Après des demandes répétées de la communauté musulmane pour avoir son propre symbole religieux devant l’Hôtel de Ville de Mont-Royal pendant les Fêtes, le conseil municipal a tranché: aucun symbole religieux ne sera toléré. Exit la crèche et la ménorah, qui y trônaient depuis une quinzaine d’années.
«Nous nous sommes demandé si nous voulions faire l’étalement des cinq grandes religions. Va-t-on mettre cinq symboles? Ce n’est pas le rôle de la Ville, qui est un pouvoir public laïc», explique le maire de Mont-Royal, Philippe Roy.
Les élus, de confessions différentes, ont adopté la proposition à l’unanimité. La crèche était érigée devant l’Hôtel de Ville à Noël depuis plus de 15 ans et la ménorah (chandelier juif à sept branches) a été instaurée quelques années plus tard par un maire juif.
Une synagogue et une église ont accepté de placer les symboles sur leur terrain après discussion avec les élus, qui seront présents lors des différentes festivités religieuses.
Une décision qui choque
«Pourquoi enlever une vieille tradition acceptée? demande Carla Mariano. Le conseil a-t-il le droit de l’enlever unilatéralement? Ça ne devrait pas plutôt aller dans les mains des citoyens?»
La résidante de Mont-Royal croit qu’on devrait plutôt protéger l’héritage judéo-chrétien du Canada, d’où il tire ses droits et libertés, selon elle.
Pour le maire, il s’agit de représentativité. «Il y a beaucoup de communautés à Mont-Royal. Si on veut représenter la population, la question se pose. Pourquoi ne met-on pas les autres symboles religieux?», demande-t-il.
L’argument démographique ne tient pas, selon Mme Mariano. En effet, 52% des citoyens sont catholiques, 12% juifs, 7% grecs orthodoxes, 7% n’ont pas de religion et 6% musulmans. «C’est près de 80 % qui sont chrétiens, juifs ou que les symboles religieux ne dérangent pas», croit la protestante évangélique.
Un sapin de consolation
Le sapin devant l’Hôtel de Ville, lui, demeurera décoré. «Nous faisons une distinction entre les symboles religieux et les décorations de Noël, mentionne Philippe Roy. Noël est religieux pour certains, mais pour d’autres, c’est culturel. Il y a des non-chrétiens qui ont un arbre de Noël.»
Quand il s’agit de problèmes impliquant des immigrants, les Québécois ont tendance à s’identifier à l’éléphant dans une ménagerie de verre. Ils ont peur de briser les lieux où ils sont tout de même aussi chez eux. Ils craignent de s’affirmer et de paraître de ce fait comme des dominateurs dont l’intolérance la disputerait à la xénophobie. Lire.
Jesus Camp
Heidi Ewing & Rachel Grady, USA, 2006, 85 min
Jesus Camp is about the « Kids On Fire School of Ministry, » a charismatic Christian summer camp located just outside Devils Lake, North Dakota and run by Becky Fischer and her ministry, Kids in Ministry International. The film focuses on three children who attended the camp in the summer of 2005—Levi, Rachael, and Tory (Victoria). The film cuts between footage of the camp and a children’s prayer conference held just prior to the camp at Christ Triumphant Church, a large church in Lee’s Summit, Missouri, a suburb of Kansas City. – WIKI
L’initiative vient de l’archêveché de Madrid. En échange du pardon, les femmes devront faire pénitence.
L’initiative, rappelle le quotidien espagnol El mundo, vient de l’archêveché de Madrid qui, dans un communiqué publié sur son site, explique que «cette (concession) a pour but de faciliter l’obtention de la grâce divine pour les fidèles qui participent aux Journées mondiales de la Jeunesse».
Cette décision va à l’encontre de la tradition catholique, où il existait des péchés qu’un prêtre ne pouvait pas pardonner, et qui aboutissaient automatiquement à l’excommunication: l’adultère, l’apostasie, l’hérésie et l’assassinat, rappelleEl País.«La décision de Rouco (archevêque de Madrid) est d’autant plus frappante que la hiérarchie du Vatican considère l’avortement comme un meurtre, bien qu’il soit autorisé par la loi dans de nombreux pays», estime le journal.
«Normalement, seulement certains prêtres ont le pouvoir de lever ce genre d’excommunication, mais le diocèse local a décidé d’attribuer ce pouvoir à tous les prêtres qui donnent la confessions lors de cette célébration» explique le porte-parole du Pape, Federico Lombardi, cité par le Guardian.
Extraordinairement, entre le 15 et le 21 août à Madrid, les prêtres du monde entier pourront donc lever l’excommunication des femmes qui confessent avoir pratiqué un avortement et qui se sont repenties, expliqueEl País. Près de 2 000 prêtres donneront le sacrement de la réconciliation dans près de 200 confessionnaux installés dans le parc du Retiro pour un «Festival du pardon», et Benoît XVI lui-même confessera un groupe de jeunes samedi 20 août rappelleLa Croix.
Avec le pardon, les femmes se verront imposer une «pénitence convenable». Et comme il n’y a pas de mode d’emploi, chaque prêtre imposera la pénitence qu’il estime adéquate. «Un catalogue qui va de réciter son chapelet, à faire une donation, partir en pélerinage dans un sanctuaire marial, ou avoir des enfants», raconte le quotidien espagnol qui a interrogé quelques prêtres. Père Roberto par exemple explique qu’il préfère «voir en fonction de la personne» la pénitence à imposer. Miguel García, de Pampelune, privilégie les peines comme «aller voir le saint père, assister à une messe, ou réciter le chapelet». «Ce n’est pas comme au Moyen Age», répond-il à ceux qui s’attendent à des punitions extrêmes.
«Morale à la carte»
Le Vatican s’aventure sur un terrain particulièrement sensible, rappelle le journal britannique. «L’avortement est une question délicate en Espagne, mais avec 112 000 avortements légaux en effectués en 2009, c’est un choix que beaucoup d’Espagnoles sont prêtes à assumer».
L’initiative prête à débat: des voix s’élèvent pour dénoncer le relativisme de cette «morale à la carte», pour reprendre les termes de Juan José Tamayo, de l’Association de théologiens Juan XXIII, cité par El País: «C’est le meilleur exemple d’absolutisme papal, qui n’est même pas capable de se tenir à ses propres principes moraux, qu’il transgresse quand ça l’arrange, comme les pharaonségyptiens, les seigneurs du Moyen Age, et les dictateurs qui imposent leur propre morale».
‘It is easy to find examples of how religious thinking among lay or fundamentalist Christians can result in profoundly irrational ideas. But the evidence that reason is abandoned in Christianity equally comes from the mouths of « sophisticated » theologians, leaders, scholars and spokespersons practising it.’
Speakers in order of appearance:
1. Professor George Coyne, Astronomer, Vatican Observatory
2. Robin Collins, Professor of Philosophy
3. Dr Benjamin Carson, Paediatric Neurosurgeon
4. John Lennox, Oxford Professor of Mathematics
5. Francis Collins, National Human Genome Research Institute Director
6. John Polkinghorne, Cambridge Professor of Mathematical Physics
7. JP Moreland, Professor of Philosophy, Biola University
8. William Dembski, Research Professor of Philosophy
9. Dr Rowan Williams, Archbishop of Canterbury
10. Dinesh D’Souza, Hoover Research Fellow, Stanford
11. Dr Ravi Zacharias, Renowned Christian Apologist
12. Brian Leftow, Oxford Professor of the Philosophy of the Christian Religion
13. Dr William Lane Craig, Renowned Apologist and Philosopher
14. Nicholas Saunders, Science and Religion Scholar, Cambridge
15. NT Wright, Leading New Testament Scholar
16. Alvin Plantinga, Notre Dame Professor of Philosophy
17. Alistair McGrath, Oxford Professor of Historical Theology
18. Freeman Dyson, Physicist, Institute for Advanced Study, Princeton
19. RJ Berry, Professor of Genetics, UCL
20. Denys Turner, Yale Professor of Historical Theology
Depuis longtemps, les églises du Québec se vident. Depuis peu, nos temples ferment, sont démolis ou sont vendus au plus offrant. Mais aujourd’hui, de simples citoyens s’unissent pour tenter de sauver leur église. Même si la plupart d’entre eux ont déserté la messe, tourné le dos au dieu catholique, ils ont compris l’importance d’assurer la pérennité de ce qui représente encore un repère historique, culturel et surtout identitaire …
C’est ce qu’ont fait les habitants de St-Camille, un petit village des Cantons-de-l’Est. Avant de voir leur église fermée par leur diocèse, ils ont entrepris de la transformer en espace communautaire, ouvert à toutes les générations. En partant avec Delphis et Monique Duhamel, qui photographient les églises du Québec, suivez les péripéties des citoyens de St-Camille dans leur projet de transformation. Alors que quelques irréductibles résistent pour conserver leur temple tel quel, de nouveaux arrivants et quelques natifs du village, athées ou croyants, jeunes ou vieux, progressent pour arriver au bout de leur peine : redonner vie à leur église.
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Dieu et nous, un passé catholique
Luc Cyr et Carl Leblanc, Ad Hoc films, Québec, 2008, présenté en 4 épisodes de 52 min sur les ondes de Télé-Québec
Avec ses jurons, ses paroisses, ses presbytères, ses grenouilles de bénitiers et ses enfances à l’eau bénite, le Québec ne peut renier le rapport étroit entre son identité, son histoire et celles de l’Église catholique. Sans le dieu catholique, qui serions-nous? En posant un regard laïc sur cette question, on comprend mieux l’importance de la religion dans la définition changeante de ce que nous sommes.
Long métrage documentaire en deux parties sur l’évolution de la religion au début des années 1970, Tranquillement, pas vite (1re partie) – Que s’est-il donc passé? retrace la désagrégation et la mutation rapides de la religion catholique au Québec. Des paroissiens se réunissent et discutent de l’avenir de leur église, de sa chapelle et de ses services. Le manque de financement est au centre de la discussion, de même que la place accordée aux rassemblements communautaires payants, telles les parties de bingo, et le nombre croissant de prêtres se retrouvant sans emploi.
Tranquillement, pas vite (2e partie) – Communauté de base présente huit mois d’une expérience originale de reconstruction religieuse : celle de la communauté chrétienne de base, sise à Montréal.
Devant la chute spectaculaire du nombre des fidèles et des nouvelles vocations partout en Occident, la religion catholique fait aujourd’hui face à une crise sans précédent. Fasciné par ce phénomène de société, le réalisateur italo-québécois Nicola Zavaglia a pénétré au coeur même de la réalité quotidienne de l’Église pour recueillir les témoignages évocateurs des « appelés » qui s’interrogent sur l’avenir de leurs institutions. S’appuyant sur des images d’une beauté saisissante tournées à Rome, en Calabre et au Québec, L’Éclipse du sacré dresse le portrait objectif d’une religion en questionnement. Deux mille ans après Jésus-Christ, le culte catholique peut-il espérer redevenir florissant?
À l’automne 1975, Second regard entrait en ondes pour la première fois. 35 ans plus tard ou 1818 émissions plus loin, ça saute aux yeux : nous avons beaucoup changé. Religion (et notre rapport au religieux), langue, identité, mondialisation, laïcité, immigration. Cette semaine, Alain Crevier rencontre Gérard Bouchard.
… ‘Nous entrons dans une aire extrêmement difficile; Je sais pas si tout le monde en est conscient, probablement, mais l’avenir du français au Québec dans les cinquante prochaines années là, ça va être quelque chose d’assez étonnant. On pourra pas programmer notre survie linguistique comme on l’a fait dans le passé’ …
Au cours des années 1960, le Québec serait « sorti de la religion » pour entrer dans un processus de modernisation avancée. Du moins est-ce ainsi que cette période charnière de notre histoire a longtemps été racontée et célébrée. Mais, en opposant aussi nettement religion et modernité, ce récit canonique n’a-t-il pas eu tendance à simplifier l’histoire et à négliger l’évolution religieuse du Québec moderne ? Ce volume pose un autre regard sur ces développements. Des intellectuels de plusieurs horizons (philosophie, sociologie, théologie, histoire, droit et littérature) réexaminent d’abord le parcours des dernières décennies, notamment la Révolution tranquille et les relations complexes qu’elle a entretenues avec le catholicisme. Ils abordent ensuite plusieurs questions actuelles : le pluralisme religieux, les manifestations religieuses dans la culture, la référence à la laïcité, l’enseignement de la religion. Ils proposent enfin une réflexion fondamentale sur les rapports entre la modernité et la religion dans un Québec qui représente une vitrine exceptionnelle pour observer les transformations que subissent un grand nombre de sociétés à l’heure de la mondialisation.
La société québécoise a beau se laïciser, son fond religieux n’est jamais très loin quand il est question d’accommodements raisonnables ou de la présence d’autres religions dans l’espace public. Sommes-nous catholiques malgré nous ? Avec le journaliste Alain Crevier, animateur de Second regard, Bernard Émond et Jean-Philippe Perreault, doctorant et chargé de cours en science des religions.
Bernard Émond livre ici une stimulante réflexion sur l’importance pour le Québec de renouer avec son patrimoine culturel et spirituel. Série de trois entretiens avec Simon Galiero publiée à l’occasion de la sortie du film La donation, La perte et le lien raconte la création de la trilogie commencée avec La neuvaine et Contre toute espérance. Bernard Émond y approfondit le sens de chacun de ces films, expliquant à la fois son respect pour l’héritage chrétien et les raisons de sa non-croyance. Mais le livre va au-delà de la trilogie : il dévoile le parcours tout en contrastes dont émane l’ensemble de l’œuvre de Bernard Émond. Il traite de sa conception du film comme une fable, de son esthétique dépouillée inspirée de Bergman, de l’importance accordée dans son œuvre à des lieux emblématiques de l’histoire du Québec, et de son travail avec des comédiens comme Élise Guilbault, Guylaine Tremblay et Luc Picard. Enfin, Bernard Émond et Simon Galiero partagent leur point de vue sur la réalité de la société québécoise contemporaine et dénoncent la rupture de celle-ci avec son histoire, un déracinement qui la laisse à la merci du néolibéralisme et d’une culture du divertissement souvent abrutissante.
‘Les croix de chemin sont au paysage culutrel du Québec ce que sont les érables à sucre à son paysage naturel. Les unes et les autres n’existent pas beacoup ailleurs en Amérique du Nord et ils se retrouvent massivement ensemble dans le sud du Québec, comme si les croix et les érables étaient faits de la même substance, pour tout dire du même bois. Plus encore, ils se présentent au regard des gens d’ici comme autant de soldats au garde-à-vous prêts à défendre l’identité nationale’ …
Il y a plus de 3000 croix de chemin le long des routes du Québec. Des croix balisaient jadis les travaux et les jours; des croix que ne voit plus aujourd’hui. Part importante de notre patrimoine, elles sont la manifestation de la foi, de l’espérance, de la créativité de nos ancêtres.
… Au Québec, les croix de chemin se divisent en trois types: la croix simple, sans ornement, la croix aux instruments de la passion, dont le marteau, les clous, la couronne, l’éponge ou encore le coq du reniement évoquent la crucifixion du Christ, et le calvaire.
Plus que de simples symboles religieux, les croix ont une fonction sociale. «Tant qu’il y aura une croix en vue, nous sommes au pays des humains», écrit joliment Serge Bouchard à ce sujet. C’est le «titre foncier du paradis sur terre», dit-il encore …
The Last Sacrifice of Rite is a study of what used to be a way of life, now transformed and how old values are trying to survive. It’s looking at people that are holding on to a deeply rooted tradition and priests that are determined to try and keep that ritual alive.
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Enfin, trois articles de Stéphane Baillargeon parus à la veille de la St-Jean en 2010 :
En 1774, dans l’espoir d’apaiser ses colonies mouvementées, l’Empire britannique signe l’Acte de Québec. Il concède aux Canadiens français le droit de pratiquer la religion catholique, d’appliquer le droit civil français et celui de faire le tout en français. À l’occasion de la Fête nationale, Le Devoir jette un regard en bleu, blanc et rouge sur chacun de ces trois éléments pour voir en quoi cet héritage français a modelé l’esprit québécois. Aujourd’hui, rouge pour religion.
Professeur de la faculté de théologie et de sciences religieuse de l’université Laval, Robert Mager a publié en février (avec Serge Cantin) Modernité et religion au Québec. Où en sommes-nous? (PUL).