Pédophilie – L’Église veut éduquer son clergé par Internet

CITÉ DU VATICAN — L’Église catholique a commencé la préparation d’un centre d’e-learning pour diffuser les meilleurs moyens de lutter contre la pédophilie auprès de tous les évêques et responsables religieux des 2700 diocèses de la planète.


«Nous voulons montrer les méthodes expérimentées dans certaines parties du monde, ce qu’on appelle en anglais les « best practices »», a expliqué à l’AFP le père jésuite Hans Zollner, directeur à Rome de l’Institut de psychologie de la prestigieuse université grégorienne, un des maîtres d’oeuvre du projet.


Le centre pastoral d’e-learning sera ouvert sur Internet à l’issue d’une conférence, qui rassemblera en février 2012 quelque 200 experts, responsables de conférences épiscopales et de congrégations.


Le but est de responsabiliser les clercs, selon les consignes de Benoît XVI, afin que les victimes soient écoutées et assistées, et les coupables poursuivis.


La conférence sera «un pas, ni le premier ni le dernier, sur un chemin douloureux et long» pour l’Église catholique, et le centre d’e-learning en sera le prolongement, explique le Vatican. En cinq langues (anglais, français, allemand, italien, espagnol), il est prévu pour trois ans, plus si des financements sont trouvés.



Agence France-Presse
Le Devoir

Former Catholic bishop Raymond Lahey pleads guilty to child pornography charges

OTTAWA — Former Catholic bishop Raymond Lahey has pleaded guilty in an Ottawa courtroom to importing child pornography.


Raymond Lahey, 70, was picked up at the Ottawa airport on Sept. 15, 2009 when border security agents said they found three images on his laptop computer of boys engaged in various sexual acts.


Documents supporting a search warrant indicated Lahey was referred for a secondary inspection because he had visited Indonesia, Malaysia, Thailand, Spain and Germany since 2005. Those countries are notorious sources of the illicit material.


The officer also noticed that Lahey was evasive with his answers, avoided eye contact and changed his tone of voice during specific questions, according to the document.


Lahey told the officers the laptop belonged to him and that “he was attracted to males aged 20 to 21,” the document alleged.


A forensic examination of Lahey’s hard drive revealed at least five photos depicting mostly-nude boys between the ages of eight and 12 in various poses and engaged in sexual acts. One of the boys had a dark complexion, the other was blond.


Three months before he was charged, Lahey oversaw a historic apology and $15-million financial settlement for victims of sexual abuse committed by a priest in his diocese in Antigonish, N.S. Lahey is scheduled for a three-day trial.


Earlier court time set aside by Lahey’s lawyer Michael Edelson to argue that Lahey’s Charter rights had been violated was cancelled.


Edelson indicated at the time that if he had any charter arguments, they would be made during the trial.
In addition to the criminal charges, Lahey is also accused in a civil lawsuit of sexual abuse.


In a statement of claim filed in the Supreme Court of Newfoundland and Labrador, Todd Boland alleged former Bishop Raymond Lahey fondled him over his clothes, and that the abuse happened on numerous occasions over several years.


The abuse is alleged to have happened in the mid-1980s when Boland was a resident at the infamous Mount Cashel orphanage.



Andrew Seymour
National Post

Les élections fédérales – La religion détient-elle la balance du pouvoir ?

Avant même que l’on connaisse les résultats des élections ce soir (l’article a été publié le 2 mai 2011), le Nouveau Parti démocratique aura réussi une percée historique. Non seulement le NPD a-t-il secoué l’échiquier politique au Québec et au Canada, mais il s’est aussi imposé comme force d’espoir dans un pays de moins en moins religieux. Son fondateur, Tommy Douglas, un pasteur baptiste, aura souri dans sa tombe. Comble d’ironie, le glas sonne depuis pour le Parti libéral, sinon pour sa célèbre philosophie: «On ne gagne pas une élection avec des prières.»


Dans la campagne qui s’achève, nul enjeu explicitement religieux n’a pris la vedette. Aucun parti non plus n’a affiché d’affiliation confessionnelle. À peine quelques incidents de nature éthique auront-ils distrait les médias avant que les sondages et leurs surprises n’accaparent l’actualité politique. Pourtant, on «compte» encore les votes religieux, on cultive les minorités où la religion est toujours importante. Sans occuper la place publique comme aux États-Unis, cet électorat détiendrait un pouvoir non négligeable.


Certains commentateurs s’interrogent en voyant des adhérents de certaines confessions tenter de faire passer leurs valeurs dans le discours politique. Plus encore, dit-on, les candidats cultivent des minorités dont les membres voteraient selon les mots d’ordre de leurs leaders. Même là où ces électeurs ne votent pas en bloc, quand une élection se joue entre plusieurs candidats, ces suffrages pourraient décider du résultat.


Dans le Canada d’autrefois, quelques chefs religieux incitaient à voter libéral ou conservateur. Comme on disait alors, «le ciel est bleu et l’enfer est rouge». Les quelques évêques qui s’aventuraient à le faire risquaient de semer la bisbille au sein du clergé. Un bon curé, au contraire, s’abstenait de prendre parti, sa paroisse comptant des partisans de l’un et l’autre camp. Et quand en 1956 des abbés dénoncèrent les moeurs électorales, ce fut après la campagne de Maurice Duplessis, non avant, et encore moins pendant.


Une exception: le candidat communiste. À l’époque, un maire de Trois-Rivières, J.-A. Mongrain, ayant eu l’audace de se porter candidat libéral contre le chef de l’Union nationale, la rumeur courut que cet enseignant défroqué était — dites-le à voix basse — «communiste». Dans Sainte-Marguerite, l’épicier de la paroisse, libéral mais bon catholique, fit venir le vicaire dans le backstore. «Est-ce vrai?», lui demanda-t-il. «On ne le sait pas, répondit le représentant de Dieu, mais il n’y a pas de risque à prendre.»


De nos jours, au Canada, la religion et la politique logent à part. Si un candidat de foi hindoue, par exemple, ou sikhe, ou même juive fait l’objet de suspicion, ce n’est pas pour ses croyances, mais plutôt pour quelque liaison étrangère. Aux États-Unis, où un Barack Obama doit exhiber son extrait de naissance, il n’est pas bon ces temps-ci d’être un candidat de foi musulmane, mais les chefs politiques américains affichent volontiers leur adhésion religieuse. Or, il en va autrement ici, comme le confirme la discrétion des leaders actuels.


L’histoire explique cette attitude. À l’époque où protestants et catholiques étaient souvent hostiles les uns aux autres, les conflits de religion étaient une menace à la cohésion politique du pays, sinon à la paix sociale. Le parti qui aurait courtisé ouvertement les catholiques du Québec risquait de perdre des votes en Ontario, et vice versa. Les leaders devaient donc, pour prendre le pouvoir, surmonter l’embûche confessionnelle. C’est ce qui vaut au Canada actuel de chérir officiellement sa tolérance.


Par contre, le pays ayant été fondé, dirigé et façonné par des Européens de culture chrétienne, il n’est pas mal vu pour les partis et leurs leaders de visiter les communautés d’autres cultures venues d’Asie ou du Moyen-Orient. La reconnaissance qui est ainsi donnée à leur apport à la société et à la vie nationale fait partie de la politique d’accueil envers les immigrants. Certes, longtemps les libéraux surent en tirer des avantages partisans. Que les autres partis en fassent autant de nos jours n’est toutefois pas scandaleux.


Le problème est ailleurs. Les électeurs qui vendaient autrefois leur vote pour un dix dollars ou une caisse de bière attiraient, certes, la pitié. Et les organisateurs d’élection qui pratiquaient ce trafic ne s’en vantaient pas. Aujourd’hui, l’achat des électorats se fait à coup de subventions aux entreprises régionales. Les circonscriptions acquises ou réfractaires sont laissées de côté. On ne gagne ni ne perd d’élection sur la foi de vraies politiques. Et c’est en toute honnêteté que se pratique cette corruption à ciel ouvert.


Paradoxalement, maintes organisations religieuses qui devraient combattre cette corruption n’y voient pas d’injustice. Certaines sont encore à s’infiltrer dans les coulisses du pouvoir dans l’espoir d’y faire prévaloir des privilèges ou des dogmes dont la société actuelle ne veut plus. Curieusement, s’il faut en croire les analyses, les fidèles les plus ardents auraient tendance à appuyer le Parti conservateur, alors que leurs Églises en réprouvent les mesures répressives à l’endroit des délinquants de tous âges.


En même temps, le Parti libéral qui avait, pour rester au pouvoir, emprunté aux conservateurs de telles mesures l’aura finalement fait en vain. Pour se rapprocher à son tour du pouvoir, même le NPD n’a pas craint, dans son programme électoral, d’inventer quelques mesures répressives. La balance du pouvoir tiendrait-elle à une philosophie carcérale? Ou à l’influence d’une ou deux minorités?


En tout cas, à voir le changement massif qui s’annonce aux urnes, il faut croire que les citoyens du pays recherchent une autre voie. Quelles que soient ses croyances, c’est le temps, cette fois, d’aller voter!



Jean-Claude Leclerc enseignant en journalisme à l’Université de Montréal
Le Devoir

Jean Paul II proclamé bienheureux

Le pape Jean Paul II a été proclamé bienheureux dimanche par son successeur Benoît XVI, sous les vivats de la foule réunie place Saint-Pierre au Vatican pour une cérémonie qui a rassemblé plus d’un million de personnes dans la capitale italienne.


«Nous, accueillant le désir de nombreux fidèles, acceptons que le vénérable serviteur de Dieu, Jean Paul II, pape, puisse être déclaré bienheureux». À ces mots du pape, prononcés en latin, une immense clameur s’est élevée, les fidèles applaudissant à tout rompre sous un grand soleil, tandis que d’autres s’agenouillaient sur les durs pavés de la place.


Aussitôt une immense photo de Karol Wojtyla, bien avant sa déchéance physique due à la maladie, a été dévoilée devant la foule de fidèles parfois en larmes, dont certains ont crié «Santo Subito» («saint tout de suite»).


La cérémonie était suivie en direct en Pologne par des milliers de personnes massées malgré la pluie sur la grande place Pilsudski, près du centre historique de Varsovie, là où Jean Paul II avait lancé un appel en 1979 au Saint-Esprit à «venir rénover la face de cette terre».


Benoît XVI, portant une mitre et une chasuble ayant appartenu au pape défunt, a fixé au 22 octobre la date pour la «vénération» du «bienheureux» au nom duquel un autre miracle devra être accompli pour qu’il puisse accéder à la sainteté.


Puis deux religieuses, la Polonaise Tobiana Sobodka vêtue de noir, qui avait assisté le pape, et la soeur française toute en blanc Marie Simon-Pierre, la miraculée à l’origine de sa béatification, ont présenté à la foule des fidèles un reliquaire contenant une ampoule de son sang.


Dans son homélie, Benoît XVI a rendu hommage à la «force de géant» de son prédécesseur qui sut «redonner l’espoir au christianisme» face au marxisme et «inverser une tendance qui semblait irréversible».


Lors de la cérémonie, les moments forts de sa vie ont été rappelés: son passé d’ouvrier, d’archevêque de Cracovie, puis son pontificat de plus d’un quart de siècle (de 1978 à 2005), l’un des plus longs de l’histoire de l’Église catholique, marqué notamment par un attentat contre sa personne en 1981.


La préfecture de Rome a avancé le chiffre d’un million de personnes présentes dans la capitale, dont des centaines de milliers Place Saint-Pierre et dans les rues adjacentes, inconditionnels de celui que certains surnomment déjà «Karol le grand» et voient en lui un «saint».


Les Polonais étaient omniprésents -quelque 80 000-, avec drapeaux et banderoles. Mais aussi beaucoup d’Italiens, d’Espagnols et de Français (plus de 40 000) portant fanions et ombrelles aux couleurs vaticanes jaune et or.


Cette fête de béatification permet à l’Église de réaffirmer sa confiance en elle alors qu’elle est ébranlée par un grave scandale de pédophilie. Un scandale sur lequel Karol Wojtyla se voit reprocher par les associations de victimes d’avoir fermé les yeux ou de n’avoir pas réagi suffisamment, par un réflexe de défense de l’institution.


L’ambiance dans la foule était joyeuse et fervente malgré quelques moments d’énervement alors que toutes les rues adjacentes étaient bondées.


Prêtres en soutane ou en clergyman, religieuses de toutes obédiences, familles de milieux modestes ou bourgeois, jeunes sac à dos étaient côte à côte. De nombreux pèlerins suivaient la cérémonie sur quatorze écrans géants disséminés en ville. 800 prêtres ont donné la communion aux fidèles agglutinés autour du Vatican.


À l’issue de la cérémonie, les fidèles devaient défiler devant le cercueil couvert d’un drap bordé d’or, porté des Grottes vaticanes devant l’autel principal, une procession qui pourrait s’étirer jusqu’à la nuit.


Joseph Ratzinger a évoqué la longue agonie de son prédécesseur et «son témoignage dans la souffrance». «Dépouillé petit à petit de tout, il est resté un rocher comme le Christ l’a voulu», a dit Benoît XVI qui fut son bras droit et l’un des derniers à le voir avant son décès le 2 avril 2005.


Le processus de béatification du très charismatique pape polonais a été mené en un délai record de cinq ans et sept mois. Dès le jour des funérailles de Jean Paul II, de nombreux catholiques avaient crié place Saint-Pierre «santo subito».


87 délégations étrangères, dont 23 chefs d’État et de gouvernement, parmi lesquels le président zimbabwéen Robert Mugabe, banni de l’Union européenne, et des représentants de cinq familles royales avaient fait le voyage. La présence du premier ministre français François Fillon et du président de la Commission européenne José Manuel Barroso à cette cérémonie religieuse a été critiquée par les défenseurs de la laïcité.



Jean-Louis De La Vaissiere
Agence France-Presse


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Vatican – L’Église de Benoît n’est pas celle de Jean-Paul
Réginald Harvey, Le Devoir, 23 avril 2011


En passant du Polonais Jean-Paul II à l’Allemand Benoît XVI, du philosophe au théologien, l’Église catholique a-t-elle vécu des changements notables depuis le 19 avril 2005? Sur les plans dogmatique, politique, social et de la gouvernance, Joseph Aloïs Ratzinger dirige les destinées du Vatican depuis à peu près six ans jour pour jour; quels courants s’en dégagent? Lire.