Rouge pour religion – Un Québec postcatholique

Le passé d’une illusion, l’avenir d’une désillusion.

En 1774, dans l’espoir d’apaiser ses colonies mouvementées, l’Empire britannique signe l’Acte de Québec. Il concède aux Canadiens français le droit de pratiquer la religion catholique, d’appliquer le droit civil français et celui de faire le tout en français. À l’occasion de la Fête nationale, Le Devoir jette un regard en bleu, blanc et rouge sur chacun de ces trois éléments pour voir en quoi cet héritage français a modelé l’esprit québécois. Aujourd’hui, rouge pour religion.

Dans le film La Neuvaine (2005) de Bernard Émond, une urgentologue québécoise suicidaire retrouve foi en la vie au contact d’un jeune catholique pratiquant. Dans une des scènes les plus fortes de l’oeuvre, la femme médecin visite la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré et ne comprend absolument rien aux rites et aux symboles de piété populaire qui s’y déploient. Son monde à elle existe après l’euthanasie de Dieu, après ses clinquantes manifestations rituelles ou esthétiques.

«Il aura fallu près de cinquante ans après le début de la mise à mort du catholicisme québécois pour que l’on commence à prendre conscience de ce qui s’est éteint avec lui», écrit le professeur de philosophie Daniel Tanguay dans un article partiellement inspiré de ce film publié dans Globe, la revue internationale d’études québécoises (2007-2008). «Pleine de bruit et de fureur, la foule s’est acharnée à piétiner ce qu’elle avait auparavant adoré. […] Le catholicisme est aujourd’hui spirituellement mort au Québec. Il a été vaincu par le rire et la dérision. […] Nous vivons la fin d’une époque: la Révolution tranquille est bel et bien terminée au Québec et la société québécoise est pleinement devenue une société « postcatholique ».»

 

Le passé d’une illusion

Avec la langue, le catholicisme fut dans le passé le liant de l’identité culturelle canadienne-française. Dès après la Conquête, Londres reconnut aux habitants de l’ancienne Nouvelle-France le droit d’«avoir, de conserver et de jouir du libre exercice de la religion de l’Église de Rome» et au clergé de «tenir, de recevoir et de jouir de ses dus et droits accoutumés». La concession des conquérants anglicans cherchait à s’assurer de la loyauté des nouveaux sujets francophones et catholiques alors que grondait la rébellion des turbulentes colonies américaines.

Les États-Unis d’Amérique ont choisi la laïcité de l’État tout en permettant à la religion de jouer un rôle déterminant dans toute la société encore aujourd’hui. Le Québec se laïcise à sa façon. Le gouvernement Charest ira en appel du jugement de cette semaine de la Cour supérieure sur le cours d’éthique et de culture religieuse imposant des limites constitutionnelles à cette volonté. Le tir de barrage contre la sortie pro-vie du cardinal Ouellet renforce l’impression que l’influence sociale et politique de la religion est ici quasiment réduite à néant. Plus qu’une société postcatholique, le Québec semble être devenu une société postreligieuse.

«Je ne dirais pas cela, réplique Lucia Ferretti, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQAT), spécialiste de l’histoire du catholicisme québécois. En effet, alors que la normativité chrétienne n’est pratiquement plus présente dans les lois, certains groupes radicaux au sein de plusieurs confessions tentent de prendre (ou de reprendre) la place laissée vide et de faire pénétrer leurs propres normativités religieuses au sein de l’appareil législatif et des structures de l’État. […] Il semble donc qu’on assiste depuis une trentaine d’années à un réaménagement, voire à un renforcement, du régime d’association qui caractérise les relations entre l’État et les confessions au Québec et au Canada.»

Son collègue Robert Mager de l’Université Laval poursuit autour de cette idée de la société sortie du religieux. Une fois soumises les nuances concernant la permanence du sacré, il ajoute: «Cela dit, il est clair que quelque chose est derrière nous, à savoir l’encadrement social exercé par l’Église catholique et son influence sur les consciences qui ont été prédominants durant, grosso modo, une centaine d’années. En ce sens, une sécularisation de la culture et de la société s’est bel et bien produite. Définit-elle pour autant un Québec postreligieux? Le phénomène religieux continue de se manifester de toutes sortes de manières, et à toutes sortes de niveaux. À certains égards, le Québec demeure profondément religieux; à d’autres, il présente une inventivité religieuse empruntant des voies typiquement modernes [subjectives, individualistes, etc.].»

Le professeur de théologie vient de publier un ouvrage collectif réexaminant le couple Modernité et religion au Québec (PUL). La rupture opérée dans les années 1960 lui semble «indéniable», tous les indicateurs allant dans ce sens, de la laïcisation des institutions au procès culturel de la religion. «Ce qui est plutôt débattu, ce sont le moment de cette rupture, ses différents aspects, leur portée et leur signification, ajoute-t-il. Ces débats ne sont ni innocents ni simplement scolaires: ils font partie intégrante d’un débat politique fondamental qui concerne l’avenir du Québec. Ce débat est à l’arrière-scène de toute relecture de la dynamique religieuse, et il le parasite largement. Tout se passe comme si l’émergence d’une autoconscience proprement québécoise, en contraste avec l’identité canadienne-française qui existait jusqu’alors, procédait en partie d’une rupture avec l’idéologie de la survivance, dont l’attachement au catholicisme constituait l’un des fondements.»

 

L’avenir d’une désillusion

Ce qui n’empêche pas le religieux expulsé par la porte de se réintroduire vite fait bien fait par la fenêtre, souvent pour accentuer la réaction sévère et critique de l’ancienne «priest ridden province». Le professeur Mager parle d’«une sorte de murmure antireligieux permanent, à plusieurs voix», avec ses «crises épisodiques» bien connues. «Ce murmure antireligieux, qui éclate parfois en crises épisodiques, comme celle des accommodements raisonnables et celle du voile intégral, me paraît être immédiatement lié au malaise identitaire et à l’impasse politique, formant avec eux un complexe inextricable, écrit-il au Devoir. Il humilie au jour le jour ceux et celles qui vivent leur religion avec sincérité et dévouement. Dans ses formes les plus déplaisantes, il déferle contre des boucs émissaires: les prêtres, les religieuses, les musulmanes voilées… comme on s’en prenait autrefois aux Juifs et aux sorcières, avec les tragédies que l’on sait. Non pas que la religion doive échapper à la critique. Mais la fureur contre un autre fantasmé et les appels au lynchage public ne règlent jamais les problèmes de fond, qui sont ailleurs.»

La professeure Ferretti enchaîne en s’interrogeant sur ce qu’il reste de cet héritage dans le Québec actuel. «Même de nos jours, les Québécois restent largement attachés à la morale sociale catholique, sous sa forme sécularisée, note-t-elle. Celle-ci s’exprime d’une part dans leur opposition assez généralisée à la guerre, et aussi dans leur volonté de conserver l’essentiel de l’État-providence [redistribution de la richesse, maintien d’un réel filet social et réhabilitation plutôt que répression de la jeunesse en difficulté].»

Dans son analyse de La Neuvaine, Daniel Tanguay note que le vide créé par la disparition sociale et culturelle du catholicisme est en partie comblé par une sorte de «religion thérapeutique» qui tend à confondre quête spirituelle et confort psychologique. C’est le réconfort apporté à la doctoresse en mal d’espérance.

«J’aimerais croire que cet héritage se perpétue en quelque manière, mais j’aurais du mal à sortir des lieux communs qui réconfortent plusieurs catholiques de bonne foi que je connais ou que je lis», écrit finalement en entrevue le professeur Tanguay. «L’héritage chrétien est agissant selon eux dans la poursuite du projet humaniste de justice, d’égalité et de liberté, projet qui est encore sensible dans la société québécoise. C’est vrai, mais alors on ne sait plus très bien distinguer la foi de l’humaniste de celle du chrétien. Cette confusion est permanente par exemple chez l’un des penseurs les plus respectés et respectables du Québec contemporain: Charles Taylor. Pour ma part, j’aimerais que l’héritage chrétien soit plus dérangeant au Québec. Je me méfie par tempérament d’un christianisme qui prend trop ses aises avec le monde moderne. Je veux qu’il m’inquiète, qu’il me fasse sortir de ma torpeur et de ma paresse intellectuelles. Si l’héritage chrétien a encore un sens au Québec, c’est dans la mesure où il peut remettre en question notre conformisme moral.»


Stéphane Baillargeon
Le Devoir

Lucia Ferretti: «Le Québec est bel et bien une société distincte au Canada»

Historienne, professeure à l’université du Québec à Trois-Rivières, Lucia Ferretti a notamment publié une très remarqué Brève histoire de l’Église catholique au Québec (1999).



1)  Considérons d’abord l’influence sociale et politique de la religion. Le Québec est-il devenu une société quasi postreligieuse?


Je ne dirais pas cela. En effet, alors que la normativité chrétienne n’est pratiquement plus présente dans les lois, certains groupes radicaux au sein de plusieurs confessions tentent de prendre (ou de reprendre) la place laissée vide, et de faire pénétrer leurs propres normativités religieuses au sein de l’appareil législatif et des structures de l’État.


Certains groupes au sein des minorités confessionnelles refusent de respecter des lois, qu’ils présentent ostensiblement comme chrétiennes, alors qu’en réalité celles-ci expriment tout simplement la culture nationale, fondée sur un héritage pluriséculaire désormais entièrement sécularisé. C’est le cas par exemple de la Loi sur le mariage, qui ne reconnaît que les unions monogames, pourtant la Cour suprême est en train de se demander si la polygamie devrait être permise. C’est le cas aussi du calendrier scolaire, et pourtant la ministre Courchesne était prête à le modifier pour légaliser la situation d’écoles qui refusent le dimanche comme jour commun (et si peu religieux) de repos.


Par ailleurs, des groupes évangélistes, auxquels le cardinal Ouellet a choisi de s’associer récemment à titre personnel, multiplient de leur côté les tentatives pour faire criminaliser l’avortement de nouveau.


Certes, tous les essais ne sont pas couronnés de succès. Cependant, bien des décisions de la Cour suprême ont donné raison aux groupes religieux les plus radicaux; par ailleurs, les pressions politiques s’accentuent sur les différents gouvernements. Il semble donc qu’on assiste depuis une trentaine d’années à un réaménagement, voire à un renforcement, du régime d’association qui caractérise les relations entre l’État et les confessions au Québec et au Canada.



2) Comment se démarque le Québec dans ses rapports à la religion? La société québécoise se distingue-t-elle de ce point de vue du reste du Canada?


Plusieurs études, de Reginald Bibby ou de E-Martin Meunier par exemple, montrent que les Québécois catholiques de tous âges sont moins attachés au culte et participent moins aux activités paroissiales que les Canadiens de cette confession. Les études de Nancy Rosenfeld révèlent que Montréal se classe au premier rang en Amérique du Nord, bien loin devant Toronto ou même New-York, pour l’intensité sociale et religieuse de la vie juive, notamment à cause de la très forte présence ici des courants les plus orthodoxes du judaïsme.


En outre, il semble qu’il y ait proportionnellement plus de chiites au Québec qu’au Canada parmi les musulmans. Quant à la mouvance évangéliste au sein des Églises protestantes, qui a tant d’influence dans l’Ouest du Canada et sur le gouvernement Harper, c’est une réalité au Québec aussi, mais très marginale. Vous avez donc raison: le Québec est bel et bien une société distincte au Canada, y compris sous le rapport de la religion.



3) Considérons la religion catholique en particulier, celle de la majorité. Une rupture fondamentale semble s’être opérée dans les années 1960. Est-ce le cas selon vous?


À partir du milieu des années 1960, on constate une chute brutale de l’assistance à la messe et un net refus des jeunes générations de Québécois de suivre les prescriptions de la morale sexuelle catholique.


Par contre, même de nos jours, les Québécois restent largement attachés à la morale sociale catholique, sous sa forme sécularisée. Celle-ci s’exprime d’une part dans leur opposition assez généralisée à la guerre, et aussi dans leur volonté de conserver l’essentiel de l’État providence (redistribution de la richesse, maintien d’un réel filet social et réhabilitation plutôt que répression de la jeunesse en difficulté).



4) Comment se perpétue la tradition, l’héritage chrétien dans notre société?


Dans les bibliothèques, les musées des congrégations, le Musée des religions de Nicolet, la culture religieuse du passé est généralement assez bien conservée et est très accessible. Le patrimoine matériel est davantage menacé.


Par ailleurs, au présent, une multitude d’ouvrages de spiritualité ou de doctrine paraissent chaque année. Les paroisses organisent la catéchèse des jeunes et des adultes. Des communautés chrétiennes se réunissent sur d’autres bases que la paroisse (regroupement d’intellectuels croyants autour des Dominicains, d’hommes gais autour des Oblats à Saint-Pierre-Apôtre, de féministes catholiques dans certains mouvements et revues, de militants sociaux autour des jésuites de Relations, etc.). Des médias religieux de grande qualité existent aussi, je pense par exemple au réseau communautaire en constante expansion de radio Ville-Marie et à tant de sites internet. Les nouvelles congrégations religieuses formées de jeunes ouvrent en plein centre-ville leurs célébrations liturgiques au tout venant. Des centres de spiritualités proposent des sessions de ressourcement sur mesure.


Il y a donc une offre variée et créative, et qui répond à une demande en croissance par rapport à ce qu’on pouvait constater il y a quelques années. La principale faiblesse actuelle de ce système est qu’il n’est pas en mesure de précéder cette demande. Il peut simplement y répondre.




5) Le religieux revient en force dans l’actualité mondiale, souvent de manière spectaculaire et négative, voire sur le plan local avec la question des accommodements raisonnables. Croyez-vous que cette tendance accentue la réaction anti-religieuse au Québec?


Au Québec, on n’accepte ni la remise en question de la pleine égalité juridique des femmes et des hommes; ni les accommodements qui ont pour conséquence soit de dresser de nouveaux obstacles dans la marche des femmes vers leur complète égalité sociale et professionnelle, soit d’entourer certains groupes religieux des murs qu’ils souhaitent eux-mêmes ériger.


Respectueux de la liberté personnelle de religion, les Québécois en revanche ne trouvent pas raisonnables les accommodements que leur imposent les jugements de la Cour suprême ou les décisions prises en catimini par le gouvernement du Québec pour satisfaire certaines groupes radicaux au sein des différentes confessions. Cela peut en effet provoquer à l’occasion une réaction antireligieuse.



6) Parlons pluralisme, finalement. La diversité religieuse, avec une forte prédominance chrétienne, caractérise le Québec depuis très longtemps. Le Québec est-il une société tolérante et ouverte?


Sauf au Nouveau-Brunwick et c’est de très peu, aucune confession n’atteint la moitié de la population du Canada ou d’une province. Au contraire, le catholicisme est l’origine religieuse identifiée par plus de 83% des Québécois au dernier recensement. En outre, Montréal est beaucoup moins diversifiée religieusement que Toronto ou Vancouver. Il ne s’agit donc pas de minimiser le pluralisme religieux du Québec, mais simplement de constater les faits.


Cela dit, à aucun moment de son histoire quatre fois centenaire, le Québec n’a été complètement homogène sous le rapport religieux. Et c’est vrai qu’il est particulièrement ouvert. La minorité protestante du Québec, par exemple, n’a jamais été bafouée dans ses droits constitutionnels; on ne peut en dire autant des minorités catholiques au Canada. Par ailleurs, l’État québécois finance plus généreusement les écoles privées des minorités confessionnelles que toute autre juridiction au Canada.



Stéphane Baillargeon
Le Devoir

Clôture de l’année sacerdotale – Benoît XVI souligne l’apport décisif des prêtres

Cité du Vatican, 14 juin 2010 — Le pape Benoît XVI a souligné l’«apport décisif» des prêtres dans l’histoire, hier, peu après la conclusion d’une année sacerdotale entachée par une série de scandales pédophiles au sein de l’Église catholique.


«Si on regarde l’histoire, on peut voir combien de pages d’authentique renouveau spirituel et social ont été écrites grâce à l’apport décisif de prêtres catholiques, uniquement animés par la passion pour l’Évangile et pour l’homme, pour sa vraie liberté religieuse et civile», a déclaré le pape au cours de la prière de l’angélus depuis sa fenêtre donnant place Saint-Pierre au Vatican.


Le pape a particulièrement rappelé les figures du curé d’Ars, Jean-Marie Vianney, et du prêtre polonais Jerzy Popieluszko, béatifié le 6 juin à Varsovie.


L’année sacerdotale, censée raviver les vocations, avait été décrétée le 16 juin 2009 par le pape à l’occasion du 150e anniversaire de la mort du curé d’Ars, Jean-Marie Vianney.


Le père Jerzy Popieluszko, âgé de 37 ans, a été enlevé par trois officiers de la police politique (SB) le 19 octobre 1984, et torturé à mort.


Benoît XVI a également évoqué deux autres béatifiés récents: le journaliste espagnol Manuel Lozano Garrido et le résistant slovène Lojze Grozde (1923-1943).


«Les journalistes pourraient trouver» chez Manuel Lozano Garrido «un témoin éloquent du bien qui peut être fait quand la plume reflète la grandeur d’âme et se met au service de la vérité et des causes nobles», a-t-il affirmé en espagnol.


Vendredi, en clôturant l’année sacerdotale, Benoît XVI avait pour la première fois explicitement «demandé pardon» pour les sévices sexuels commis par des prêtres «à l’égard des petits».


Depuis la publication en novembre d’un rapport en Irlande faisant état de centaines d’abus sexuels commis sur des enfants par des prêtres couverts par leur hiérarchie, les révélations sur des affaires de ce type se sont multipliées dans plusieurs pays d’Europe, y compris en Allemagne, pays natal du pape, d’Amérique du Nord et d’Amérique latine. Le pape a lui-même été accusé d’avoir gardé le silence sur les cas de prêtres pédophiles.



Agence France-Presse
Le Devoir

L’avenir du monastère des Ursulines suscite de vives inquiétudes

Québec — Même si le monastère des Ursulines sera bientôt classé monument historique par le ministère de la Culture, le problème de sa vocation future reste entier. Avec le vieillissement des religieuses qui y résident et l’augmentation des coûts de son entretien, son avenir suscite des inquiétudes grandissantes.


Le professeur Luc Noppen commence à trouver que le temps presse. Si le Québec doit avoir une priorité en patrimoine religieux, dit-il, c’est celle-là. «C’est l’ensemble patrimonial le plus important non seulement de Québec, mais aussi du Québec, du Canada et de l’Amérique du Nord», explique cet expert en patrimoine religieux.


Tapi en plein coeur du Vieux-Québec, ce monastère abrite une soixantaine de religieuses dont la majorité sont très âgées et dont plusieurs nécessitent des soins constants. Les visiteurs peuvent visiter le Musée des Ursulines (qui est actuellement en rénovation) et la chapelle, mais il ne s’agit que d’une partie de l’ensemble architectural fondé aux débuts de la colonie par Marie de l’Incarnation. Bref, le couvent est un joyau connu de peu de gens.


«C’est normal, c’est leur maison», explique M. Noppen, qui se décrit lui-même comme un ami des Ursulines pour avoir été leur voisin. «C’est comme si on parlait d’une vieille dame qui habite dans le Vieux-Québec. Elle ne va pas ouvrir sa porte à n’importe qui.»


Lors d’une visite spéciale la semaine dernière, Le Devoir a pu constater à quel point le couvent avait été bien entretenu par les religieuses. Le soleil d’après-midi plombait à travers les fenêtres de l’ancienne chapelle des soeurs cloîtrées lors de notre arrivée. Chacun de nos pas faisait craquer le vieux plancher de bois tandis qu’au deuxième étage, une soeur jouait sur un immense orgue. «Elle doit s’exercer pour la messe de dimanche», a chuchoté notre guide, soeur Rita Michaud, qui dirige le conseil d’administration du monastère.


Pointant le doigt vers le sol, soeur Michaud nous explique que «les missionnaires Jésuites ont marché là» et que Monseigneur de Laval et les martyrs canadiens comme Jean-de-Brébeuf «passaient par là pour aller à la messe».


Plus loin, le vieil escalier Saint-Augustin construit en 1686 tient encore sur des chevilles de bois. À l’époque, une poulie placée au centre permettait de monter au grenier le grain avec lequel certaines familles payaient les religieuses. Dans un grand âtre de l’aile nord, les soeurs ont même conservé des boulets de canon envoyés par les bateaux de l’amiral Phipps et du général Wolfe.


Aucune pièce n’est banale, comme nous le constatons à la buanderie. «C’est dans cette pièce que le gouverneur James Murray a signé le décret de la condamnation de la Corriveau.» Plus loin, la soeur nous montre l’âtre «où on nourrissait les Indiens». «Marie de l’Incarnation disait qu’il fallait d’abord les faire manger. Après, on pouvait leur parler du Seigneur…»



Monument classé


Le 27 mai, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a annoncé le classement du couvent comme monument historique. Cette démarche n’est pas une fin en soi, mais elle empêcherait par exemple les religieuses de vendre des sections du monastère sans l’appui du ministère de la Culture. Le classement permet en outre aux religieuses d’avoir accès au Fonds du patrimoine religieux. Or lors de notre visite du monastère, il y a quelques jours, soeur Michaud nous disait qu’il y avait apparemment peu d’argent disponible.


D’après nos renseignements, les Ursulines ne roulent pas sur l’or. En plus d’entretenir le monastère, elles doivent payer les frais d’une infirmerie privée qui compte de plus en plus de pensionnaires — les religieuses ayant fait le voeu de ne pas aller à l’hôpital. En 2003, il leur a notamment fallu faire construire un ascenseur pour transporter les civières. À cela s’ajoutent les salaires du personnel de l’infirmerie, mais aussi ceux de la soixantaine d’employés que compte le monastère.


Originaire du Nouveau-Brunswick, soeur Michaud est entrée au couvent comme novice en 1949 et a connu l’époque où certaines religieuses étaient cloîtrées. Cette tradition s’est éteinte vers Expo 67, mais on en trouve les vestiges partout dans le couvent: immenses grillages qui ceinturent l’église, installations pour recevoir les dépôts de l’extérieur, immense porte en bois qui ne s’ouvre que de l’intérieur, etc.


Or, lors de notre visite le 16 juin dernier, le couvent débordait d’activité alors que les élèves de l’école primaire s’amusaient dans la cour intérieure du couvent qui sert de cour de récréation.


Il y a quelques mois, l’école primaire a accepté de briser une tradition vieille de centaines d’années en accueillant des garçons, ce qui lui permettra, espère-t-elle, de garder l’école ouverte encore longtemps.


Or même dans ce cas de figure idéal, il leur faudra bien régler la question du monastère. Interrogée à ce propos, Soeur Michaud nous dit que les Ursulines ne savent pas de quoi sera fait leur avenir, contrairement aux Soeurs Augustines qui, elles, «sont en avance».


En effet, cette communauté qui a longtemps eu pour mission le soin des malades a décidé de transformer son couvent en centre de ressourcement pour les travailleurs de la santé et pour les proches des patients de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu, juste à côté. Lancé il y a plus de dix ans, le projet devrait aboutir en 2014. Les gouvernements ont promis d’y investir 36 millions de dollars.


Soeur Michaud souhaite que les Ursulines trouvent, elles aussi, une vocation au couvent en lien avec «leur mission», l’enseignement, mais elle ignore quelle avenue pourrait être explorée. Le professeur Luc Noppen estime quant à lui que la solution doit passer par l’Université Laval. «On pourrait relocaliser de petites facultés qui ne requièrent pas trop d’aménagements comme celles de philosophie ou d’histoire ou encore en faire un centre de conférences haut de gamme», propose-t-il en citant en exemple le transfert au Petit Séminaire de Québec de la faculté d’architecture. «On ne peut quand même pas faire un musée de l’ensemble du site.»


Or l’Université a ses difficultés financières et ne voudra sûrement pas s’engager dans un tel projet sans un soutien financier substantiel du gouvernement, fait-il remarquer. Un engagement qui risque toutefois d’être difficile à faire accepter au public qui n’est pas au fait de l’existence du trésor… «Il va falloir convaincre l’ensemble des Québécois et des Canadiens que c’est un site important pour que les gouvernements puissent y investir des fonds publics.» En attendant, on peut lire sur le mur de l’aile ouest du couvent cette phrase à laquelle le contexte donne aujourd’hui un sens bien particulier… «Ce que vous voudrez avoir fait à l’heure de la mort, faites-le maintenant.»



Isabelle Porter
Le Devoir

Giant Jesus of Solid Rock church Monroe Ohio Burns

Giant Jesus statue burns to the ground. Only a few wire frames are still standing.

MONROE, Ohio (WDTN) – A large statue of Jesus that has been seen by millions across the country was destroyed by a fire late Monday night.

The King of Kings statue that stood outside the Solid Rock Church located on Union Road just off Interstate 75 is now in ruins. Only a few wire frames are still standing.

Officials are still investigating, but lightning likely sparked the blaze. The fire also damaged the attic of the church’s amphitheater.

Word of the fire spread quickly. Many church members couldn’t believe what had happened and came to see for themselves.

« This is not right, » said church member Gifty. « We just all have to go on our faith and ask God. This cannot be a coincidence. »

« I was pretty upset, » Andy Caudill said. « Seeing a big thing of our Lord and Savior gone. It’s pretty sad. »

The statue was built in 2004. The 42-foot span between its outstretched arms grabbed the attention of motorists driving by.

No word from church officials about whether they plan to rebuild the statue.

 

Jordan Burgess
Wane – News Channel 15