MONTRÉAL – Deux personnages marquants de l’histoire de Québec ont été canonisés au Vatican, jeudi.


Il faudra donc désormais parler de Sainte Marie de l’Incarnation et de Saint François Montmorency de Laval. Le pape François a signé un décret validant la canonisation des deux missionnaires français.


Un troisième missionnaire, le jésuite José de Anchieta, un prêtre des îles Canaries, en Espagne, a également été canonisé.


L’archevêque de Québec et nouveau cardinal Gérald Cyprien Lacroix a salué ces annonces.


«Leur vie est certainement un encouragement pour nous aujourd’hui, qui avons à oeuvrer à la nouvelle évangélisation et nous engager dans la construction d’un monde plus humain», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à l’archevêché de Québec.


Le premier ministre Stephen Harper s’est lui aussi réjoui de la canonisation de deux importants personnages historiques du pays.


«Il est tout à fait approprié que cette reconnaissance soit accordée à deux Canadiens exceptionnels qui ont été les piliers des débuts de l’Église au Canada et qui personnifiaient la foi et la piété, a-t-il soutenu dans un communiqué.


«Il s’agit d’un grand honneur pour le Canada et d’un jour merveilleux pour les catholiques.»


Marie de l’Incarnation et François Montmorency de Laval, tous deux enterrés à Québec, ont participé activement à l’évangélisation en Amérique du Nord.


Marie de l’Incarnation est née à Tours, en France, en 1599. Elle s’appelait alors Marie Guyart. Mariée à 17 ans avec Claude Martin, un jeune commerçant âgé de 18 ans, elle aura un enfant trois ans plus tard mais son époux mourra rapidement d’une grippe. Elle ne se remariera pas.


En mars 1620, la jeune veuve a une première vision mystique qui la marquera. En 1631, elle entre au couvent des ursulines, abandonnant ainsi son fils à une congrégation de religieux. Huit ans plus tard, elle quitte la France et débarque à Québec avec trois autres ursulines et, dès leur arrivée, les religieuses reçoivent les filles des colons et des Amérindiens pour leur donner une éducation.


Après quelques années, le premier couvent des ursulines en pierres est érigé sur le site du couvent actuel.


Marie de l’Incarnation passera le reste de ses jours en cloître où, par correspondance, elle obtient du financement pour maintenir les activités de la congrégation et, à l’intérieur, elle enseigne, cuisine, conseille et gère le couvent jusqu’à sa mort en 1672.


«Il y a 375 ans, Marie Guyart de l’Incarnation fondait le monastère des Ursulines de Québec et ouvrait la première école pour fille en Amérique du Nord. C’est avec une immense joie et dans l’action de grâce que les Ursulines de l’Union canadienne accueillent cette belle nouvelle longuement espérée», a souligné la soeur Louise Gosselin, supérieure générale des Ursulines de l’Union canadienne.


Pour sa part, Mgr François Montmorency de Laval, premier évêque de la province de Québec et fondateur du séminaire de la ville, est né à Montigny-sur-Avre, en 1623, dans une famille de la haute noblesse. Ordonné prêtre en 1647 à l’âge de 24 ans, puis évêque en 1658, il est envoyé en Nouvelle-France par le roi Louis XIV à la demande des jésuites en 1659.


À peine débarqué, il constate que l’alcool, importé par les Français et échangés contre des fourrures cause des ravages chez les Amérindiens et s’interpose avec force contre cette pratique, une lutte difficile contre les marchands, les notables et même certains gouverneurs qui durera 20 ans, soit jusqu’à ce que Louis XIV interdise la vente de boisson aux Indiens.


Mgr de Laval travaille avant tout à l’organisation de la vie religieuse et à la construction d’écoles dans un immense diocèse qui s’étend de Québec à l’Acadie et jusqu’à la Louisiane alors française.


Durant les dernières années de sa vie, l’évêque de Québec était devenu handicapé à la suite de tournées missionnaires à pied, sans argent, mendiant son pain et cachant son nom. Il visite et soigne les malades de l’Hôtel-Dieu de Québec et dort sur une paillasse posée sur des planches dans une minuscule chambre du Séminaire.


À sa mort en 1708, Mgr de Laval n’avait plus rien, ayant donné toutes ses possessions aux pauvres.


Les trois nouveaux saints avaient été béatifiés par le pape Jean-Paul II le 22 juin 1980.


Les autres saints canadiens sont Marguerite Bourgeoys (1982), Marguerite d’Youville (1990), frère André (2010) et Kateri Tekakwitha (2012).



Pierre Saint-Arnaud
La Presse Canadienne


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