
Le Vatican publiera un guide contre la pédophilie (April 9, 2010)
Agressions sexuelles par des membres du clergé – Les victimes exigent la démission de Mgr Ouellet (February 17, 2010)

Décès de l’exorciste du Vatican GABRIELE AMORTH


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CITÉ DU VATICAN — L’ancien exorciste du Vatican et du diocèse de Rome, Gabriele Amorth est mort à l’âge de 91 ans, ont indiqué dimanche les médias italiens, citant son entourage.


Nommé prêtre en 1954, il est chargé quelques années plus tard de seconder celui qui est alors le prêtre exorciste du Vatican, le Père Candido Amantini, avant de lui succéder en 1990.


Il fonde à cette date l’Association internationale des exorcistes (AIE), qu’il présidera jusqu’à sa retraite à l’âge de 75 ans en 2000. Cette association compte aujourd’hui quelque 250 exorcistes dans 30 pays.


L’exorcisme, auquel Jésus avait recours selon la tradition des Évangiles, revient à « chasser les démons », forces du mal qui « possèdent » une personne.


Le père Amorth était l’auteur de nombreux livres sur l’exorcisme, dont le dernier est publié en 2013 en français sous le titre Moi, le dernier exorciste — Une vie de lutte contre le mal.


Celui qui a réalisé quelque 160 000 exorcismes, selon sa maison d’édition française, était aussi journaliste pour Famiglia cristiana (famille chrétienne).


Le Vatican avait reconnu l’AIE en 2014, donnant son soutien à une pratique qui n’est pas admise ou appréciée par tous dans l’Église.


Plus souvent que ses prédécesseurs, le pape François évoque la présence nocive du « diable », du « démon », de « Satan » dans le monde, et la nécessité de lutter par différents moyens contre elle. Mercredi, lors d’une messe en hommage au père Jacques Hamel, égorgé dans son église en juillet par des djihadistes, Jorge Bergoglio avait affirmé que tuer au nom de Dieu était « satanique ».



Agence France-Presse
Le Devoir


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Des appels pour des cas d’exorcisme au diocèse de Montréal (October 31, 2014)
MAYHEM bassist to have evil spirits driven out of him on Norwegian National TV (August 9, 2011)
The Rite Of Exorcism (1974) by Rev. PATRICK J. BERKERY, Ph.D. (May 2, 2011)
New interest in exorcism rites comes to Baltimore (January 13, 2011)

Mère Teresa est déclarée sainte par le pape François

Mère Teresa

Son portrait géant trône sur la façade de la basilique Saint-Pierre, à Rome, devant laquelle quelque 120 000 fidèles se sont réunis. Mère Teresa de Calcutta, la religieuse au sari blanc bordé de bleu devenue une icône mondiale, et controversée, de l’engagement en faveur des plus pauvres, a été canonisée par le pape François, dimanche 4 septembre, dix-neuf ans après sa mort. A l’issue de la cérémonie, le pape a offert un déjeuner de pizzas à 1 500 personnes sans ressources.


Qui mieux que cette religieuse – née Agnes Gonxha Bojaxhiu dans une famille albanaise, le 26 août 1910 à Skopje, et décédée le 5 septembre 1997 après avoir contribué à attirer le regard du monde sur les plus démunis – pouvait incarner l’Eglise rêvée par le pape argentin ? Ralenti sous Benoît XVI, le dossier de sa canonisation avait été relancé sous François, qui voit dans Mère Teresa une incarnation de son idéal d’une « Eglise pauvre pour les pauvres ». Même s’il a déclaré qu’il aurait eu « peur » si cette petite femme tenace, déterminée et empreinte d’absolu, avait été sa supérieure. Elle fut, a-t-il déclaré, une « généreuse dispensatrice de la miséricorde divine » dans les « périphéries des villes et dans les périphéries existentielles », à travers « l’accueil et la défense de la vie humaine ».



« Après cette goutte, la mer ne sera plus la même »


C’est elle que François avait citée en exemple pour justifier son « petit geste » de ramener avec lui de l’île grecque de Lesbos trois familles de réfugiés syriens, le 16 avril. « On a posé la même question à Mère Teresa : “Mais vous, tant d’effort, tant de travail, uniquement pour aider les gens à mourir… Ce que vous faites ne sert pas ! La mer est si grande !” Et elle a répondu : “C’est une goutte d’eau dans la mer, mais après cette goutte la mer ne sera plus la même.” »


Le chef de l’Eglise catholique a aussi donné à l’action de la religieuse, tenace et pragmatique, Prix Nobel de la paix en 1979, une portée politique : « Elle a fait entendre sa voix aux puissants de la Terre, afin qu’ils reconnaissent leurs fautes face aux crimes de la pauvreté qu’ils ont créée eux-mêmes. »


Une canonisation constitue la déclaration officielle qu’une personne décédée est au paradis. Pour cela, le futur saint doit avoir obtenu deux miracles, l’un pour la béatification, l’autre pour la canonisation, signes de sa proximité avec Dieu. Dans le cas de Mère Teresa, il s’est agi de la guérison en 1998 d’une Indienne qui souffrait d’un cancer, puis celle en 2008 d’un Brésilien atteint de tumeurs au cerveau.



« Elle était comme nous »


Gonxhe Agnes Bojaxhiu est entrée dans les ordres à 18 ans chez les sœurs de Notre-Dame-de-Lorette à Dublin, choisissant son nom de religion en hommage à Thérèse de Lisieux, avant d’être envoyée à Calcutta pour enseigner la géographie à de jeunes filles aisées. En 1950, elle fonde les Missionnaires de la Charité, qui comptent aujourd’hui 5 000 religieuses consacrant leur vie, dans une austérité radicale, « aux plus pauvres d’entre les pauvres » à travers le monde. Mère Teresa accueillait les mourants dont les hôpitaux ne veulent plus, fonda des maisons pour les orphelins, les lépreux, les malades mentaux, les mères célibataires, les malades du sida…


« Elle n’était pas une personne extraordinaire, elle était comme nous, mais elle était différente en cela qu’elle était en permanence en communion avec Dieu, quoi qu’elle fasse », explique une sœur, missionnaire de la Charité depuis cinquante ans.


Cependant, à mesure que sa notoriété augmentait, sa ferme opposition à la contraception et à l’avortement, ses méthodes rudimentaires ou ses sources de financement lui ont valu des critiques et parfois même des attaques acerbes. François a ainsi mentionné son engagement contre l’avortement, qu’elle avait qualifié, à Oslo, de « plus grande force de destruction de la paix aujourd’hui, un meurtre direct par la mère elle-même ». « Elle s’est dépensée dans la défense de la vie, en proclamant sans relâche que celui qui n’est pas encore né est le plus faible, le plus petit, le plus misérable », a rappelé dimanche le pape.



« Une sainte des ténèbres »

Surtout, contrairement à François, elle ne cherchait pas à s’attaquer aux racines de la pauvreté, regrette Mary Johnson, une Américaine qui a été également missionnaire de la Charité pendant vingt ans. « Elle avait le capital politique, la bonne volonté de tant de gens à travers le monde, l’oreille des présidents, l’argent… Elle aurait pu user de son influence pour chercher des solutions plus durables », explique-t-elle. Son objectif « n’était pas d’éliminer la pauvreté mais de sauver des âmes », répond une sœur, missionnaire de la Charité.


Et même si elle-même, comme l’ont révélé des écrits poignants publiés après sa mort, s’est sentie rejetée par Dieu pendant la majeure partie de sa vie, allant jusqu’à douter de son existence, Mère Teresa entendait bien continuer ce travail dans l’au-delà. « Si jamais je deviens une sainte, ce sera sûrement une des ténèbres. Je serais en permanence absente du paradis, afin d’aller allumer une torche pour ceux plongés dans les ténèbres sur terre », écrivait-elle en 1959.



Le Monde.fr avec AFP


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